Malaisie: Les minorités religieuses fustigent «l’usage abusif» de la religion
La religion islamique pure et dure impose sa loi
Kuala Lumpur, 21 juin 2007 (Apic) Les membres de cinq religions minoritaires de Malaisie, dont des chrétiens et des hindous, ont exhorté leur gouvernement à prendre des mesures pour empêcher les «tragédies personnelles» découlant des politiques nationales favorisant l’islam, religion officielle de ce pays d’Asie du Sud-Est.
Dans un document décrivant les conséquences de la politique qui interdit aux musulmans de se convertir à d’autres religions, les représentants des minorités religieuses ont affirmé que certaines personnes vont jusqu’à être envoyées dans «des camps, où elles sont détenues et ’rééduquées’ jusqu’à ce qu’elles perdent toute envie de renoncer à l’islam».
Ces accusations ont également été mentionnées dans une «note de protestation» publiée le 19 juin par le Conseil consultatif malaisien du bouddhisme, du christianisme, de l’hindouisme, du sikhisme et du taoïsme, indique l’Agence oecuménique ENI.
«La note de protestation met en lumière les tragédies personnelles de Malaisiens traumatisés par un usage abusif de la religion; c’est le cas en particulier des personnes considérées comme musulmanes contre leur volonté,» a déclaré le Conseil consultatif dans un communiqué.
La protestation a fait suite au procès médiatisé d’une femme musulmane qui s’est convertie au christianisme et demandait à l’Etat de reconnaître sa conversion afin qu’elle puisse épouser son fiancé chrétien. Les mariages interreligieux sont interdits en Malaisie.
L’appel de cette femme a été rejeté par la plus haute instance judiciaire du pays, qui lui a ordonné de se tourner vers un tribunal islamique. Des tribunaux qui ont pourtant la capacité d’envoyer les apostats en prison pour avoir abandonné l’islam.
Le Conseil consultatif a mentionné de nombreux autres cas, en particulier celui d’une femme hindoue qui avait perdu la garde de son enfant parce que son mari s’était converti à l’Islam et celui d’une femme d’origine indienne envoyée en camp de rééducation en raison de son intention de se convertir à l’hindouisme.
La Malaisie est considérée comme l’un des pays musulmans les plus ouverts, mais le traitement des apostats a déclenché un débat passionné.
La moitié des 26 millions d’habitants de la Malaisie sont d’ethnie malaise, obligés par la loi d’être musulmans, tandis que les minorités chinoise et indienne comprennent des musulmans, des chrétiens, des bouddhistes, des hindous et des sikhs. Les autorités locales de chacun des 13 Etats fédérés appliquent le droit islamique à des degrés divers.
Les représentants des minorités religieuses ont exhorté le gouvernement à offrir la liberté de religion à toutes les personnes vivant dans le pays et ont affirmé qu’ils priaient «pour une société pacifique et équitable qui réaliserait l’unité dans la diversité». (apic/eni/pr)