Le Père Tritz scolarise les enfants philippins livrés à eux-mêmes
Philippines: Le Père des enfants des bidonvilles fait Officier de la Légion d’honneur
Manille, 8 février 2007 (Apic) La Croix d’Officier de la Légion d’Honneur, haute distinction française, a été remise au Père jésuite d’origine lorraine Pierre Tritz, 93 ans, «pour son oeuvre de scolarisation des enfants défavorisés et pour son implication dans la lutte contre la pauvreté dans le Tiers Monde».
L’ambassadeur de France aux Philippines, Gérard Chesnel, a remis le 31 janvier à Manille, au nom du Président de la République française, la Croix d’Officier de la Légion d’Honneur au Père Tritz. L’association Raoul Follereau, qui compte parmi les mécènes d’ ERDA, la Fondation créée par le Père Tritz, se réjouit de cette distinction, rapporte un communiqué de sa branche suisse basée à Lausanne.
Le créateur de la fondation ERDA pour l’éducation aux Philippines, né en 1914, a consacré une grande partie de sa vie à son combat en faveur de l’enfance défavorisée. On le surnomme «le père des enfants des bidonvilles de Manille». En décembre 1993, le jésuite a reçu le Prix Albert Schweitzer, la même année qu’il recevait l’Ordre National du Mérite. En 1996, il était fait Chevalier de la Légion d’Honneur. Le 31 janvier 2007, c’est la Croix d’Officier de la Légion d’Honneur française qui lui a été remise pour son oeuvre de scolarisation des enfants des rues.
En 1974, le Père Tritz fonde ERDA (Educational Research and Development Assistance). Pour cet ancien missionnaire en Chine, c’est le départ d’une nouvelle aventure humaine aux Philippines.
Permettre le retour en classe d’élèves privés d’école, à cause de la très grande pauvreté de leurs parents, incapables d’acheter les fournitures scolaires, uniformes obligatoires, livres et autres affaires nécessaires à une scolarité ordinaire. Mais «sans métier, comment ces enfants devenus adultes pourront-ils gagner correctement leur vie ?» Ce sera la construction et l’ouverture en 1994 d’ERDA TECH, un lycée professionnel pour la scolarisation des enfants de familles pauvres. Ce lycée a été construit grâce à une aide de la Fédération Follereau du Luxembourg et d’autres mécènes.
60% d’abandons scolaires dans les bidonvilles de Manille
Après l’intervention d’ERDA, le taux d’abandon scolaire qui, sans aide et soutien extrascolaire, est de 60 % environ dans ces milieux très pauvres, tombe à 2 % seulement. L’oeuvre du jésuite s’inscrit dans les objectifs du Millénium de l’ONU: réduire la pauvreté de moitié d’ici 2015. Arracher les enfants à la rue, à la mendicité, à la prostitution, au vol, c’est bien, a-t-il coutume de dire. Les maintenir à l’école, c’est mieux.
Aujourd’hui, en 2007, son oeuvre scolarise près de 33’000 enfants philippins. Entre temps, il a imaginé et mis en place une dizaine de programmes, avec une rare intelligence du terrain et un bouillonnement de générosité qui a su emporter les résistances les plus tenaces, rappelle l’association Raoul Follereau. Ainsi le Père Tritz a créé des écoles maternelles dépouillées de tout luxe inutile. «Il ne sert à rien de construire des palais dans les bidonvilles», a-t-il souvent répété souvent lors des ses conférences. Un deuxième programme de formation pour les enfants chiffonniers de la Montagne Fumante (la montagne de déchets à ciel ouvert de Manille), a suivi, puis d’autres.
«Son élévation au grade d’Officier de la Légion d’Honneur rejaillit sur toute son oeuvre et cet honneur, il le partage avec reconnaissance avec toutes les associations qui relaient son message en France en Suisse et ailleurs en Europe», déclare le communiqué de l’Association Raoul Follereau.
En Suisse, le Père Tritz peut compter sur le soutien de l’Association suisse Raoul Follereau, sur l’organisation de Willy Randin «Nouvelle Planète» et sur les jeunes de l’association «SOS Enfants de Manille» animée notamment par le jeune photographe fribourgeois Charly Rappo. www/enfants-de-manille.net VB
Encadré
De la Chine aux Philippines
Né en 1914 dans une Lorraine alors sous domination allemande, le Père Tritz est entré en 1933 chez les jésuites à Florennes (Belgique), «à condition que l’on m’envoie en Chine!». Condition acceptée, puisque qu’il vivra dans l’Empire du Milieu de 1936 à 1948. Il a notamment suivi à Shanghai les cours de théologie à Zikawei, à l’ombre de la cathédrale, «sur le même banc que Mgr Aloysius Jin Luxian», devenu évêque ’patriotique’ de Shanghai. Il a également enseigné à l’Université de Tien-Tsin et rencontré le célèbre Père Vincent Lebbe. En 1950, ne pouvant rentrer en Chine après un séjour de 2 ans en France, il sera envoyé par la Compagnie de Jésus à Manille, aux Philippines, sa nouvelle patrie, dont il a la citoyenneté. (apic/com/be/vb)