L’exemple typique d’une manipulation médiatique, encore que je me pose si

Texte de l’édito: manipulation médiatique

c’est la dernière vérité, car je me mets à douter de tout. L’Affaire roumaine va devenir un cas d’école. Comme exemple de traitement de l’information immédiat, avec le meilleur et le pire. C’est le premier cas où à partir du début d’une flambée, disons plitique en l’occurence, mais cela aurait

pu être un autre événement, une catastrophe naturelle par exemple. Il suffit que la télévision soit là au moment où un volcan se met en érruption,

on aurait pu avoir le même phénomène. Encore que l’aspect politique n’est

pas négligeable dans l’affaire roumaine. Je crois qu’elle a été voulue…la

télévision a été consciemment utilisée comme une arme. C’est pas seulement

de l’information qu’on a voulu faire, c’est la révolution avec la télévision. Quand j’ai commencé à donner des cours, voire des conférences sur les

médias, je disais par rapport à l’importance médiatique, il fallait d’abord

en juger à partir de ce fait que quand on fait un coup d’Etat, on prend

d’abord les studios de radios et télévisions, on prend d’abord le micro même avant les chars, et que, à l’inverse, quand un régime veut éttouffer

quelque mouvement populaire, il étouffe d’abord la presse. Il réprime la

pensée.

L’affaire roumaine est déjà un cas d’anthologie. On ne peut plus enseigner l’éthique comme avant Noël 89. Parce que maintenant, on a eu l’exemple

concret, in vivo, d’une utilisation, voire même, il faut ajouter le mot

d’une manipulation médiatique du début à la fin d’une soulèvement populaire. Avant c’était par touche, par petite explosion, c’était pas systématiquement voulu… on a cru que c’était spontané. Mais on sait de plus en

plus que le Comité de salut national était déjà préparé et qui attendait

l’occasion et qui n’était pas là par pur hasard dans un studio. Il s’agit

bien là d’une stratégie et une tactique en meme temps, de faire du 24 heures sur 24 en direct mais avec des images très sélectionnées, voire le procès des c. Il y a eu l’ouverture et la censure.

Alors qu’est-ce qui légitime un pouvoir à utiliser de telles manières le

réseau médiatique, et notamment la télévision, qui reste la communication

de masse. Il a fondé sa légitimité au fond en se faisant le porte-parole

des libertés qu’il se cherchait, le juge, et en diffusant l’image pour susciter la connivence non seulement du public national mais international. Le

jour de Noël, on était tous à Bucarest. beaucoup plus que devant les sapins

et les crèches… on s’est senti concerné. Tout l’événement était consentré

sur celui-ci qui recouvrait la totalité del’information et de l’émotion.

Actuellement, l’information transit par l’émotion. Une information qui ne

suscite plus une espèce de sentiment émotif dans la population devient un

non événement. Pas d’image, pas de réalité. Deux exemples: le Panama il y

avait deux émotions qui se juxtaposaient. l?une était plus proche, la Roumanie, affectée du coeficient fin du communisme qui nous parle beaucoup. Et

l’autre, plus lointaine, à tous égards, qui avait le coeficient d’uncertain

proaméricanisme encré chez nous, ce qui a eu pour conséquence une certaine

tendance à justifier ce qui était l’ingérence arméem d’un paxs dans un pays

étranger et libre, qui a fait autant de victimes, mais finalement , on nous

l’a caché. Tandis que les chiffres étaient très très grossis en Roumanie…

Deux poids et deux mesures. Deuxième exemple: le Liban. Le Liban, au fond

ne suscite plus d’émotion. Vous n’arrivez plus à motiver le public.. qui ne

sait plus de quoi il s’agit. L’information s’est émiéttée. S’est brisée. Et

que faudrait-il au fond pour recapter l’attention pour que l’on sache de

quoi il s’agit… il faudrait 1000 morts. (Otages) Sinon, l’information pure, la plus honnete possible, elle passe pas. Et puisqu’elle doit passer

par l’émotion, on est soumis à une imnformation déformée.

Pas critique, les journalistes? La presse admet difficilement qu’elle

s’est trompée. L’émotion prive de la capacité d’analyse. Deux types de solidarités…celle qu’on veut provoquer, celle qu’on admet du bout des

lèvres… solidarité téléguidée. Je crois qu’on a des solidarités sélectives. C’est un problème d’éthique important… cela veut dire que l’information libre est responsable sensée transmettre, en fait elle est sélective

en fonction de critères précis ou bien vagues. Par conséquent, je crois que

la solidarité avec un peuple qui se libère du communisme sera chez nous beaucoup plus favorisée qu’avec le peuple du Nicaragua qui au contraire

fleurte avec le marxisme, o?u avec un type de malheur humain qui pourrait

au fond nous accuser nous-même, ou nous culpabiliser, parce qu’alors s’il y

a une chose qu’un télespectateur ou lecteur rejette très vite, c’est l’image qu’elle qu’en soit sa densité qui peut le culpabiliser d’une manière ou

d’une autre. Il change de chaîne ou se désabonne.

Libértinage? La liberté peut écraser. Si ma Lliberté devient un monopole, qu’il n’y est que mon expression qui compte, ou de la propagande, ou

alors de la vulgarité, elle perd toute sa valeur éthique. On peut tromper

avec la liberté. A ce sujet, texte de Havel, voir.

Attention au pouvoir des médias. On sait que, en fait, à un niveau d’une

société, d’une comunauté, ou même du monde entier, on est en train de faire

ou de défaire des solidarités, des mouvements, d’autres libertés, voire

d’en privilégier certaines. A partir du momement ou il n’y a pas de moral

derrière cette privilégisiation de certaine liberté, cela devient du viol.

Nos images, nos paroles, nos livres, nos reportages, peuvent-être finalement des façons de violer l’esprit d’une société qui en plus est consentante, parce qu’elle est demandeuse, elle veut voir, elle veut entendre, consommer. D’ou la responsabilité éthique.

Et le lecteur, dans tout cela? Il est quand même très démunis finalement. La preuve est faite par ces images vraies mais qui disaient un monsonge que nous avons reçuees de Roumanie. Les images étaient vraies, les

photos pas truquées. Voilè bien l’exemple d’une vérité qui disait un mensonge. Le récepteur est dans une situation de faiblesse, voire même de capitulation, il a très peu de moyens de réagir.

Je ne suis pas très sûre qu’aujourd’hui des gens se rappellent qu’il y a

eu intervention armée des EU à Noël…

7 février 1990 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 4  min.
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