L’un des grands penseurs orthodoxes du XXe siècle en Occident

France: Décès du grand théologien orthodoxe Olivier Clément

Paris, 16 janvier 2009 (Apic) Le théologien et historien orthodoxe français Olivier Clément, l’un des grands penseurs orthodoxes du XXe siècle en Occident, est décédé au soir du jeudi 15 janvier à l’âge de 87 ans. Né dans une famille athée du Midi, converti à l’orthodoxie à l’âge de trente ans, ce théologien laïc et historien, a longtemps enseigné à l’Institut Saint-Serge de Paris, un institut de théologie orthodoxe fondé en 1925.

Olivier Clément a raconté son enfance, ses errances spirituelles et sa conversion dans une «autobiographie spirituelle» intitulée «L’Autre Soleil» (éd. Stock, 1975). Agrégé d’histoire, il a longtemps enseigné au lycée Louis-le-Grand à Paris. Professeur à l’Institut Saint-Serge, il était devenu l’un des témoins les plus estimés et les plus féconds de l’Orthodoxie en Occident.

Né en 1921 dans les Cévennes, Olivier Clément a été l’un des témoins les plus marquants de l’orthodoxie en Occident dans la deuxième moitié du 20e siècle, note le Service Orthodoxe de Presse (SOP) à Paris. «Parmi les théologiens orthodoxes contemporains, il a été celui qui, sans doute, a su se montrer le plus attentif aux interrogations de la modernité auxquelles il a cherché à répondre à travers une réflexion puissante et poétique, à la fois enracinée dans la Tradition de l’Eglise, mais en même temps créatrice et rénovatrice», écrit le SOP.

Estimé tant par le patriarche Athénagoras que par le pape Jean Paul II

Olivier Clément a été l’interlocuteur de plusieurs grands spirituels de son temps – le patriarche Athénagoras, le pape Jean Paul II, le prêtre et théologien roumain Dumitru Staniloaë, l’archimandrite Sophrony du monastère de Maldon, en Grande-Bretagne, Frère Roger de Taizé -, avec lesquels il nouera des relations de confiance et d’amitié. Ainsi, en 1998, il s’était vu confier par Jean Paul II la rédaction des méditations que le pape devait lire cette année-là lors de la célébration du chemin de croix du Vendredi saint au Colisée.

Olivier Clément laisse une vaste oeuvre comprenant une trentaine d’ouvrages de théologie, d’histoire de l’Eglise et de spiritualité ainsi que de très nombreux articles, parus notamment dans la revue «Contacts», dont il dirigeait la rédaction depuis 1959, poursuit le SOP. Un livre a été consacré récemment à son parcours spirituel et à son oeuvre par un jeune intellectuel français, Franck Damour, sous le titre Olivier Clément, un passeur (éd. Anne Sigier, 2003). La revue «Nunc» lui avait également consacré un important dossier (n° 7, avril 2005).

Venu d’un milieu déchristianisé du Sud de la France, c’est à la fin des années 1940, après une longue recherche dans l’athéisme et les spiritualités asiatiques, que sous l’influence de la lecture de Nicolas Berdiaiev et de Vladimir Lossky, dont il deviendra l’élève et l’ami, Olivier Clément découvre la pensée des Pères chrétiens d’Orient et reçoit le baptême dans l’Eglise orthodoxe. Agrégé d’histoire, il enseigne au lycée Louis-le-Grand à Paris. Parallèlement, pendant plus de trente-cinq ans, il assure l’enseignement de la théologie comparée et de la théologie morale à l’Institut de théologie Saint-Serge. Docteur honoris causa de l’Université de Louvain-la-Neuve (Belgique), de la Faculté de théologie orthodoxe de Bucarest, en Roumanie, et de l’Université du Sacré-Coeur du Connecticut, aux Etats-Unis, il donnera également des cours à l’Institut supérieur d’études oecuméniques, à l’Ecole cathédrale de Paris et au Centre Sèvres.

Membre du comité mixte de dialogue théologique catholique-orthodoxe

En marge de son activité d’enseignement, Olivier Clément a été particulièrement engagé dans la vie et le témoignage de l’Eglise orthodoxe en France. Consulteur du Comité interépiscopal orthodoxe de France de 1967 à 1997, il a été membre du comité mixte de dialogue théologique catholique-orthodoxe et des rencontres bilatérales orthodoxes-protestants.

Il a également inspiré les travaux de la Fraternité orthodoxe en Europe occidentale depuis sa fondation au début des années 1960 et a participé activement aux différents congrès orthodoxes d’Europe occidentale qui, depuis 1971, permettent tous les trois ans à des orthodoxes venus des quatre coins du continent de se rencontrer pour prier et réfléchir ensemble. Son rôle a été souvent capital dans le parcours de nombreux jeunes et moins jeunes, orthodoxes ou non, qui ont retrouvé un sens à leur vie grâce à ses paroles lors des conférences qu’il donnait au cours de ces rassemblements, ou ailleurs dans le cadre de rencontres oecuméniques, de colloques internationaux et d’interviews. JB/SOP

Encadré

Une oeuvre remarquable et abondante

Démontrant qu’il était possible d’être orthodoxe tout en assumant pleinement son identité française, Olivier Clément a mis la langue française au service de la théologie dans une oeuvre remarquable, tant du point de vue du style que de la pensée – il avait été pendant plusieurs années le président de l’association des écrivains croyants d’expression française. Parmi ses ouvrages, on retiendra L’Eglise orthodoxe (»Que sais-je ?», PUF, 1961, 6e éd. 1998), Byzance et le christianisme (PUF, 1964), L’Essor du christianisme oriental (PUF, 1964), Dialogues avec le patriarche Athénagoras (Fayard, 2e éd. 1976), Questions sur l’homme (Stock, 1972), L’Esprit de Soljenitsyne (Stock, 1974), Le Christ, Terre des vivants (Bellefontaine, 1975), L’autre Soleil (Stock, 1975), Le Visage intérieur (Stock, 1978), La Révolte de l’Esprit (Stock, 1979), Sources (Stock, 1982), Le chant des larmes (DDB, 1982), Corps de mort et de gloire (DDB, 1995), La Vérité vous rendra libre (J.-C. Lattès – DDB, 1996), Rome autrement (DDB, 1997), Le Christ est ressuscité: propos sur les fêtes chrétiennes (DDB, 2000), Espace infini de liberté. Le Saint-Esprit et Marie «Théotokos». (éd. Anne Sigier, 2005), ainsi qu’un recueil de poèmes, Déracine-toi et plante-toi dans la mer (éd. Anne Sigier, 1998), et de très nombreux articles, parus notamment dans la revue Contacts et dans le Service orthodoxe de presse, mais aussi dans de nombreux journaux et périodiques français et italiens. Il a aussi été le maître d’oeuvre, avec Jacques Touraille, de la traduction française de la Philocalie (DDB, 2 vol., 1995-1996). (apic/sop/be)

16 janvier 2009 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 4  min.
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