Un lieu privilégié pour faire connaissance avec l’universalité
Fribourg: Le Salesianum a fêté son 100e anniversaire avec le conseiller fédéral Couchepin
Georges Scherrer, Apic /Traduction: Bernard Bovigny
Fribourg, 29 avril 2007 (Apic) C’est avec un programme riche en intervenants de qualité que le Salesianum a fêté samedi 28 avril son 100e anniversaire. Le conseiller fédéral Pascal Couchepin a appelé les religions à davantage d’engagement, mais sans faire preuve «d’impérialisme clérical».
C’est en 1907, peu après l’inauguration de l’université de Fribourg, que les évêques diocésains de Suisse ont ouvert le «Convict Salesianum», en vue d’accueillir les prêtres et séminaristes des différents diocèses du pays venus étudier la théologie. Depuis 60 ans, la maison accueille aussi des laïcs, une innovation qui n’avait pas vraiment plu au Vatican, a expliqué samedi aux médias Thomas Ruckstuhl, prêtre du diocèse de Bâle. Il dirige le Salesianum en compagnie de la théologienne Hildegard Aepli.
Autre nouveauté: depuis 10 ans l’établissement accueille également des femmes. Actuellement, près de 90 étudiants y résident. Ils sont issus de 22 pays. La moitié d’entre eux sont inscrits à la Faculté de théologie. La maison a compté parmi ses pensionnaires quatre cardinaux: l’Anglais Basile Hume, les Polonais Andrzej Deskur et Franciszek Macharski, qui a été archevêque de Cracovie jusqu’en 2005, et le Suisse Gilberto Agustoni.
A l’époque de sa fondation, le Salesianum a profité de la bonne réputation de l’université, a affirmé Mgr Bernard Genoud, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg. Et aujourd’hui, en cette «période post-moderne», beaucoup de nos contemporains ont soif de valeurs. Dans cette maison, les jeunes ne vivaient pas en vase clos, mais ont toujours pu profiter de la synergie provoquée par la diversité des résidents et par la fréquentation de l’université.
L’expérience de catholicité de l’Eglise
«Je vois le Salesianum comme un lieu privilégié pour l’apprentissage de la vie en commun. Et en même temps, c’est un école multidisciplinaire», a ajouté l’évêque du lieu. La diversité des cultures et des langues ont formé un microcosme qui permet l’expérience de «la catholicité de l’Eglise» et par là même de son universalité.
Une des marques de fabrique de la maison est la cohabitation d’étudiants de diverses facultés. Actuellement 40 parmi eux se préparent à la prêtrise. «Si nous autres théologiens n’avons pas un minimum de contacts avec les autres sciences, nous risquons de devenir des ’extra-terrestres’», a lancé Mgr Genoud. Selon lui, celui qui sort de cette maison «se tient debout sur ses deux pieds».
Lors de l’eucharistie qui a marqué les festivités, à l’église St-Pierre, Mgr Genoud était accompagné de Mgr Markus Büchel, évêque de St-Gall, et de Mgr Martin Gächter, évêque auxiliaire de Coire. Etait également annoncé Mgr Jude Speyrer, évêque émérite de Lake Charles aux Etats-Unis et ancien pensionnaire. Mais son avion n’a pu décoller en raison du mauvais temps. En plus du conseiller fédéral Couchepin, plusieurs personnalités politiques ont pris part aux festivités, dont les autorités de la ville de Fribourg et des conseillers nationaux.
«L’effet de serre», puis l’Aggiornamento
Dans sa prédication lors de la fête, Mgr Büchel, ancien résident, a affirmé que durant ses 15 premières années, le Salesianum était une expression de «l’effet de serre», qui agissait dans l’Eglise. L’»Aggiornamento», le nouveau départ donné après Vatican II, a fait que le «Salesi» s’est développé en «lieu d’expérimentation». Aujourd’hui, l’Eglise y fait l’expérience de la communauté. On y apprend l’ouverture, dans la foi et la confiance.
L’acte officiel des festivités a été ouvert par le président de la Fondation «Convict Salesianum», le vicaire général du diocèse de Bâle Roland B. Trauffer. Il a mis en garde contre une «vie uniquement d’atmosphère» dans la maison de l’Eglise. Les chrétiens doivent plutôt s’engager dans la société et dans l’Eglise, et composer avec les deux. Ils doivent absolument se profiler, «au vu du relativisme croissant». Le dominicain ne souhaite pas que l’on se mette d’accord dans la société sur le plus petit dénominateur commun, en adoptant des réponses à bon marché. Il a également mis en garde contre la tentation de repli sur soi. Selon lui, la foi doit être diffusée et défendue dans le monde.
Guido Vergauwen a transmis les salutations de l’Université de Fribourg dont il est recteur. Il a rappelé le mandat de prestation qui a fait que l’université doit toujours davantage assurer une formation orientée vers l’économie de marché. Le Salesianum, selon lui, propose un espace de vie non seulement «pour» l’université, mais en commun avec elle.
Le siècle dernier a été saturé de combats idéologiques
Le conseiller fédéral Pascal Couchepin a parlé d’une présence en baisse des communautés religieuses dans la société. Il considère cependant cela comme l’expression d’une saine conception humaine. Le siècle dernier a été saturé de combats idéologiques. Les adversaires se sont mutuellement diabolisés. Le conseiller fédéral valaisan assiste aujourd’hui à une certaine lassitude. Au 20e siècle est apparue l’idée selon laquelle si l’on veut changer la société, il faut tout changer. Mais aujourd’hui, beaucoup ne se sentent plus disposés à imposer leurs convictions aux autres. La politique doit davantage prendre en considération l’intérêt des générations futures, en raison notamment du développement démographique et des changements climatiques.
L’islam se développe, souligne Pascal Couchepin, tout en déplorant que des musulmans – minoritaires – utilisent la violence pour faire progresser leur cause. Le conseiller fédéral appelle au dialogue interculturel et met en garde contre un oecuménisme d’autosatisfaction autour du feu de camp. Il a invité l’Eglise à s’engager dans le respect de l’histoire et de la philosophie des lumières. Les Eglises devraient ainsi contribuer à apaiser la société, ce «bateau agité». Elles ne doivent pas se cacher, mais accomplir leur mission «sans impérialisme clérical».
Note aux abonnés: des photos payantes sur ces festivités sont disponibles à l’adresse kipa@kipa-apic.ch. Coût: 80 frs la première, 60 frs les suivantes.
Paiement à Kipa, Perolles 36, CP 192, CH-1705 Friburg – CCP 17-337-2.
(apic/gs/bb)