Abattu en pleine messe par les hommes de mains de Kagamé

Canada: Le frère d’un prêtre canadien assassiné au Rwanda en appelle à la justice

Québec, 2 avril 2008 (Apic) Le frère d’un prêtre canadien assassiné au Rwanda par les hommes de mains de Kagamé en appelle à la justice canadienne. Alors qu’un tribunal espagnol vient de lancer une quarantaine de mandats d’arrêt, dont deux visent les présumés responsables des meurtres de deux prêtres québécois au Rwanda, les Pères Claude Simard et Guy Pinard, son frère, Gilles Pinard, a exprimé l’espoir que le gouvernement canadien allait enfin suivre l’exemple du gouvernement espagnol. Il réclame depuis des années l’intervention des autorités canadiennes.

Gilles Pinard espère en effet que les assassins de son frère soient mis à la disposition de la justice. Son frère Guy Pinard, membre de la Société des Missionnaires d’Afrique, a été assassiné en pleine messe devant ses paroissiens, le 2 février 1997. Il a été «éliminé» à 16 km de la ville de Ruhengeri, tout juste dix jours après l’assassinat de trois coopérants espagnols de Médecins du Monde à Ruhengeri.

L’Audience générale de Madrid – tribunal central d’instruction du Royaume d’Espagne – désigne comme responsable le lieutenant-colonel Karake Karenzi, chef des services de renseignement militaire à l’époque, dépendant du président Paul Kagamé. Le lieutenant-colonel Karake Karenzi a été nommé commandant adjoint de la Force de l’ONU et de l’Union africaine au Soudan. Interpol détient pourtant un mandat d’arrêt contre lui depuis quelques semaines.

La semaine dernière, cette force a accueilli le ministre canadien des Affaires étrangères, Maxime Bernier, en visite au Soudan. Le ministre canadien a rencontré Karenzi à cette occasion. «C’est possible que cet individu était parmi les officiers de l’ONU que j’ai rencontrés au Soudan», a déclaré Bernier aux médias canadiens le 31 mars. «J’espère que l’ONU va faire maintenant son travail concernant les chefs d’accusation internationaux portés contre cet officier». L’assassinat du Père Pinard a été classé comme un crime international.

L’armée rwandaise a voulu réduire le Père Pinard au silence

«Mon frère a été tué parce qu’il a été témoin du meurtre de trois employés espagnols de Médecins du Monde», a déclaré Gilles Pinard. «Il avait aussi découvert une fosse commune contenant 80 corps dans la cour de l’école du village où il travaillait. L’armée voulait le réduire au silence». En février dernier, le juge espagnol Fernando Andreu a émis 40 mandats d’arrêt internationaux, dont l’un concernait le lieutenant-colonel rwandais Karake Karenzi.

Le Père Claude Simard, a lui été assassiné à coups de marteau dans la nuit du 17 au 18 octobre 1994 à Kigali. Le tribunal en impute la responsabilité à Fred Ibingira, à l’époque commandant du 157e bataillon de l’Armée patriotique rwandaise (APR). Le religieux canadien s’était rendu dans la capitale pour se plaindre des disparitions et assassinats dans sa commune.

Selon l’enquête du tribunal espagnol, le meurtre des deux prêtres québécois s’inscrivait dans une opération beaucoup plus vaste menée par le gouvernement Kagamé pour éliminer tous les témoins internationaux des massacres commis par le FPR, le Front patriotique rwandais. Le tribunal d’instruction espagnol a lancé le 6 février dernier une quarantaine de mandats d’arrêt internationaux visant d’anciens membres de l’Armée patriotique rwandaise (APR), accusés d’avoir commis ou ordonné des tueries au Rwanda et en République démocratique du Congo (RDC) dans les années 90. (apic/cns/rc/be)

2 avril 2008 | 00:00
par webmaster@kath.ch
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