Sortir de l’esprit de jugement
Berne: Journée de la vie religieuse en compagnie de Lytta Basset
Pour l’Apic, Véronique Benz
Berne, 4 octobre 2007 (Apic) Plus de 200 religieux et religieuses de toute la Suisse se sont retrouvés le 3 octobre à Berne pour une journée de la vie religieuse organisée par la Conférence des unions des religieux/religieuses et des instituts séculiers de Suisse.
L’invitée Lytta Basset, professeur de philosophie et de théologie à l’Université de Neuchâtel a proposé une réflexion sur le thème «Pour sortir de l’esprit de jugement».
«Je ne juge pas, je constate»: avec cette phrase, Lytta Basset a introduit le thème de la journée. «Nos condamnations, nos jugements nous conduisent en enfer», estime la théologienne protestante. «Souvent nous considérons qu’une personne est diabolique et pourtant notre jugement change lorsque nous nous trouvons en face d’elle. Nous découvrons soudain quelqu’un de vulnérable. Et puis, poursuit-elle, nous nous retournons sur nous même et nous voyons nos propres ombres».
La théologienne a ensuite cité l’Evangile de Mathieu:» Ne juger pas, afin de n’être pas jugés» (Mt 7,1). Expliquant que le terme » juger» en grec signifie discerner, évaluer, faire des choix. En somme, une activité nécessaire dans la vie de tous les jours. «Le Christ ne dit pas que nous n’avons pas le droit d’avoir un avis, relève Lytta Basset, mais il nous dit que nous serons jugé de la manière dont nous jugeons les autres».
Selon Lytta Basset, une personne qui condamne est quelqu’un qui a été jugé, blessé, exclu sans pouvoir se défendre. Elle a tendance à faire aux autres ce qu’elle a subi. Comment ne pas dégringoler sur cette pente du jugement? s’est enfin demandé Lytta Basset. Pour sortir de l’esprit de jugement, la théologienne constate que le Christ ne fait appel ni à notre raisonnement, ni à notre logique, ni notre désir de ne plus être jugé.
«Le Christ nous propose de nous intéresser à cette blessure – le fait d’avoir été juger sans pouvoir se défendre – qui est en nous. Souvent cette blessure se cache sous notre besoin de juger».
Comme dans un miroir
L’oratrice a proposé aux participants de se tourner vers le Christ afin de «trouver un endroit où nous ne serons pas jugé». «Jésus a une grande sollicitude de ce côté-là. Il nous offre un autre regard. Se juger soi-même nous empêche d’accueillir ce regard. En nous jugeant nous-même nous faisons notre propre jugement dernier».
Lytta Basset a ainsi pris le récit de la femme adultère et montré comment le Christ avait été préservé de l’esprit de jugement et quel enseignement nous pouvons en tirer pour nous. La théologienne relevant à ce propos le lien entre la peur et le besoin de juger: «Tout être humain lorsqu’il se sent menacé, condamné à tendance à juger. Le jugement verbal met de la distance entre les gens».
Pour expliquer ses propos Lytta Basset a cité en exemple la peur des scribes et des pharisiens qui se sentaient menacer par Jésus. «Le peuple allait écouter Jésus et plus personnes ne venaient vers eux qui étaient pourtant des professionnels de la foi». Pour faire tomber Jésus, elle note que les scribes et les pharisiens attaquent le Christ par derrière, comme nous le faisons souvent. «Quand on ne regarde pas nos propres peurs on les exporte sur les autres».
En conclusion, l’oratrice a souligné combien il est important pour chacun de travailler à sa réunification et d’être vigilant sur ces contradictions. «Le péché est la division avec Dieu, avec les autres et avec moi-même. Notre cheminement humain et spirituel est d’avancer vers cette identité la plus profonde reçu de Dieu, noyau de notre être». Apic
Des photos de cette journée de la vie religieuse à Berne sont disponibles auprès de Jean-Claude Gadmer, tél. 079 266 23 23. (apic/vb/pr)