Yougoslavie: les apparitions mariales de Medjugorje constestées (230490)
Rome, 23avril(APIC) «Fausses apparitions», «aveuglement», «fanatisme religieux» : Mgr Pavao Zanic, évêque de Mostar-Duvmo, en Yougoslavie, vient
à nouveau de se manifester à propos des évènements de Medjugorge, une petite bourgade de la région de Split. Quatre jeunes filles et deux garçons affirment avoir été témoins d’apparitions de la Vierge en cet endroit depuis
juin 1981. Medjugorge est devenu depuis lors un lieu de pélerinage très
fréquenté.
A l’automne 1984, Mgr Zanic avait déjà fait connaître «la position actuelle (non officielle) de la curie épiscopale de Mostar» à propos des apparitions de Medjugorge. Après avoir étudié le dossier personnellement et à
l’aide d’une commission ad hoc, il déclarait «avoir acquis la certitude morale que dans les événements de Medjugorge, il s’agit d’une hallucination
collective». L’évêque entendait ainsi, expliquait-il, arrêter le mouvement
des pèlerinages et un enthousiasme fanatique qui ne peut que «susciter la
honte de l’Eglise».
Dans son rapport, l’évêque dénonçait la manipulation des voyants par un
groupe de religieux franciscains expulsés de leur ordre pour avoir refusé
de quitter la paroisse de Medjugorge, l’exaltation pseudo-mystique déclanchée par ces derniers et la campagne orchestrée, notamment en France et en
Italie, pour susciter le mouvement de pèlerinages vers Medjugorge. L’évêque
se montrait particulièrement sévère pour l’abbé René Laurentin, qui fait
pourtant autorité sérieuse en matière d’histoire des apparitions de la
Vierge en Europe, lui reprochant de s’être fourvoyé dans cette affaire,
faute d’avoir poussé son enquête assez loin.
La Conférence épiscopale yougoslave avait pourtant décidé d’interdire
les pèlerinages à Medjugorge. Le communiqué des évêques et une déclaration
de Mgr Zanic avaient alors été publiés par «L’Osservatore Romano».La Conférence des évêques, prenant alors le relais de Mgr Zanic, en instituant sa
propre commission, a elle aussi recommandé la prudence. Sa position, contenue dans un bref communiqué du 29 janvier 1987 signé par le président de la
Conférence épiscopale et l’évêque de Mostar, reste en vigueur: «En attendant le résultat des travaux de la commission et le jugement de l’Eglise,
que les pasteurs et les fidèles observent l’attitude de prudence habituelle
dans ces situations , il n’est donc pas permis d’organiser des pèlerinages
et autres manifestations motivées par le caractère surnaturel attribué aux
faits de Medjugorge».
Voyage de Mgr Zanic à Rome pour dénoncer «la supercherie»
Depuis, aucune nouvelle directive n’avait été communiquée. Et c’est parce qu’il estime que la nouvelle commission de l’épiscopat yougoslave a pris
du retard que l’évêque de Mostar s’est rendu à Rome avec un document de
quinze pages. Mgr Zanic n’hésite pas à faire des comparaisons avec la secte
suicidaire de Jones en Guyanne ou encore avec les apparitions de San Damiano en Italie, qui ont fait l’objet de nettes mises en garde de l’Eglise.
Le document rassemble les preuves de la «supercherie».
Dans une interview accordée à l’agence italienne ANSA, l’évêque de Mostar explique que si, dans un premier temps, il a choisi de prendre la défense des voyants, en butte aux persécutions des autorités yougoslaves, il
s’est trouvé dans l’obligation de «dire la vérité» une fois que ces mêmes
autorités ont commencé à tirer profit de ce qui devenait un «miracle économique» pour la région déshéritée de Bosnie-Herzégovine, grâce aux devises
laissées par les millions de touristes étrangers qui affluaient à Medjugorge.
Au Vatican, on observe la plus grande réserve dans l’attente du verdict,
tout en invitant les Eglises locales à s’abstenir d’organiser des pèlerinages officiels.(apic/cip/ba)