Nouveau type de discours, mais anciens objectifs

Vietnam: Parution d’un Livre blanc sur la religion

Hanoi, 18 février 2007 (Apic) Après la visite du Premier ministre vietnamien Nguyên Tân Dung au pape Benoît XVI au Vatican, le 25 janvier dernier, le gouvernement vietnamien vient de prendre une nouvelle initiative dans le domaine religieux. Il publie à Hanoi un Livre blanc sur «la religion et la politique religieuse du Vietnam». Officiellement, les pratiquants religieux sont plus de 20 millions dans le pays, sur une population dépassant les 80 millions d’habitants.

Forte de près de 90 pages, cette publication a été annoncée au début février par l’adjoint au directeur des Affaires religieuses, Nguyên Thê Doanh. Au cours d’une conférence de presse hebdomadaire présidée par le porte-parole des Affaires étrangères, Lê Dung, le fonctionnaire aux Affaires religieuses a souligné que ce livre était publié à l’intention des Vietnamiens du pays et de la diaspora. Il est également adressé à l’intention de l’opinion internationale pour mieux faire comprendre la situation religieuse au Vietnam et la politique mise en oeuvre par les autorités.

«Une nette progression dans la liberté religieuse a été notée ces derniers temps au Vietnam», a estimé Nguyên Thê Doanh. «Pratiquer une religion est un vrai besoin pour une partie de la population», a-t-il souligné.

L’application de la politique religieuse laisse encore à désirer par endroits

Le porte-parole gouvernemental a reconnu à cette occasion «qu’en raison du niveau différent de développement entre les régions et de la prise de conscience insuffisante d’un certain nombre de cadres dans quelques localités, l’application de la politique religieuse, par endroits et par moments, laissait encore à désirer». Pour remédier à ces lacunes, a-t-il ajouté, le Bureau gouvernemental des Affaires religieuses a organisé pour les cadres locaux des «milliers de cours de recyclage» et distribué des «milliers de documents».

Après avoir donné un certain nombre de statistiques officielles sur les religions, Nguyên Thê Doanh a annoncé que deux nouvelles religions allaient s’ajouter à la liste des six religions déjà reconnues par l’Etat, à savoir le bouddhisme, le protestantisme, le catholicisme, le caodaïsme, le bouddhisme hoa hao et l’islam.

Ces deux religions – «tinh dô cu si» et «tu ân hiêu nghia» – regroupent au total deux millions de fidèles. La première nommée, «tu ân hiêu nghia», a vu le jour il y a 139 ans dans la région de Châu Dôc. Elle fut fondée et propagée par un lettré nommé Ngô Tu Loi, ayant participé au mouvement de résistance contre les Français, appelé «Cân Vuong» (’soutien du roi’). Elle a aujourd’hui 780’000 fidèles, dans quatorze provinces et villes du Sud. La seconde, dont l’appellation est «tinh dô cu si phât hôi» (’association bouddhiste des oblats de la Terre pure’), fondée en 1934 par Duc Tông Su Minh Tri, est elle aussi présente dans le Sud, où elle possède plus de deux cents lieux de culte, fréquentés par 1’200 000 fidèles.

Le Livre blanc sur la religion et la politique religieuse est sans doute un livre important, ne serait-ce que parce qu’il est le premier du genre, note «Eglises d’Asie», l’agence d’information des Missions Etrangères de Paris. Les nombreux documents sur la religion parus auparavant se consacraient soit à détailler la stratégie de l’Etat à l’égard des religions, soit à énoncer des dispositions législatives en rapport avec la pratique et la croyance religieuses. Le Livre blanc, surtout dans son premier chapitre qui contient un historique de chacune des religions reconnues, veut se présenter comme un livre d’histoire et de description objective des religions.

Mais, note «Eglises d’Asie», les arrière-pensées politiques de ses auteurs ne leur permettent pas de réaliser cette ambition. «Le second chapitre, consacré à la politique religieuse de l’Etat, et le troisième, consacré aux relations des Eglises avec l’étranger, font apparaître avec plus de clarté les véritables intentions de l’Etat vietnamien dans le domaine religieux».

Le Livre blanc présente aussi le décret-loi sur les religions datant de juin 1984 et l’arrêté gouvernemental sur l’application de ce texte, promulgué en mars 2005. «Il s’agit de la preuve que l’Etat vietnamien respecte totalement la liberté religieuse, tout en accomplissant une réforme administrative de fond dans la gestion des organisations religieuses. L’Etat vietnamien n’intervient pas dans leurs affaires intérieures, sauf lorsque celles-ci constituent une menace pour la sécurité nationale», note le très officiel «Courrier du Vietnam», édité par l’Agence vietnamienne d’information (AVI). JB/EDA

Encadré

Les Vietnamiens, comme les Chinois, sont entrés dans l’année du cochon

L’Eglise catholique, comme les autres grandes religions, a intégré dans sa liturgie les rites et la signification des fêtes traditionnelles du Nouvel An. Au Nord et au Sud, les Vietnamiens sont entrés dans la nouvelle année «Dinh Hoi» (année du cochon), un jour avant la Chine, le 17 février. Certes, il s’agit principalement d’une célébration familiale autour de l’autel des ancêtres et entre les membres vivants, proches ou lointains, du «Hô» (’grande famille’). Mais, cependant, aucune des grandes religions pratiquées au Vietnam n’est restée insensible à ce qui est aujourd’hui, et plus que jamais, la plus grande fête annuelle du Vietnam. En effet, en dehors de l’accomplissement des rites domestiques, ces jours-là, les Vietnamiens de toute religion ne manquent pas de fréquenter leurs lieux de culte respectif, pagodes, églises, temples, sanctuaires de toutes obédiences.

Dans le quartier Tân Dinh, à Hô Chi Minh-Ville, l’ancienne Saigon, l’église de Tân Dinh, qui attire beaucoup de monde pour les fêtes de Noël, accueille aussi beaucoup de fidèles pour la messe de minuit qui marque la fin de l’année du chien et le début de la nouvelle année du cochon. Un peu partout, dans tous les diocèses du Vietnam, les catholiques se réunissent à l’église pour y célébrer une messe spécialement prévue pour le nouvel an lunaire, le «Têt Nguyen Dan». (apic/dia/be)

18 février 2007 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 4  min.
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