Les propriétaires d’orphelinats s’enrichissent grâce aux dons
Liberia: Le gouvernement dénonce des arnaques aux faux orphelins
Monrovia, 20 mai 2007 (Apic) Au Liberia, les propriétaires d’orphelinat s’enrichissent grâce aux millions de dollars qu’ils reçoivent chaque année de généreux donateurs. Mais de nombreux enfants qui y séjournent ont encore leurs parents, déplore la vice ministre libérienne de la Santé.
«La plupart des enfants vivant dans ces établissements ne sont pas de véritables orphelins. Les propriétaires se servent d’eux pour rechercher une aide financière à l’étranger et tirent profit de leur activité», a ainsi déclaré à IRIN (Réseau régional d’information intégrée, une agence de presse de l’ONU), Vivian Cherue, la vice ministre libérienne de la Santé, chargée des Affaires sociales et responsable de tous les orphelinats.
«Etat déplorable» des orphelinats
En mars dernier, un rapport de la MINUL (Mission des Nations Unies pour le Liberia) a d’ailleurs relevé un «état déplorable», dans lequel se trouvent de nombreux orphelinats dans 11 des 15 provinces du pays. Ils se posent de «graves problèmes de violation des droits humains», a souligné le rapport.
A cause de la longue guerre civile qui a déchiré le pays de 1989 à 2003, le nombre d’orphelinats a considérablement augmenté au Liberia. Ils sont passés de dix en 1989 à plus de 120 en 2007, selon la vice ministre de la Santé. Le conflit a provoqué un déplacement massif de populations au cours duquel des milliers d’enfants ont perdu la trace de leurs parents. Une enquête menée auprès de 5’000 enfants vivant dans des orphelinats et réalisée par le ministère de la Santé avec la collaboration avec l’Unicef, a révélé que les parents de 80% des pensionnaires ces établissements étaient vivants. Selon plusieurs experts, certains propriétaires d’orphelinat sont hostiles aux programmes de réinsertion des enfants dans leurs familles d’origine. Il arrive même qu’ils les séquestrent.
D’importantes sources financières à l’étranger
«Plus il y a d’enfants dans un orphelinat et plus le propriétaire de l’établissement sollicite une aide financière étrangère», a fait remarquer Jerolinmek Piah, directrice de l’Observatoire national pour la défense des droits de l’enfant (NACROG). «D’après nos analyses, a-t-elle ajouté à IRIN, les propriétaires d’orphelinat entretiennent des relations avec certaines organisations philanthropiques étrangères. Installées parfois aux Etats-Unis. Elles les aident à obtenir des financements destinés aux enfants qu’ils ont pris à leurs parents et qu’ils présentent comme des orphelins», déplore Jerolinmek Piah.
Plusieurs propriétaires d’orphelinat ont reconnu à l’agence que tous les enfants dont ils ont la charge ne sont pas des orphelins. «La politique de notre établissement est que nous ne faisons pas distinction entre les enfants abandonnés, séparés de leurs familles ou ayant perdu leurs parents», s’est défendu le propriétaire d’un orphelinat sous couvert de l’anonymat. Selon lui, «ce sont tous des enfants qui sont dans le besoin et qui sont à notre charge». Aucun des représentants de ces orphelinats interrogés par IRIN n’a voulu indiquer ses sources de financement. (apic/ibc/bb)