Libye: Plus de liberté religieuse dans le pays?

Des chrétiens voient «la main de Dieu» à l’oeuvre en Libye

Tripoli, 20 septembre 2007 (Apic) Un vent de liberté religieuse souffle sur la Libye, affirment des chrétiens de ce pays d’Afrique du Nord, et ceci après trente années pendant lesquelles, selon certains observateurs, la minuscule minorité chrétienne fut confrontée à des restrictions en raison de la position hostile de ce pays – essentiellement musulman – à l’égard de l’Occident.

«Les gens nous respectent. Ils nous acceptent. Nous sommes libres», affirme l’évêque catholique romain Giovanni Martinelli, basé à Tripoli, la capitale.

La révolution de 1969 qui a porté au pouvoir le leader libyen Muammar Kadhafi avait entraîné la confiscation puis la fermeture des églises. Les catholiques ont été autorisés à conserver seulement deux églises, une à Tripoli et l’autre à Benghazi.

Le nom officiel du pays est Grande Jamahiriya arabe libyenne populaire et socialiste; selon de nombreuses organisations des droits de l’homme, le pays est autoritaire. Et l’affaire des condamnés à mort bulgares, qui s’apparente davantage à un vil chantage qu’à un acte humanitaire, n’est pas faite pour les démentir.

«La plus grande église était une cathédrale, mais elle a été transformée en mosquée. Toute les églises ont été prises avec la révolution», se souvient aujourd’hui l’évêque Martinelli. Actuellement, des orthodoxes grecs, des orthodoxes coptes et des communautés anglicanes vivent en Libye, affirme l’évêque Martinelli, moine franciscain.

La communauté internationale a imposé des sanctions à l’encontre de la Libye au début des années 1990, après que le pays eut été accusé d’avoir participé à l’attentat visant un avion de ligne américain au dessus de la ville écossaise de Lockerbie, en 1988. Le Conseil de sécurité a levé les sanctions en 2003, lorsque le pays assuma la responsabilité de l’attentat et accepta de verser des indemnités aux familles des victimes.

Discret dialogue

Pendant la période de sanctions, le Vatican continua discrètement à entretenir le dialogue avec Tripoli. «Les sanctions étaient politiques», raconte l’évêque Martinelli, qui fut emprisonné par les autorités libyennes en 1986, lorsque les Etats-Unis bombardèrent Tripoli.

La plupart des fidèles sont des Africains, essentiellement des immigrants illégaux, et des Asiatiques et l’évêque Martinelli célèbre désormais trois services dans des langues différentes chaque vendredi, pendant que les musulmans vont à la mosquée. Les services sont en coréen et en anglais le matin, et l’après-midi, un service est célébré en filipino pour la communauté philippine. Le dimanche, la messe est en arabe.

Récemment, dans un esprit d’oecuménisme, l’évêque a permis qu’une église catholique, fermée et confisquée après la révolution par les autorités laïques, soit offerte à la communauté anglicane de Libye.

L’édifice religieux a été construit au XVIIe siècle. Il a été consacré à nouveau le 9 mars, après avoir été restauré dans le cadre d’un projet de rénovation de la vieille ville de Tripoli par un comité mis en place pour protéger le patrimoine local.

Tout ce que les anglicans peuvent faire aujourd’hui sur le bâtiment, c’est le repeindre et ils ne doivent rien ajouter à l’église. Ils ne sont même pas autorisés à ériger une croix. Néanmoins, des évêques des traditions anglicane, catholique et orthodoxe ont pris part ensemble au service de consécration de l’église, auquel ont participé quelque 300 personnes, y compris des représentants de la «Da’wa Islamiya» (Association pour l’appel islamique). Simon Martin, évangéliste anglican, ne doute de rien. Il relève: «Nous voyons là la main de Dieu». (apic/eni/pr)

20 septembre 2007 | 00:00
par webmaster@kath.ch
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