Une localité sénégalaise pas comme les autres

Sénégal: Des milliers de pèlerins catholiques ont convergé sur Popenguine à la Pentecôte

Par Ibrahima Cissé, correspondant de l’Apic

Dakar, 28 mai 2007 (Apic) Popenguine, un petit village de pêcheurs de deux mille habitants, situé à environ 60 km au sud de Dakar, au bord de l’Océan atlantique, était ce week-end de Pentecôte le haut lieu du catholicisme de l’Ouest africain. A l’occasion de la traditionnelle fête catholique, ce lieu de pèlerinage marial a accueilli lundi 28 mai plus de dix mille fidèles de l’Eglise catholique du Sénégal et des pays voisins (Gambie, Guinée-Bissau, entre autres).

Toutes les confréries musulmanes sénégalaises, et les partis politiques et les organisations syndicales du pays ont envoyé des représentants à la fête, dans ce lieu qui compte plus de musulmans que de chrétiens, mais où les deux communautés vivent dans la bonne entente. Les musulmans n’hésitent d’ailleurs pas à donner un coup de main pour le pèlerinage annuel au sanctuaire marial.

A pied, en véhicules de transport public ou privés, en pirogues, ces pèlerins sont venus de tous les diocèses du Sénégal. Les jeunes ont rallié le sanctuaire par des marches qui ont duré deux ou trois jours. La doyenne des pèlerins marcheurs est une vielle femme de plus de 70 ans. Elle se rend depuis 1981 à Popenguine à pied, pour le pèlerinage annuel au sanctuaire marial. C’est sa dernière marche comme pèlerine, a-t-elle dit à des journalistes.

La localité a une particularité frappante. Elle est à la fois un symbole religieux et étatique, symbole des pouvoirs spirituel et temporel. D’un côté, elle dispose d’un sanctuaire marial, et de l’autre, elle abrite le «Petit Palais», résidence secondaire du président du Sénégal.

Le sanctuaire marial se trouve dans la basilique «Notre Dame de la Délivrande», construite à la fin du XIXe siècle par un religieux français du diocèse de Bayeux (Normandie). Ce sanctuaire accueille depuis 1888, des milliers de fidèles qui viennent y rendre grâce à la Vierge Marie. Le nombre de pèlerins augmente d’année en année.

Une mosquée est située non loin delà. Cette proximité de deux lieux de culte appartenant à deux religions différentes suffit à démontrer le niveau élevé du dialogue islamo-chrétien au Sénégal. Popenguine est la référence incontestable dans ce domaine. Musulmans et chrétiens cohabitent depuis des générations en toute harmonie, dans ce village fondé vers le milieu du 19e siècle. Il y est fréquent de trouver dans une même famille, des frères ou soeurs appartenant l’un/une à l’islam, et l’autre à la chrétienté. Loin de les diviser, ce brassage religieux témoigne de la richesse de la culture locale.

Lieu d’origine du cardinal Hyacinthe Thiandoum

Popenguine qui abrite la seule résidence secondaire du président du Sénégal, est aussi une localité touristique. A cause de sa situation sur le littoral, elle offre une vue pittoresque aux visiteurs étrangers. Pourtant, elle est dans une zone aride où la pluie est rare. La nature, désertique, est balayée en cette période de l’année par un vent et sec, soulevant des rafales de poussière.

A l’entrée du village, une croix de l’Eglise témoigne du caractère religieux du village. Il a d’ailleurs offert au pays et à l’Eglise universelle, le premier cardinal du Sénégal, feu le cardinal Hyacinthe Thiandoum, ancien archevêque de Dakar, décédé en mai 2004. Malgré la faiblesse des pluies, les populations de Popenguine tirent l ’essentielle de leurs ressources économiques de l’agriculture.

Car bien qu’elles soient au bord de la mer, elles ne profitent pas beaucoup de la pêche. Le poisson des eaux bleues de l’Océan atlantique se fait rare. Il se limite à la sardine. Popenguine, village sénégalais pas comme les autres, garde encore en mémoire la visite du pape Jean Paul II en février 1992, lors d’un voyage officiel au Sénégal. (apic/ibc/be)

28 mai 2007 | 00:00
par webmaster@kath.ch
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