Mettre un terme aux violences, à l’impunité et aux injustices
Guatemala: Le prix Nobel Rigoberta Menchu candidate à la présidentielle, en septembre
Guatemala Ciudad, 22 février 2007 (Apic) Le prix Nobel de la Paix 1992, Rigoberta Menchu, a annoncé mercredi sa candidate à l’élection présidentielle, sur la liste d’un parti de centre-gauche, prévue en septembre au Guatemala. «C’est un début, c’est un oui (à la candidature présidentielle). Ensuite viendront les négociations sur le terrain», a déclaré au cours d’une conférence de presse Rigoberta Menchu qui représentera le parti Rencontre pour le Guatemala.
Rigoberta Menchu, qui lutte depuis des années pour une meilleure représentativité de la majorité indienne en politique, actuellement marginalisée, avait annoncé qu’elle se porterait candidate à l’élection présidentielle.
Les Indiens du Guatemala –60% des 12,2 millions d’habitants– vivent dans la pauvreté. Rigoberta Menchu, 47 ans, membre de l’ethnie maya des Quichés, avait été récompensée du prix Nobel «en reconnaissance de son travail pour la justice sociale et la réconciliation ethno-culturelle fondées sur le respect pour les droits des peuples autochtones».
«Tôt au tard, nous indigènes gouvernerons le Guatemala car le pays nous appartient», avait dit il y a quelques semaines le prix Nobel de la Paix, Rigoberta Menchú, en annonçant l’imminente naissance d’un parti politique indigène, qui, sur les traces du président bolivien Evo Morales, portera selon elle les autochtones à la présidence. «Au Guatemala, a commenté Rigoberta Menchú, cette maladie de l’esprit qui s’appelle racisme persiste encore», malgré les accords de paix qui, en 1996, mirent fin à 36 ans de guerre civile, dans laquelle 200’000 personnes ont perdu la vie, en majorité des indigènes mayas.
Après près de 40 ans de guerre civile, les violences sont plus que jamais une menace pour le pays. Les enquêtes judiciaires sur les violations des droits de l’homme sont marquées par des «méthodes systématiques» de dissimulation de preuves et des menaces à l’encontre des juges et avocats, affirmait à Genève Maria Estela Lopez, venue présenter un rapport. Elle avait notamment enquêté sur le massacre de Xaman du 5 octobre 1995, ou 26 soldats en patrouille ont tué 11 rapatriés indiens, dont des enfants et des vieillards. Pour les observateurs, la signature d’un accord de paix fin 1996 n’a donné jusqu’ici que des «résultats minimes».
La responsabilité de l’Etat, laxiste
Le pays, font-il remarquer, reste marqué par la violence qu’a exacerbé le conflit armé. Mais plus largement encore, il subit une violence dont l’Etat porte une lourde responsabilité.
Mgr Alvaro Ramazzini, évêque de San Marcos, au Guatemala, dressait à ce propos une série de constats: «Dans le Guatemala d’aujourd’hui, la Justice est administrée de manière inefficace, à cause de la corruption et du manque de volonté d’élucider les crimes politiques. Des juges qui veulent bien faire leur travail sont menacés et harcelés. La police, l’armée, et même la Cour suprême ne collaborent pas franchement avec la Commission de la Vérité. Les biens de la collectivité sont privatisés, ce qui accroît le chômage. A la campagne, c’est l’injustice et l’exploitation qui restent le sort quotidien des travailleurs».
Au Guatemala, 26 langues sont officiellement reconnues. Or, seul l’espagnol est enseigné à l’école. Sur 5,8 millions d’enfants mineurs, 58% seulement fréquentent l’école primaire. Pire: sur 100 garçons qui entament les études primaires, 50 seulement arrivent en 4e année et 8 terminent leur cycle primaire. Quant aux filles, leur accès à l’école est beaucoup plus compromis. (apic/ag/arch/pr)