L’avortement est incompatible avec le fait de communier
Rome: Conférence de presse de Benoît XVI dans l’avion vers le Brésil
Antoine-Marie Izoard, agence I.Media, partenaire de l’Apic à Rome
Rome, 9 mai 2007 (Apic) Benoît XVI a dénoncé l’avortement, le 9 mai, soulignant qu’il était incompatible avec la communion eucharistique. Il s’exprimait à bord de l’avion le conduisant au Brésil. Au cours d’une conférence de presse de plus de 25 minutes avec les journalistes présents à bord, le pape s’est aussi exprimé sur la théologie de libération et sur le défi des sectes en Amérique latine.
Suite à la récente libéralisation de l’avortement au Mexique et au rappel des évêques du pays sur l’incompatibilité entre la pratique de l’avortement et l’accès à la communion, Benoît XVI a souligné que «le meurtre de tout innocent, de tout petit enfant est incompatible avec le fait de communier». «Cette excommunication n’est pas une chose arbitraire, elle est prévue par le droit de l’Eglise», a-t-il précisé.
Le pape a aussi souligné qu’à «la racine de ces législations pro-avortement, il y a un certain égoïsme et un doute sur la valeur de la vie et sur l’avenir». «La vie est un don, la vie n’est pas une menace», a-t-il insisté, saluant la «grande lutte de l’Eglise pour la vie».
Après l’intervention du pape sur la question de l’avortement, le directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, le Père Federico Lombardi, a précisé aux journalistes que dans ses propos, Benoît XVI n’avait pas parlé d’»excommunication formelle», mais que son intention avait été d’appuyer les évêques mexicains.
Des millénarismes fragiles et faux
Au cours de sa longue conférence de presse, Benoît XVI s’est par ailleurs exprimé sur la théologie de la libération. «Avec le changement de la situation politique sur le continent, la situation de la théologie de la libération» a «profondément changé», a-t-il affirmé. «Il est donc évident que ces fragiles millénarismes qui promettent, à travers la révolution, même immédiate, les conditions complètes d’une vie juste, sont erronés», a-t-il expliqué. Et d’insister sur le fait qu’»aujourd’hui, tout le monde sait cela». La question est plutôt pour lui «de savoir comment l’Eglise doit être présente dans la lutte nécessaire pour des conditions équitables de vie».
A ce sujet, Benoît XVI a salué le travail de discernement fait par la Congrégation pour la doctrine de la foi, qui vise à «se libérer de faux millénarismes et à se libérer aussi d’un mélange erroné entre Eglise et politique». «L’intervention du magistère n’a pas pour but de détruire l’engagement pour la justice, mais de viser la voie juste dans la distinction entre responsabilité politique et responsabilité ecclésiale», a-t-il expliqué.
Le 14 mars 2007, la Congrégation pour la doctrine de la foi avait rendu publique une notification concernant deux ouvrages du jésuite espagnol Jon Sobrino, théologien de la libération. Installé depuis cinquante ans au Salvador, Jon Sobrino, l’une des dernières grandes figures latino-américaines de la théologie de la libération, avait refusé de se soumettre à la mise en garde de la Congrégation pour la doctrine de la foi sur le contenu de ses livres présentant Jésus plus dans sa dimension humaine que divine.
Lenteurs dans la béatification d’Oscar Romero
Répondant ensuite à I.MEDIA sur l’archevêque de San Salvador, Oscar Romero, assassiné en 1980 alors qu’il célébrait la messe, Benoît XVI l’a qualifié de «grand témoin de la foi». Le pape a pourtant parlé du problème que pose sa cause en béatification, car «certains groupes politiques veulent en faire leur porte-drapeaux». «Je ne doute pas que lui-même mérite d’être béatifié, mais nous devons considérer le contexte», a-t-il estimé.
Benoît XVI s’est par ailleurs exprimé sur le succès des sectes en Amérique latine, qui «démontre qu’il y a une soif de Dieu, une soif de religion». L’Eglise catholique doit être «plus missionnaire, plus dynamique et donner des réponses à cette soif de Dieu», a-t-il déclaré. «Nous devons les aider à trouver les conditions d’une vie juste». «Les pauvres veulent un Dieu qui soit à leur côté», a-t-il ajouté.
En s’adressant aux journalistes au début de la conférence de presse, Benoît XVI avait évoqué les étapes importantes de son voyage. Le pape avait mentionné «la canonisation d’un saint brésilien», frère Antonio de Sant’Anna (1739-1822), «connu comme un homme de réconciliation et de paix». Il avait aussi parlé de la rencontre importante qu’il effectuera, le 12 mai, à la ’Fazenda da Esperança’ (la ferme de l’espoir), une institution qui assiste les jeunes victimes de la drogue, de l’alcoolisme ou en situation d’exclusion. Il avait également parlé du «problème du manque d’espérance dans l’avenir» de ces jeunes victimes. «C’est la foi qui permet l’avenir», avait-il affirmé.
Benoît XVI avait enfin évoqué le «but premier» de sa visite, celui d’ouvrir la 5e Conférence générale des évêques d’Amérique latine et des Caraïbes. Il a souhaité que cette conférence «offre des solutions pour les grands problèmes sociaux et politiques de l’Amérique Latine». Mais il avait précisé que «l’Eglise ne fait pas de politique. Nous respectons la laïcité». L’Eglise «offre et donne les conditions dans lesquelles la solution des problèmes sociaux peut mûrir dans une saine politique».
Enfin, le pape avait qualifié de «signe providentiel» la coïncidence entre sa présence au sanctuaire marial d’Aparecida, le 13 mai prochain, et l’anniversaire des apparitions de la Vierge à Fatima (Portugal). «Nous sommes au-dessus du Sahara et nous allons vers le continent de l’espérance», avait-il par ailleurs lancé aux journalistes. (apic/imedia/ami/ms/bb)