Pérou: Procès Fujimori: la sale guerre a été une «politique d’Etat»
Lourde accusation contre le régime d’alors
Lima, 9 avril 2008 (Apic) La déposition la plus lourde contre l’accusé dans le cadre du procès historique en cours à Lima contre Alberto Fujimori (1990-2000) a été celle transmise en ce début de semaine par vidéo du chef du «Grupo Colina».
Ce groupe, escadron de la mort, a été créé selon l’accusation pour être au service du président Fujimori pour réprimer guérilleros, sympathisants de la gauche et civils innocents durant celle qui a été surnommée la «sale guerre contre la subversion».
«Ce fut certainement une décision politique, une stratégie antiterroriste dictée par le président et mise en oeuvre par les dirigeants militaires» affirme dans une vidéo datant de l’année 2002, visionnée mardi à Lima pour la première fois dans la salle du tribunal, l’ex-major de l’armée Santiago Martin Rivas, co-auteur d’au moins deux des massacres de civils les plus connus, ceux de Barrios Altos en 1991 (15 morts) et de l’Université La Cantuta en 1992 (10 victimes).
Selon l’ex-militaire, «cette politique était celle obligatoirement menée par tous les officiers engagés dans la lutte contre le «Sendero Luminoso» et le mouvement Tupac Amaru (Mrta). Ceux qui s’y opposaient étaient jugés par les tribunaux militaires». Rivas soutient aussi que les stratégies de combat contre les groupes armés adoptées par les forces armées péruviennes furent héritées de celles utilisées par les soldats américains au Vietnam. La vidéo a été tournée dans un lieu imprécisé par le journaliste péruvien Umberto Jara, qui interviewa l’ex-officier au moins une vingtaine de fois lorsqu’il était encore fugitif.
Fin février, devant les juges, Rivas avait retiré toutes les déclarations faites à Jara. (apic/misna/pr)