Afrique du Sud: «Tintin au Congo» ne sera pas traduit en afrikaans
Sensible au passé de ségrégation raciale
Cape Town, 3 août 2007 (Apic) La fameuse bande dessinée «Tintin au Congo», très critiquée parce qu’elle exhale les préjugés colonialistes d’une époque révolue, ne sera pas traduite en afrikaans. L’afrikaans est la langue parlée principalement en Afrique du Sud et en Namibie, où elle fut introduite par les colons boers, venus des Pays-Bas.
La décision a été prise par Human & Rousseau, au Cap, l’un des éditeurs les plus importants d’Afrique du Sud qui publie aujourd’hui autant en anglais qu’en afrikaans. Cette maison d’édition sud-africaine publie d’ordinaire les aventures du fameux reporter créé par le dessinateur belge Hergé. La BD décrit la population africaine de façon stéréotypée. «Les Africains sont dépeints comme des demi sauvages et des sous-hommes», a déclaré David Enright, un avocat spécialisé en droits de l’Homme. La première version en noir et blanc fut publiée en 1931. L’album fut redessiné en couleurs en 1946 et Hergé en profita pour gommer certains détails «un peu trop colonialistes».
Suites aux protestations, Human & Rousseau a fait savoir que «vu le passé de ségrégation raciale qui a sévi en Afrique du Sud de 1948 à 1991, le livre ne sera pas distribué» dans le pays.
Certes, Hergé caricature également les Chinois dans «Le Lotus bleu» et les Indiens dans «Tintin en Amérique». Mais en Afrique du Sud, les plaies du régime d’apartheid sont encore vives.
«Tintin au Congo» est le douzième des vingt-trois albums de Hergé. Il sortit à une époque où la Belgique colonisait le Congo et reflète les préjugés racistes de l’époque. Le jeune reporter à la peau blanche, accompagné de son chien Milou, fait face au Congo à un peuple «noir et stupide». Les aventures de Tintin ont été traduites en 77 langues et ont été vendues à 200 millions d’exemplaires dans le monde entier. (apic/misna/com/be)