Rome: Le secrétaire de la Congrégation pour la doctrine de la foi dénonce le Da Vinci Code Diffamations contre l’Eglise

Rome, 18 mai 2006 (Apic) Derrière le «Da Vinci Code», il y a une stratégie de «véritable diffamation contre l’Eglise», affirme Mgr Angelo Amato. Le secrétaire de la Congrégation romaine pour la doctrine de la foi a, une nouvelle fois, dénoncé sur les ondes de Radio Vatican le film de Ron Howard tiré du best-seller de Dan Brown, présenté mercredi en ouverture du festival international du film de Cannes.

Selon Mgr Amato, si on s’en prend à l’Eglise, c’est qu’elle est «la seule en réalité à défendre les valeurs comme la vie et la famille» et la seule à faire entendre sa voix sur des thèmes d’éthique sexuelle et de bioéthique. «C’est un fait qu’aujourd’hui, on peut impunément médire sur le pape, comme on le fait en Allemagne avec un dessin animé satirique», a-t-il déclaré en allusion au dessin animé «Popetown».

«Popetown» caricature dans un Vatican imaginaire un pape fou, trafiquant d’enfants, et un cardinal criminel. La justice allemande a donné l’autorisation de le diffuser, malgré la plainte déposée par la Conférence épiscopale allemande. Mgr Amato estime par ailleurs que l’on ne peut pas falsifier impunément l’histoire du christianisme.

Le «numéro 2» de la Congrégation pour la doctrine de la foi a expliqué que son administration ne prendrait aucune mesure contre le roman à succès. «Le livre à mon avis ne mérite pas tant». En revanche, les Eglises et les communautés chrétiennes devraient parler «plus fort» pour défendre leur foi, a conclu Mgr Amato. Mgr Angelo Amato avait déjà appelé au boycott du film tiré du roman à succès «Da Vinci Code», le trouvant «plein de calomnies, d’offenses, et d’erreurs historiques et théologiques». Les réactions de la part de hautes personnalités du Saint-Siège se sont ensuite multipliées.

De multiples liens de réflexion partout dans le monde

Notons que le site internet de la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC) offre une série de liens pour la réflexion sur le «Code Da Vinci». (Cf. www.cccb.ca), de même que, entre autres, ceux de l’Assemblée des évêques catholiques du Québec (www.eveques.qc.ca), de la Conférence des évêques de France (www.cef.fr) et de Belgique (www.catho.be). Ainsi, l’Eglise catholique de Belgique déclare ne pas craindre tant le film que le manque de culture religieuse.

Le «Code Da Vinci», pour les évêques belges, est une fiction et doit être considéré comme telle. «Cependant, les fictions influencent les mentalités. Il est donc utile de rappeler que ce récit ne repose sur aucun fondement historique sérieux. Nous espérons que la sortie de ce film donne à beaucoup l’envie de davantage s’informer sur l’histoire du christianisme».

Pour les prélats belges, ce n’est pas le film qu’il faut craindre, car le défi est «le manque de culture religieuse de tant de nos contemporains, y compris catholiques. Heureusement, les moyens de s’informer et de se former sur le christianisme n’ont jamais été aussi nombreux. Ils sont accessibles à quiconque».

Que penser du livre Da Vinci Code?

Les évêques du Québec, où le film de Dan Brown sera en salle le 19 mai, offrent un petit dossier sur le livre du même nom «Da Vinci Code» paru en français chez J.-C. Lattès en 2004. Ce roman de l’auteur Dan Brown a connu un immense succès partout dans le monde. Mais c’est un roman dont l’intrigue se déroule à partir de faits qu’il considère historiques. Des spécialistes de la Bible et des écrits apocryphes (écrits non reconnus par l’Eglise dans la liste officielle des Livres bibliques) ont réagi pour faire la vérité sur le christianisme et, en particulier, sur Jésus et Marie-Madeleine.

Ils présentent quelques textes et références utiles pour faciliter la compréhension de l’ouvrage et tenter de faire la part de la vérité. Ainsi un entretien avec Anne Pasquier, théologienne de l’Université Laval et spécialiste de Nag Hammadi et des écrits apocryphes, ou le «Da Vinci Code expliqué à ses lecteurs» par Bernard Sesboüé. Le jésuite et théologien se penche sur le «Code Da Vinci» afin d’éclaircir les «révélations» du livre. Les évêques du Québec citent aussi «Et vous, qui dites-vous que je suis?» – Annoncer Jésus-Christ après le tsunami Da Vinci, par Bertrand Ouellet, directeur général de Communications et Société.

Le site des évêques québécois mentionne encore de nombreux ouvrages, comme «Décoder da Vinci Code. Etude scientifique et théologique du roman de Dan Brown», par Jean-Michel Maldamé, dominicain, docteur en théologie et membre de l’Académie pontificale des Sciences.

Un autre ouvrage, «Code Da Vinci: l’enquête», par Marie-France Etchegoin et Frédéric Lenoir, montre que pour étayer sa thèse, Dan Brown utilise de nombreuses références symboliques, religieuses, artistiques, historiques, qui «sonnent» vrai. Qu’en est-il exactement? Une journaliste et un spécialiste des religions mènent une enquête historique en fréquentant tous les lieux où se déroule le roman. Ils ont retrouvé les protagonistes cachés de cette incroyable histoire et mettent au jour les sources véritables du «Da Vinci Code». qui montrent combien la réalité dépasse parfois la fiction.

Un roman d’inspiration ésotérique

Au fil de son roman – d’inspiration ésotérique – Dan Brown revisite à sa façon l’histoire des religions, de l’art et de la symbolique, de l’Antiquité à nos jours, écrit de son côté la Conférence des évêques de France (CEF). En particulier, il donne sa propre interprétation de la foi chrétienne et sa vision personnelle de l’Eglise. Pour accréditer ses propos, Dan Brown a subtilement mélangé histoire et fiction.

Dans son dossier (Cf. www.cef.fr), la CEF oriente vers les réponses aux nombreuses questions soulevées par le «Da Vinci Code». Pour le cardinal Poupard, «ministre de la culture» du pape, c’est l’ignorance religieuse qui a permis au roman «Da Vinci Code» de devenir un succès planétaire. Président du Conseil pontifical pour la culture, il souligne que la nouveauté du phénomène réside aussi dans le fait que ces oeuvres littéraires tendent à se transformer en produits multimédias. «Ainsi un roman ou une saga deviennent rapidement un film produisant des bénéfices énormes, face auxquels il semble que soient oubliées les règles les plus élémentaires du bon sens, du respect et de la déontologie professionnelle».

Toute une série d’évêques français ont réagi, ainsi Mgr Joseph Doré, archevêque de Strasbourg:  » .il se trouve que le roman de Dan Brown, sous prétexte de fiction historique, répand sur la personne du Christ et sur ses disciples un certain nombre d’interprétations fausses et calomnieuses». La Conférence des évêques des Etats-Unis (USCCB) présente elle aussi son dossier sous le titre de: «Jesus decoded».

Les musulmans aux côtés des militants chrétiens

On trouve également «La vérité dévoilée sur le Da Vinci Code» sur le site www.davinci-codex.com, un site à l’initiative de jeunes du diocèse de Paris, actualisé quotidiennement, qui s’adresse aux lecteurs et spectateurs, mais aussi aux chrétiens déroutés et à tous ceux qui veulent en savoir plus.

Pendant ce temps, les protestations de militants chrétiens – et musulmans! – se poursuivent dans divers pays d’Asie. A Séoul, New Delhi et Moscou, des voix s’élèvent contre les auteurs du «Code Da Vinci», un film considéré comme insultant non seulement par les milieux chrétiens, mais également par les musulmans, parce qu’il s’en prend au «Christ, prophète de l’islam». En Inde, les musulmans ont promis d’appuyer les chrétiens dans leurs protestations, a confirmé le secrétaire de la «Jamiyat-ul-Ulema», Maluana Mansur Ali Khan, car le Coran reconnaît Jésus comme un prophète. «Ce qui est dit dans le livre de Dan Brown est une insulte aussi bien pour les chrétiens que pour les musulmans». (apic/imedia/com/be)

18 mai 2006 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 5  min.
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