Turquie: Les convertis au christianisme se cachent

«Les nouveaux chrétiens sortent des catacombes»

Istanbul, 27 décembre 2007 (Apic) «En Turquie, les nouveaux chrétiens sortent des catacombes». C’est ce que déclare un prêtre catholique, qu’a rencontré l’envoyé spécial du quotidien de la Conférence épiscopale italienne, l’Avvenire. Dans un pays où ils ne sont que 0,2 de la population, majoritairement musulmane, les convertis au catholicisme se cachent, par prudence.

«Ce soir je renais à une nouvelle vie», affirme «Katy», d’origine musulmane, qui se convertit le 27 décembre au christianisme,. Un rite à huis clos, avec juste quelques amis, pour éviter toute divulgation intempestive. «J’étais musulmane par tradition, comme tous en Turquie mais j’allais rarement à la mosquée», raconte-t-elle. Puis elle fait un rêve, qu’elle garde secret, et commence à lire la Bible, trouve un prêtre, et une communauté. Le cheminement est difficile. Son mari la quitte, des parents ébruitent son choix chrétien. Elle ne se cache pas pour autant. Etre chrétien en Turquie, un slalom entre fanatisme et nouvelle ouverture, écrit le quotidien catholique italien. Pourtant peu à peu quelque chose change dans le pays, en équilibre entre islamisme politique et laïcité juridique.

Les chrétiens sont un peu plus de 100’000, soit 0,2% de la population. Les catholiques, soit de rite latin ou des Eglises orientales, sont en tout 30’000. Pour Concetta Manfredi, Italienne née en Turquie, catéchiste, petite croix bien visible autour du cou, «il y a toujours quelqu’un qui me regarde avec un mélange de curiosité et de défiance. Je reconnais que quand je vais au marché, je cache la croix sous un châle, on ne sait jamais».

Rattachée à la paroisse de l’Esprit Saint, la cathédrale latine d’Istanbul, elle regrette que beaucoup de familles catholiques partent en Europe. «Nous vivons dans les catacombes», soupire pour sa part le prêtre Don Giuseppe Giorgi, une vie passée dans différents pays musulmans.

La visite du pape en Turquie il y a un an a laissé des traces positives pour les chrétiens, certes, mais il reste une mentalité diffuse au niveau populaire, qui considère le christianisme comme une menace contre l’identité nationale, analyse-t-il. -il.

Quant à Père Luigi, un autre Italien, 80 ans, frère capucin très connu à Istanbul, que l’on peut rencontrer dans son église de Saint-Antoine, il a passé la moitié de sa vie en Turquie. Il affirme aussi que celui qui veut recevoir le baptême chrétien doit suivre un catéchisme de 3 ans, généralement. Accusé de prosélytisme, il a failli faire de la prison et c’est sur l’intervention du ministre du culte, qui a défendu et loué son engagement religieux, qu’il y a échappé.

Il n’y a pas de statistiques sur les conversions de l’islam à la foi chrétienne, mais ce sont quelques dizaines par an, semble-t-il. A la messe de Noël il y a beaucoup de jeunes musulmans qui viennent, par curiosité, comme à un spectacle, lance le prêtre. Mais parmi eux, quelques-uns semblent fascinés. (apic/avvenire/vb)

27 décembre 2007 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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