Plus de crucifix ni d’icônes dans les classes
Roumanie: L’Eglise déplore la décision de retirer les symboles religieux des écoles
Bucarest, 27 juin 2007 (Apic) L’Eglise orthodoxe roumaine a condamné une décision judiciaire donnant raison aux appels visant à bannir, comme en France, les symboles religieux des écoles.
«Ce n’est pas l’Eglise qui a placé des crucifix et des icônes dans les salles de classe, ce sont les enfants, les parents et les enseignants», a déclaré mardi le père Costas Stoica, porte-parole du patriarcat de Bucarest de l’Eglise orthodoxe roumaine. «Il ne s’agit pas des symboles institutionnels d’une Eglise particulière; ils représentent des valeurs religieuses et culturelles universelles».
Le père Stoica réagissait à la décision d’un tribunal de Bucarest rendue le 20 juin. Celui-ci, rappelle l’Agence oecuménique ENI, a rejeté l’appel lancé par le ministre roumain de l’Education contre une décision prise en novembre 2006 par le Conseil national contre la discrimination. Selon cet organisme, les directeurs d’écoles sont tenus «d’empêcher la discrimination envers les élèves agnostiques» en faisant en sorte que les symboles religieux soient confinés aux espaces désignés pour l’instruction religieuse.
Devant la Cour suprême du pays
Le père Stoica a indiqué à l’Agence ENI que les représentants du gouvernement et les députés avaient soutenu le droit des communautés locales à décider de l’opportunité de placer des objets religieux dans leurs salles de classe. L’affaire sera portée devant la Cour suprême du pays, a-t-il ajouté. «Il n’est pas question que les écoles retirent ces symboles: cela constituerait un acte sérieux de discrimination envers les chrétiens roumains,» a commenté le père Stoica. Selon lui, la majorité des chrétiens souhaitent que les crucifix et les icônes restent à leur place dans les écoles.
La directive du conseil anti-discrimination est intervenue après qu’un parent, Emil Moise, s’est plaint que des icônes orthodoxes soient affichées dans la classe de sa fille, au lycée d’art Margareta Sterian de Buzau. Selon lui, il s’agissait là d’une violation du principe de séparation des Eglises et de l’Etat, garanti par la constitution.
Cette directive a également été critiquée par des responsables juifs et musulmans, qui ont affirmé n’avoir aucune objection à ce que des symboles propres au christianisme soient mis en évidence. «La Roumanie est un exemple de tolérance et de coexistence religieuse; une telle loi est donc inutile», avait du reste déclaré Iusuf Muurat, mufti de Roumanie, cité par le quotidien «Ziua». (apic/eni/pr)