Gaza: Les déclarations d’Israël «sont dénuées de tout fondement»

Une certitude: 355 enfants et 100 femmes ont été massacrés

Gaza, 16 janvier 2009 (Apic) La dernière déclaration faite par les autorités israéliennes, et plus précisément par le Premier ministre Ehud Olmert, sur le bombardement de locaux des Nations Unies – où se trouvaient des membres de leur personnel mais aussi 700 civils – qui a blessé trois employés de l’Onu a déclenché de nouvelles réactions de l’Unrwa.

Démentant la version fournie par le ministre de la Défense, Ehud Barack, Olmert a en effet déclaré que les bombardements contre l’édifice de l’Onu – dont, semblerait-il, des explosifs au phosphore blanc, expressément interdits par une Convention de Genève – avaient été prémédités, et non pas le fruit d’un accident par conséquent, en représailles à de présumés coups de feu en provenance du bâtiment. Olmert, dont ses troupes massacre la population civile de Gaza, a fait ses excuses au Secrétaire général des Nations Unis, «en visite» dans la région, déclarant avec cynisme que les troupes – réd: d’occupation – avaient été attaquées.

L’Agence Misna a recueilli la réaction de l’Unrwa en contactant son porte-parole, Sami Mshasha: «Avant toute chose, nous confirmons et réaffirmons qu’aucun combattant ne se trouvait à l’intérieur du bâtiment et qu’aucun coup de feu n’a été tiré contre les soldats israéliens». En second lieu, a déclaré Mshasha, les autorités israéliennes devraient s’accorder avant de donner des déclarations officielles qui se contredisent l’une l’autre».

Pour Mshasha, il s’agit d’un épisode similaire à celui survenu il y a quelques jours, lorsque les soldats israéliens ont bombardé trois écoles administrées par l’Unrwa et qui abritaient plusieurs centaines de réfugiés, épisode qui s’est soldé par la mort de 45 personnes, dont de nombreux femmes et enfants.

«Là aussi, précise à Misna Sami Mshasha, ils avaient parlé d’une action de représailles et là aussi, nous répétons qu’il n’y avait aucun combattant. Nous exigeons d’Israël les preuves de ce qu’il avance parce que nous, nous avons les preuves de ce que nous affirmons et jugeons désormais sans fondement leurs déclarations. En 20 jours de guerre, des centaines de civils ont perdu et continuent de perdre la vie, des milliers d’autres ont été blessés, la situation humanitaire est catastrophique et ça, c’est vrai : qu’Israël essaie donc de prouver le contraire !».

Et pendant ce temps…

Pendant ce temps, les massacres continuent sur le terrain, et les témoignages continuent de parvenir: «Après une heure environ de bombardements, qui se sont abattus sur notre bâtiment administratif et l’infirmerie, nous avons réussi à évacuer plus de 600 personnes des secteurs voisins mais de 35 à 40 de nos patients sont encore bloqués dans une autre aile de l’hôpital et, compte tenu de leurs conditions critiques, nous ne pouvons pas les déplacer»: Kalil Abou Foul, médecin du Croissant Rouge, contacté par Misna à l’hôpital Al-Quds de Gaza – un des trois établissements médicaux bombardés jeudi matin par l’aviation israélienne -, décrit une journée des plus tragiques, longues et folles depuis le début de l’offensive cyniquement nommée «Plomb durci».

C’est d’une voix lasse d’une personne qui ne dort pas depuis plusieurs jours que le médecin – qui indique par ailleurs que le fracas des explosions retentit encore à proximité de l’hôpital – ajoute : «Je suis ici depuis hier soir, dix-neuf heures. Depuis, personne n’a pu sortir du bâtiment, qui est encerclé par les chars d’assaut israéliens. Ensuite, ce matin, l’hôpital a été bombardé par plusieurs missiles et deux de nos édifices ont brûlés. Nous sommes parvenus à sauver des centaines de personnes mais pendant que nous étions attaqués, nous avons appris que le siège de l’Unrwa aussi avait été bombardé et les blessés continuaient d’affluer aux urgences, c’était fou».

À présent, les flammes ont été éteintes par les unités des pompiers qui se sont précipités peu après le bombardement «mais il a fallu des heures, au moins quatre, pour maîtriser l’incendie», ajoute Abou Foul, expliquant que «tout le matériel contenu dans les différentes ailes et infirmeries a été détruit : les bandes, les médicaments, les gants stérilisés et l’oxygène, d’autant plus précieux que les aides humanitaires n’arrivent pas. C’est une perte inestimable».

Le docteur Abou Foul confirme par ailleurs la nouvelle qui ne circulait que sur les médias palestiniens et selon laquelle des tireurs d’élite israéliens seraient présents dans le quartier de l’hôpital et, selon l’agence de presse Maan, auraient ouvert le feu contre des civils qui cherchaient refuge dans les structures du Croissant Rouge du quartier de Tel Al-Hawa. «C’est vrai, des tireurs d’élite se sont positionnés sur les toits des immeubles et tirent sur les civils. Ils l’ont fait peu après le bombardement, alors que les pompiers essayaient encore d’éteindre les flammes», assure à Misna le médecin de l’hôpital Al-Quds.

Et de conclure: «Cette longue journée semble ne jamais finir et cette nuit non plus, nous ne nous reposerons pas. Si nous nous en allions, en admettant qu’il y ait un endroit sûr où aller, qui soignerait ces femmes et ces enfants ?».

Depuis le début de l’offensive israélienne à Gaza le 27 décembre, au moins 1’133 Palestiniens ont été tués, dont 355 enfants et 100 femmes, et plus de 5’130 blessés, selon les services d’urgence à Gaza. Selon le Centre palestinien des droits de l’Homme à Gaza, 65% des morts sont des civils. Les familles des victimes et de la population palestinienne assiégé doivent aujourd’hui méditer sur la phrase lancée jeudi par Bush lors de son dernier discours: «Nous avons rendu le monde plus libre». (apic/misna/pr)

16 janvier 2009 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 4  min.
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