Phénomène développé en Afrique australe à cause de la pauvreté
Mozambique: Des organisations internationales s’inquiètent du trafic d’enfants
Maputo, 4 mai 2008 (Apic) L’ampleur du trafic d’enfants inquiète les organisations internationales au Mozambique. Des cas de jeunes filles et d’enfants vendus en Afrique du Sud, exploités et maltraités sont de plus en plus nombreux à faire la Une des journaux mozambicains.
Pour certains experts, les cas recensés ne représentent que «la partie visible de l’iceberg», rapporte le réseau d’information régionale intégrée (IRIN, une agence de presse de l’ONU). La branche mozambicaine de Save the Children-Royaume-Uni (SC-RU), citée par l’agence, indique que durant les deux premiers mois cette année, 52 cas suspects de trafic d’êtres humains ont été signalés. Ils concernent des jeunes filles et des enfants.
Pour Chris McIvor, directeur de la branche mozambicaine de SC-RU, le nombre croissant de cas rapportés par la presse laisse penser qu’il s’agit d’un phénomène «plus profond et plus répandu» en Afrique australe. «Comme pour toutes les activités illicites qui assurent des gains financiers aux personnes qui les exercent, il est très probable que bon nombre d’autres cas ne soient pas rapportés», a-t-il expliqué à IRIN. «Des milliers d’enfants sans papiers quittent chaque année le Mozambique, le Zimbabwe, le Swaziland et le Lesotho, et passent la frontière en Afrique du Sud», a-t-il ajouté.
Il n’existe pas de statistiques précises sur l’ampleur du trafic d’enfants. Mais selon les estimations d’une étude réalisée en 2003 par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et portant sur le trafic humain en Afrique australe, chaque année un millier de femmes et de mineures mozambicaines sont introduites clandestinement en Afrique du Sud pour y être exploitées.
Promesses d’emploi et de formation
Des jeunes mozambicaines découvertes à Pretoria s’étaient rendues en Afrique du Sud parce qu’on leur avait promis un emploi et une formation. S’étant rendues compte que c’est un leurre, elles sont retournées au sein de leurs familles à Maputo, la capitale du Mozambique. «Les gens sont tentés d’aller chercher ce dont ils ont besoin et ils deviennent ainsi très réceptifs aux promesses «, a fait remarquer Mandy Shongwe, directrice d’Amazing Grace, un foyer pour mineurs à Malelane, en Afrique du Sud, près de la frontière mozambicaine. La principale raison du trafic est l’ampleur de la pauvreté au Mozambique, où le taux de chômage des jeunes est élevé, alors qu’il y a des offres d’emplois illicites et peu rémunérés qui créent les conditions propices au trafic d’êtres humains.
Au cours de ces dernières années, il y a eu une plus grande implication des organisations criminelles dans le trafic d’êtres humains en Afrique australe du fait des gains extrêmement élevés et des faibles risques de sanction qu’ils encourent en cas d’arrestation. «Le trafic d’êtres humains est une activité dynamique, adaptable, et opportuniste, qui exploite les situations de conflit et de catastrophe humanitaire, ainsi que la vulnérabilité des gens», a expliqué Wiesje Zikkenheiner de l’ONUDC. (apic/ibc/bb)