Le débat sur les écoles est rouvert en Angleterre

Londres: Les anglicans s’engagent davantage dans les écoles chrétiennes

Londres, 26 février 2007 (Apic) L’Eglise anglicane d’Angleterre veut développer son réseau d’écoles privées chrétiennes. Selon les informations du quotidien britannique «Sunday Telegraph», le synode général de l’Eglise anglicane, qui a débuté ses travaux lundi 26 février 2007, doit accepter la création d’environ 100’000 places de plus dans quelques 100 écoles secondaires privées durant les 4 prochaines années.

Ainsi, en 2011, un Anglais sur dix devrait fréquenter une école chrétienne. Jusqu’à maintenant, l’Eglise d’Angleterre exploite, selon le «Sunday Telegraph», 4’470’ écoles primaires et 220 écoles secondaires.

L’année passée, un long débat public s’est déroulé sur l’ouverture d’écoles privées chrétiennes pour enfants socialement défavorisés. David Cameron, leader du parti conservateur, avait annoncé qu’il voulait envoyer sa fille dans une école chrétienne. Il estimait que les écoles privées sont mieux adaptées au développement de l’enfant que les trop grandes écoles publiques. Il relançait ainsi la vieille polémique autour des écoles confessionnelles.

Dans un rapport de 2001, Lord Dearing, ancien président du Curriculum scolaire national et de l’Autorité d’évaluation, avait recommandé que l’Eglise anglicane prenne le contrôle de 100 écoles secondaires supplémentaires. Depuis la publication du Rapport Dearing, seules 34 écoles secondaires ont été ouvertes ou agrandies.

Cette semaine, le synode anglican devrait approuver les plans de construction de nouvelles écoles et de reprise d’écoles non confessionnelles. Les plans de 24 écoles sont bien avancés et 70 autres sont encore en discussion. Plus de 2,7 millions d’enfants fréquentent en Angleterre des écoles confessionnelles de toutes dénominations.

Face aux critiques de certains sociologues, l’Eglise d’Angleterre repousse le reproche que ses écoles favoriseraient les riches et dispenseraient une formation élitaire. Selon elle, c’est justement dans les régions socialement défavorisées que se trouvent ses plus importants établissements d’enseignement privé. JS

Encadré

Les écoles confessionnels, trop élitaires ?

Le débat sur les écoles et leur mode d’admission est relancé en Angleterre, suite à la publication du rapport de l’Institut pour la Recherche sur la Politique Publique (IPPR), un influent «think tank» britannique. Selon ce dernier, les écoles confessionnelles ne sont pas du tout représentatives de la situation des enfants dans leurs communautés locales. Ces écoles sont en effet largement surchargées d’enfants issus de la classe moyenne; elles constituent une sorte de «ghetto» pour privilégiés. Le rapport demande que les écoles utilisent des tests d’aptitudes pour sélectionner les enfants.

Le nombre des écoles confessionnelles a explosé. Durant ces 5 dernières années, les premières académies sponsorisées par des privés ont ouvert leurs portes. Le récent décret sur l’éducation du gouvernement a ouvert la voie à une nouvelle génération d’écoles privées (»trusts schools») appuyées par l’économie privée et les groupes religieux.

Mais le rapport qui vient d’être publié montre qu’en fragmentant le système scolaire public, cela va conduire à une plus grande ségrégation sociale à l’école. Nick Pearce, directeur de l’IPPR, affirme: «Nous avons besoin d’un système de choix équitable pour tous les parents et les élèves. Pour l’instant, les écoles qui contrôlent leurs propres conditions d’admission sélectionnent leurs élèves, et nos classes sont davantage marquées par la ségrégation sociale que les communautés extérieures à l’école».

Pour lui, les réformes du nouveau code d’admission dans les écoles, qui interdisent d’établir le travail des parents, leur situation financière ou leur statut marital ou social, ne vont pas assez loin. Selon, l’IPPR, les autorités locales devraient attribuer toutes les places et, sur un long terme, chaque conseil d’école devrait mettre en oeuvre un système de «plateforme équitable», qui placerait les élèves dans des classes selon leurs capacités, de telle sorte que les écoles soient représentatives des différentes couches de la société. Toujours selon le rapport, la Grande-Bretagne a davantage pratiqué la ségrégation sociale scolaire depuis l’arrivée des travaillistes (Labour) au pouvoir.

Lord Adonis, ministre de l’Education, a rejeté les recommandations de l’IPPR. «Nous reconnaissons que la sélection sur les capacités peut être une voie effective vers un accès élargi aux études, mais les écoles doivent avoir la possibilité et la liberté de formuler elles-mêmes leurs conditions d’admission en accord avec les exigences locales». (apic/kna/gs/js)

26 février 2007 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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