Fribourg: Parution de l’ouvrage «Hauterive, vivre au monastère», illustré par Paul Joos
Des photos qui «font durer les instants perdus»
Bernard Bovigny, agence Apic
Fribourg, 28 septembre 2006 (Apic) «La photo fait durer les instants perdus, à l’image de la prière du monastère». C’est ainsi que le Père Abbé d’Hauterive, don Mauro -Giuseppe Lepori, a présenté l’ouvrage sur son monastère paru le 28 septembre. Ce livre, qui compte 8 auteurs pour ce qui touche le texte, est basé sur les photos prises durant 15 séjours à Hauterive par le photographe amateur Paul Joos.
Le projet de cet ouvrage sur la communauté cistercienne d’Hauterive, près de Fribourg, a germé durant quatre ans. Et même davantage si l’on compte les neuf mois d’attente qui ont suivi l’offre de Paul Joos, lors d’un bref séjour en mai 2002, de prendre sur le vif les moines dans l’exercice de leurs tâches quotidiennes et d’en faire un livre. «Nous recevons chaque année plusieurs requêtes de ce genre, d’où notre réticence à les accepter», a expliqué devant la presse et les invités au vernissage Dom Mauro. Le photographe amateur, alors jeune retraité, relance sa proposition sept mois plus tard, en y joignant un cliché des environs du couvent pris depuis l’intérieur. L’image plaît au Père Abbé, qui donne une réponse positive. «Homme impatient, j’ai dû vivre une expérience de patience, dont je suis très reconnaissant envers Dom Mauro», a affirmé Paul Joos, en présentant son ouvrage.
Le feu vert obtenu, débute alors une période d’apprivoisement mutuel. «J’ai dû d’abord apprendre à participer à la vie monastique sans perturber les habitants du lieu, et en respectant la paix et le silence des lieux», souligne le jeune retraité. Cette «figure mince et discrète qui a su nous prendre en photo sans nous agacer», comme le décrit dom Mauro, a passé quinze séjours, parfois d’une semaine, à l’abbaye d’Hauterive pour rassembler une collection d’images suffisante en vue de la parution d’un livre.
«Quand le travail s’effectue dans la clôture – la partie fermée du couvent – il est inévitable de se sentir comme un élément dérangeant ou trop curieux. Il était très important de travailler avec respect, parfois de renoncer à une image potentiellement bonne si le dérangement causé par cette prise de vue était trop important», souligne Paul Joos en présentant son livre. «Ce respect concernait également le choix de ne jamais travailler au flash. Si la luminosité était insuffisante, je travaillais avec un statique à un pied. L’effet positif est que les mouvements apparaissaient également sur l’image».
Hauterive, une symbiose de l’art et de la prière
De ces rencontres naîtra quatre ans plus tard un double ouvrage, en français et en allemand, dans lequel neuf auteurs complètent les photos de Paul Joos en décrivant leur approche de la vie monastique d’Hauterive. Le conseiller national Dominique de Buman, président de l’Association des Amis d’Hauterive, décrit le monastère comme «une symbiose de l’art et de la prière». Le Père Jean-Marie Lussi explique son expérience spirituelle de moine, et celle des hôtes, dans cette abbaye de «Haute Rive». Le Père prieur Henri-Marie Couette évoque certains éléments de la vie de la communauté et de sa mission de pôle de rayonnement. Le Père Abbé Mauro-Giuseppe Lepori explique le sens de cet «espace superflu» qu’est le cloître, en opposition à tous les lieux «utiles» du monastère. Il commente également dans une autre contribution la devise bénédictine «Ora et labora – Prie et travaille!». L’histoire et la spiritualité de l’Ordre cistercien font l’objet d’un texte du Père Albéric Martin Altermatt.
Enfin, l’historienne de l’art Catherine Waeber, le docteur Thierry Carrel et Barbara Monteiro décrivent leur expérience d’approche du monastère d’Hauterive. BB
Encadré
Une retraite consacrée à la photo noir-blanc
Agé de 62 ans, Paul Joos réside à Wil dans le canton de St-Gall. Au cours d’un séminaire de deux semaines sur la photographie noir-blanc, en 2000 dans le Maine (Etats-Unis), il s’enthousiasme pour cet art, qui devient sa principale occupation depuis sa retraite, en 2002. Il a installé chez lui un laboratoire photographique dans lequel il a développé sur papier baryté tous les clichés pris à Hauterive. BB
Encadré:
Le dernier ouvrage d’Anton Scherer
«Leben im Kloster Hauterive» est le dernier ouvrage paru aux Editions St-Paul (Paulus Verlag) sous la direction d’Anton Scherer. Ce dernier quitte son poste fin octobre après 22 ans. «Je n’ai pas hésité longtemps lorsque Paul Joos m’a abordé avec son projet. Ce livre, qui touche un sujet religieux et régional, correspond parfaitement à la mission des Editions St-Paul», a lancé Anton Scherer lors du vernissage. L’abbaye d’Hauterive, fondée en 1138, «tient une place particulière dans le coeur des Fribourgeois», a-t-il souligné. BB
Encadré:
Trois questions au Père Mauro-Giuseppe Lepori, Abbé d’Hauterive
Apic: La parution de ce livre correspond-elle à une volonté de créer de passerelles entre la communauté d’Hauterive et le monde extérieur?
Père Mauro: Mais nous sommes toujours animés de cette volonté. La difficulté est de trouver des bonnes passerelles. Ce livre respecte totalement la vie de la communauté.
Apic: Assistez-vous à un regain d’intérêt pour la vie monastique?
Père Mauro: Certainement. Mais il y a quelques années, cet intérêt était plutôt bizarre. Il touchait surtout notre forme de vie mystérieuse. Il se situait un peu dans la mouvance du New-Age. Maintenant, cet intérêt est beaucoup plus sain, se porte davantage sur la vie religieuse, la liturgie, l’eucharistie, .
Ceux qui viennent à la Nuit de Pâques, par exemple, restent durant toute la cérémonie et y participent avec ferveur. Autrefois, nous assistions à un constant va-et-vient.
Autre signe: le nombre de personnes qui demandent une assistance spirituelle ou un temps de retraite chez nous est en augmentation.
Apic: Ce regain d’intérêt est-il le contrepoids d’une société marquée par l’urgence, l’argent et la réussite?
Père Mauro: Il est vrai que beaucoup de nos contemporains n’ont plus de points de repère. Cette référence au monastère représente pour eux une sorte d’ancrage dans leur vie. Parfois désorientés, ils viennent chez nous pour trouver un sens à leur vie. BB
Encadré:
Une communauté restée jeune
La communauté cistercienne d’Hauterive compte actuellement 22 moines issus de Suisse allemande, romande et italienne, ainsi que de France et de Belgique. Un tiers d’entre eux sont âgés de 36 ans ou moins. Le 59e Père Abbé de la communauté est le Tessinois Mauro-Giuseppe Lepori. Elu par ses pairs en 1994, il est âgé de 47 ans.
La première abbaye cistercienne a été fondée en 1098 à Cîteaux en Bourgogne par l’Abbé Robert et 21 Frères de l’Abbaye bénédictine de Molesme. C’est sous l’impulsion de Bernard de Clairveau que l’Ordre connaîtra son âge d’or, en s’étendant sur toute l’Europe. A sa mort, en 1153, on dénombre 344 abbayes cisterciennes. Aujourd’hui, l’Ordre compte environ 92 abbayes de moines et 60 abbayes de moniales.
La fondation de l’Abbaye d’Hauterive remonte à 1138, avec la consécration de son église. Le fondateur est Guillaume de Glâne, mort en 1142, dont la tombe se trouve à proximité de l’autel. Le gouvernement fribourgeois dissout l’abbaye en 1848 et utilise ses bâtiments comme école agricole en 1850, puis comme Ecole normale, pour la formation des enseignants primaires, de 1859 à 1940. Des moines de Mehrerau, à Bregenz, y reprennent les activités de la vie cistercienne en 1939, et Hauterive reprend de plein droit son statut d’abbaye en 1973. BB
Pratique: – «Hauterive – Vivre au monastère», Ed. La Sarine, Photos de Paul Joos – 128 pages – 104 photos n/b – format 27,6 X 23,6cm – 44 francs / 29 euros.
– Version allemande: «Leben im Kloster Hauterive», Paulusverlag.
Note: Des images de presse peuvent être téléchargées à partir du site internet www.paulusedition.ch/catalog/new_books_paulus.php
(apic/bb)