France: Près de 3’600 conversions à l’islam chaque année, selon «La Croix»

Les années «soufisme» ont cédé le pas au salafisme radical

Paris, 25 août 2006 (Apic) Le phénomène des conversions à l’islam toucherait 3’600 personnes par an en France. A côté d’une séduction intellectuelle et spirituelle, c’est dans les banlieues que ces conversions sont les plus fréquentes. Ces éléments ressortent d’une étude publiée le 25 août par le quotidien catholique français «La Croix» et signé de Pierre Schmidt.

Combien sont-ils aujourd’hui en France à s’être convertis à l’islam? Difficile à dire, mais des chiffres circulent. Evaluation basse: 30’000. Haute: 70’000. «Il y a toujours eu des conversions à l’islam, rappelle à «La Croix» Didier Leschi, chef du bureau des cultes au ministère de l’intérieur. Ce qui change aujourd’hui, c’est le type de mouvements vers lequel les jeunes convertis se dirigent.»

La vague «soufiste» de René Guénon

Il y a vingt ans, souligne le quotidien catholique, la grosse majorité des convertis français issus de la culture judéo-chrétienne passaient par le soufisme, au terme d’une quête spirituelle dans le sillage notamment d’un René Guénon, qui a joué un rôle spirituel très important dans les conversions à l’islam après-guerre.

Aujourd’hui, les convertis découvrent de plus en plus l’islam dans le cadre d’une proximité vécue avec celui des banlieues. Et un nombre croissant opte pour un islam radical, notamment via le salafisme, précise Didier Leschi. «Jeunes en rupture familiale, en conflit générationnel avec leurs parents, ils n’ont pas la valeur «familialiste» que les grandes organisations prônent, et n’ont pas la même rigueur dans la pratique», souligne encore le responsable du bureau des cultes.

Quatre types de convertis

Loïc Le Pape, doctorant à l’Ecole des hautes études en sciences sociales de Marseille, a étudié certains cas de conversions à l’islam, sur les secteurs de Strasbourg et Marseille. Il distingue quatre types de convertis aujourd’hui: «Un tiers sont des convertis mystiques à l’issue d’une quête spirituelle, un tiers le sont par proximité avec des musulmans, notamment dans les banlieues, et un autre tiers sont des convertis par le mariage avec un conjoint musulman», constate-t-il dans «La Croix». «Il reste un quatrième type de conversion, radicale, touchant une population jeune qui en d’autres temps se serait engagée dans la bande à Baader», souligne Loïc Le Pape.

Quatre sportifs de haut niveau convertis

Le quotidien «La Croix» illustre le thème des conversions en présentant quatre sportifs de haut niveau qui ont opté pour l’islam:

– Franck Ribéry, âgé de 23 ans, footballeur professionnel de l’Olympique de Marseille et membre de l’équipe de France. Il s’est converti durant son adolescence et prie sur les terrains avant les matchs. «Cette religion, c’est moi qui l’ai choisie. C’est aussi elle qui me donne de la force», a-t-il expliqué en juin dans Paris Match.

– Nicolas Anelka, âgé de 27 ans, footballeur à Fenerbahçe, en Turquie. Il se serait converti vers 16 ans, alors qu’il était stagiaire au PSG. Il affirme vivre sa religion «sereinement, sans prosélytisme».

– Philippe Troussier, 51 ans, ex-footballeur et ex-entraîneur du Nigeria et de l’Olympique de Marseille. Il vit au Maroc depuis une dizaine d’années, et s’est converti au printemps, avec sa femme.

– Tariq Abdul-Wahad (ex-Olivier Saint-Jean), le premier Français à avoir joué au basket en NBA. Il s’est converti en 1997, aux Etats-Unis, où il a rencontré un musulman dont la force de caractère et la générosité l’ont poussé à vouloir en savoir plus. (apic/lacroix/bb)

25 août 2006 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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