Une histoire marquée par l’abnégation et le service
Fribourg: Les soeurs Hospitalières, de l’Hôpital des Bourgeois à l’aventure rwandaise
Fribourg, 6 juillet 2007 (Apic) Les premières soeurs Hospitalières de Ste-Marthe s’installent à Fribourg en 1781, pour prendre en charge l’Hôpital des Bourgeois. Un peu moins de 200 ans plus tard, elles se lancent dans l’aventure missionnaire au Rwanda. C’est ce pan de leur histoire que raconte Maurice Page, co-auteur d’un livre, «Les soeurs Hospitalières, de Fribourg au Rwanda (*), présenté vendredi à la presse.
L’origine des soeur Hospitalières de Fribourg remonte à la congrégation des hospitalières de Beaune, en Bourgogne, dont la fondation date du XVe siècle. Pendant près de deux siècles, les Hospitalières ont joué à Fribourg un rôle important dans le secteur de la santé. Les religieuses fribourgeoises travailleront en outre, dès 1920, comme infirmières à l’Hôpital cantonal de Fribourg, nouvellement créé. Puis dès 1938, elles accueilleront les pauvres, les handicapés et les personnes âgées dont personne ne peut ou ne veut s’occuper. Elles desserviront le sanatorium d’Humilimont, en Gruyère, qui accueille dès 1951 les malades tuberculeux du canton, puis aussi la maternité.
A cette époque, si les appels viennent du gouvernement fribourgeois, il faut encore, comme aux temps héroïques, l’autorisation de la «Grande chambre» de la Bourgeoisie de Fribourg. C’était elle, à l’époque, qui avait fait venir les soeurs à Fribourg, pour s’occuper de son hôpital. Une bonne affaire, en somme, car les soeurs ne touchaient alors aucun salaire: elles ne recevaient qu’une petite gratification à Nouvel An!
Un travail pour la grâce de Dieu
«C’était à l’époque quasiment une ’congrégation domestique’, au service de la Bourgeoisie de Fribourg, pour desservir l’Hôpital des Bourgeois», a relevé vendredi l’historien et journaliste Maurice Page. Soeur Marie-Jacques Minnig, qui a réalisé la 1ère partie de l’ouvrage, rappelle les idées dominantes d’alors. «Il fallait se soumettre aux vues des dirigeants qui avaient un droit de regard pour accepter ou non de nouvelles postulantes. On faisait passer un examen de culture générale aux soeurs: elles devaient connaître le français, savoir coudre, calculer. L’idée de la Bourgeoisie était d’avoir du personnel compétent».
Les religieuses travaillaient pour la gloire de Dieu, et étaient sur place, disponibles jour et nuit! Jusqu’en 1955, en effet, avant l’achat de la maison de Brünisberg, la maison-mère n’avait jamais été distincte de l’Hôpital des Bourgeois. Même les novices y étaient hébergées.
Dans les années 50, à l’époque préconciliaire, les choses bougent pourtant. L’évêque de Lausanne, Genève et Fribourg, Mgr François Charrière, a une sensibilité particulière pour les questions internationales et la mission. Le prélat fribourgeois est en lien avec les évêques missionnaires. Il faudra néanmoins attendre la fin des années 60 pour que la petite congrégation fribourgeoise se lance dans l’aventure missionnaire. Quand Mgr André Perraudin, un évêque valaisan au Rwanda, apprend que les Hospitalières recherchent une implantation missionnaire en Afrique, il les invite à venir s’implanter à Nyamata et dans le Bugesera.
L’aventure rwandaise se poursuit
C’est l’aventure qui commence le 14 décembre 1970 pour les 3 première religieuses – Soeur Geneviève Rueff, infirmière et sage-femme, Soeur Agnès Rotzetter, infirmière et instrumentiste et salle d’opération, et Soeur Rita Magnin, infirmière et laborantine médicale. Elles quittent le «charitable Grand Hôpital des Bourgeois» de Fribourg pour l’Afrique, une terre inconnue pour ces religieuses tentées depuis longtemps par la mission lointaine.
«Nous sommes parties en raison du lobbying de Mgr Perraudin, cela nous a obligées à aller plus loin, on avait un peu peur, mais on a dû se jeter dans le bain», relève Soeur Marie-Carmela Favre, la supérieure générale.
Aujourd’hui, à Fribourg, il reste une trentaine de soeurs à la retraite (25 à la maison-mère de Brünisberg, 5 en ville de Fribourg, 3 au Foyer Notre-Dame Auxiliatrice à Siviriez), tandis que la communauté compte autant de soeurs autochtones au Rwanda, actives au dispensaire de Nyamata et au centre de santé de Kabgayi.
Si elles publient cet ouvrage, les soeurs Hospitalières le font pour garder la mémoire, surtout pour les jeunes générations de soeurs rwandaises, afin qu’elles connaissent l’origine et l’histoire de leur communauté. Et si l’ouvrage s’arrête en 1986 – c’est-à-dire avant le génocide de 1994 qui a vu la mort de près de 800’000 Rwandais -, «c’est volontairement, parce que ce n’est plus notre histoire, et qu’il est encore très difficile d’en parler», conclut Soeur Marie-Jacques. C’est que les religieuses de Fribourg ont été témoins des atrocités sans nom qui ont été commises dans ce «pays des mille collines» sur lequel le démon était descendu! JB
(*) Les soeurs Hospitalières, de Fribourg au Rwanda, Soeurs hospitalières de Ste Marthe, Brünisberg, 1717 St-Ours, Tél. 026 323 19 83 Fax 026 322 10 66 E-mail mariejacques@bluewin.ch
(apic/be)