Communauté juive rassurée, mais intransigeante

Rome: L’affaire Williamson bientôt terminée selon le Congrès juif mondial

Rome, 9 février 2009 (Apic) Les représentants du Congrès juif mondial (World Jewish Congress) et du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), reçus au Vatican le 9 février 2009, ont jugé que l’affaire Williamson serait «bientôt terminée».

Après leur rencontre avec le cardinal Walter Kasper, président de la Commission pour les relations avec le judaïsme, ils se sont dit rassurés sur l’avenir des relations entre juifs et catholiques, demandant cependant des mesures si Mgr Richard Williamson, évêque de la Fraternité Saint-Pie X dont l’excommunication vient d’être levée, ne rétracte pas ses propos négationnistes.

Maram Stern, secrétaire général du Congrès juif mondial en charge du dialogue interreligieux, et Richard Prasquier, président du Conseil représentatif des institutions juives de France, ont ainsi été reçus au Vatican par le cardinal Walter Kasper, le 9 février en milieu de journée. «Après leur rencontre avec le cardinal Kasper, a ensuite indiqué un communiqué, Richard Prasquier et Maram Stern ont affirmé avec optimisme que l’affaire Williamson serait bientôt terminée et ne pèserait pas, à long terme, sur la relation entre juifs et catholiques».

Dans le même communiqué, le président du Congrès juif mondial, Ronald Lauder, a souligné que les récentes interventions du Vatican pour demander à Mgr Williamson de retirer ses propos négationnistes à moins d’en subir les conséquences étaient «un premier pas». Il a souhaité que cela soit désormais suivi par «des actions concrètes» alors que l’évêque refuse de se rétracter.

«Nous souhaitons que le Vatican réalise qu’en accueillant des antisémites comme Williamson, les travaux de 40 ans de dialogue (…) seront mis en doute», a encore indiqué Ronald Lauder. «Nous croyons maintenant que notre message a été entendu», a-t-il ajouté avant de conclure en remerciant le cardinal Kasper «pour ses prises de position sans équivoque et sa détermination à résoudre le problème».

Pour sa part, interrogé par I.MEDIA après sa visite au Vatican, le président du Conseil représentatif des institutions juives de France s’est dit «rassuré» quant à l’avenir du dialogue avec l’Eglise catholique. «Ce n’est pas Williamson qui va briser le dialogue», a ainsi estimé Richard Prasquier, soulignant pour autant que le Vatican devait «se rendre compte de la sensibilité juive vis-à-vis de la Shoah». «Cela éviterait beaucoup de malentendus et au pape d’être exposé comme il l’a été», a-t-il expliqué.

Richard Prasquier a également demandé des mesures de la part de Rome si Mgr Williamson ne retire pas les propos négationnistes tenus dans une interview récemment diffusée par la télévision suédoise. «Si le Vatican ne réagit pas, ce sera l’indignation et je ne vois pas comment le dialogue pourra se poursuivre», a précisé le président du Conseil représentatif des institutions juives de France.

Le voyage du pape en Terre Sainte serait un signe fort

Interrogé sur le voyage en Terre sainte que Benoît XVI pourrait effectuer en mai prochain, Richard Prasquier a jugé que la visite de Benoît XVI au mémorial de la Shoah, le Yad Vashem, «serait un signe fort». Pour autant, il a confié ne jamais avoir douté des intentions du pape mais plutôt «d’une certaine partie de la curie romaine».

Dans un communiqué publié un peu plus tôt, le Congrès juif mondial et le CRIF avaient salué «les paroles sans ambiguïté» de Benoît XVI en référence à la note publiée le 4 février dernier par la secrétairerie d’Etat demandant à Mgr Williamson de retirer publiquement ses propos négationnistes «absolument inacceptables» et rappelant le «terrible génocide» de la Shoah.

Les déclarations du Saint-Siège, indiquait le communiqué, «tracent un chemin sur lequel le dialogue judéo-catholique durement éprouvé, pourrait et devrait reprendre». En réaffirmant que «la négation de la Shoah n’est pas une opinion mais un crime», la note affirmait constater «avec inquiétude la négligence à cet égard de certains courants de la curie romaine».

Rendant hommage «aux catholiques, prélats et fidèles si nombreux qui partagent (leur) consternation et (les) ont assurés de leur volonté de continuer avec (eux) dans le chemin de la fraternité et de l’espérance», les responsables du Congrès juif mondial et du Crif avaient aussi jugé «impénitent, fanatique et moyenâgeux» l’antisémitisme de Richard Williamson. (apic/imedia/ami/js)

9 février 2009 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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