Mais le chemin risque d’être encore long: document publié à Rome
Rome: Catholiques et orthodoxes: premier accord sur la question de la primauté du pape
Rome, 15 novembre 2007 (Apic) Catholiques et orthodoxes trouvent un premier accord sur question de la primauté du pape. Le chemin risque cependant d’être long, avant la restauration d’une pleine communion. D’autres rendez-vous son programmés.
Le Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens a rendu public le 15 novembre le document final de la 10e rencontre de la Commission de dialogue théologique entre Eglises catholique et orthodoxes, organisée du 8 au 15 octobre à Ravenne (Italie).
Dans ce document, les deux confessions commencent à s’accorder sur la délicate question de la primauté du pape. L’Eglise orthodoxe russe, qui avait quitté la table des négociations dès le deuxième jour de la rencontre, avait anticipé la publication du document.
Le long document sur les «Conséquences ecclésiologiques et canoniques de la nature sacramentelle de l’Eglise évoque successivement «les fondements de la conciliarité et de l’autorité», puis «la triple actualisation de la conciliarité et de l’autorité». Il est issu de travaux débutés en 1980, mais marqués par une interruption entre 2000 et 2006, en raison de différends entre catholiques et orthodoxes.
Pour la première fois, dans ce document de 46 paragraphes, catholiques et orthodoxes présents à Ravenne convient que «Rome» occupe «la première place dans la taxis (l’ordre canonique, ndlr) et que l’évêque de Rome (le pape, ndlr) est donc le protos (tout premier, ndlr) parmi les patriarches».
Mais, catholiques et orthodoxes, précise le document final de Ravenne, «sont cependant en désaccord sur l’interprétation des témoignages historiques de notre époque concernant les prérogatives de l’évêque de Rome en tant que protos». En bref, les orthodoxes signataires acceptent la primauté du pape, mais pas la façon dont il entend exercer cette primauté.
Questions cruciales
Ainsi, le document, qui aborde la question de l’interaction entre «conciliarité et synodalité» à trois niveaux différents – local, régional et universel – affirme que «la primauté est, à tous les niveaux, une pratique fermement ancrée dans la tradition canonique de l’Eglise». Il précise cependant une nouvelle fois que, «tandis que le fait de la primauté au niveau universel est accepté par l’Orient et l’Occident, il existe des différences de compréhension en ce qui concerne la façon dont elle doit être exercée, et également en ce qui concerne ses bases scripturaires et théologiques».
En conclusion, le document commun précise que lors d’une prochaine réunion, probablement en 2009, catholiques et orthodoxes devront «étudier plus en profondeur la question du rôle de l’évêque de Rome dans la communion de toutes les Eglises». Ils entendent aussi voir comment l’enseignement sur la primauté des conciles catholiques Vatican I et Vatican II doit être «compris et vécu à la lumière de la pratique ecclésiale du premier millénaire». Il s’agit, conclue le document, «de questions cruciales pour notre dialogue et notre espoir de restaurer la pleine communion entre nous».
Dans un préambule, le Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens a souligné que ce document «ne doit pas être considéré comme une déclaration magistérielle». Le dicastère chargé de l’unité des chrétiens a également précisé que le document publié avait été «approuvé a l’unanimité par les membres de la commission mixte», sans préciser que l’Eglise orthodoxe russe avait quitté la rencontre dès le deuxième jour de travaux.
En effet, au lendemain de l’ouverture de l’assemblée de Ravenne, la délégation du patriarcat orthodoxe de Moscou avait quitté la table des négociations «à cause d’un désaccord avec le patriarcat de Constantinople» qui avait invité à la rencontre une délégation de l’Eglise apostolique estonienne qui relève de son autorité. Cette dernière n’est pas reconnue par Moscou. L’Eglise orthodoxe russe a ensuite relevé que des Eglises dépendant de son autorité, comme celle des Etats-Unis ou du Japon, n’avaient d’ailleurs pas été invitées à participer aux discussions organisées à Ravenne.
En conséquence, l’Eglise orthodoxe russe a choisi d’anticiper sur Internet la publication du document fin octobre alors que les différents signataires s’étaient accordés pour qu’il soit officiellement publié le 15 novembre. Cette publication anticipée a provoqué «surprise» et «déception» au Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, où l’on ne cachait pas que cette méthode semblait vouloir compromettre le dialogue en cours. (apic/imedia/ami/pr)