Dakar: Le président sénégalais Abdoulaye Wade s’attaque violemment aux ONG
Accusées d’être des «croque-morts de la faim»
Dakar, 20 avril (Apic) Rarement chef d’Etat ne s’en est pris avec autant de violence aux Organisations Non Gouvernementales (ONG). Le président Abdoulaye Wade du Sénégal, a dénoncé avec une rare virulence «l’agitation» autour de la crise alimentaire et de l’aide en Afrique, indiquant que cette question est devenue un «business» pour nombre d’ONG.
Le chef de l’Etat sénégalais a lancé vendredi 18 avril 2008 une «Grande Offensive pour la Nourriture et l’Abondance» (GONA). «La prétendue aide alimentaire est devenue un business pour certaines ONG, voire une vaste escroquerie aux dépens des populations des pays donateurs», a-t-il affirmé devant l’ensemble des gouverneurs de régions, préfets et sous-préfets, et des membres de son gouvernement.
«Les chefs d’Etat africains pourraient chacun raconter comment des dons (alimentaires) supposés arrivent amputés largement par les divers prélèvements au passage», a-t-il lancé. Tout en qualifiant ces ONG de «faux médecins, croque-morts de la faim prompts à se pencher sur le malade, le faire remonter à flot un moment pour obtenir encore davantage de subsides», il a appelé l’Union Européenne et le Secrétaire général des Nations-Unies à lancer des enquêtes sur ce «scandale du siècle, qu’on a appelé l’économie de la faim qui enrichit les blouses noires» que sont – à ses yeux – les ONG.
Pour illustrer son propos, il a cité en exemple le Niger, qui, en 1994/95, a été déclaré «pays sinistré par la famine». «Sous ce prétexte, a-t-il dit, il a été collecté 98 millions de dollars», or le pays a reçu moins de trois millions de dollars et seulement 8’000 tonnes de céréales.
L’Afrique doit refuser de jouer le rôle «d’éternelle assistée»
Selon le président Wade, «l’Afrique doit se dresser et refuser de jouer plus longtemps, passivement, ce rôle» d’éternelle assistée. «Certes, nous avons besoin d’aide mais pas de celle dont nous ne sommes que des prétextes», a-t-il encore dit: Et de demander ensuite à la FAO de ne pas se transformer, elle aussi, en «permanence en main tendue de l’Afrique pour recevoir la pitance». Elle aussi doit cesser de «prélever 20% des aides qui passent entre ses mains et trouver ailleurs des ressources de fonctionnement».
Dans le même ordre d’idées, il a demandé que le prochain sommet de la FAO sur la crise alimentaire, convoqué à Rome début juin, ne soit pas «un de ces éternels tours de table où les médecins se penchent avec condescendance sur un malade en perpétuelle transfusion avec le sentiment que leur devoir ne va pas plus loin que le maintien en vie». «L’Afrique peut s’en sortir avec seulement une aide intelligente, sincère, efficace», a poursuivi le président sénégalais. Notons que le Sénégal a connu récemment de violentes émeutes de la faim, comme le Burkina Faso, le Cameroun ou le Zimbabwe. Les manifestations sont causées par la flambée des prix de certains produits, notamment les hydrocarbures et les céréales. (apic/ibc/be)