Pakistan: Les talibans au pouvoir dans la Vallée de Swat, plus d’ONG et de vaccins antipolio

Vers une «talibanisation» d’autres régions du Pakistan

Islamabad, 24 mars 2009 (Apic) Avec l’arrivée au pouvoir des talibans dans la Vallée de Swat, dans le nord-ouest du Pakistan, la charia (la loi islamique) s’impose depuis quelques semaines. Les conséquences sont dramatiques pour la population: les ONG ont dû s’en aller ou fermer leurs portes et les vaccinations antipoliomyélite, qualifiées de «complot sioniste», sont désormais prohibées. La loi islamique, entrée en vigueur le 16 février dernier, commence à porter ses «premiers fruits».

La trêve signée entre le gouvernement de la Province de la Frontière du Nord-Ouest (North West Frontier Province, NWFP) et le mouvement fondamentaliste Tahrik-e-Nifaz-e-Sariat-e-Mohammadi (TNSM) pour mettre fin à des années de guerre et de violences, a provoqué un phénomène de «talibanisation» croissante de la Vallée de Swat. Cette région, l’une des plus belles du Pakistan, qui était le but un temps de touristes locaux et étrangers, risque de se refermer totalement.

Le gouvernement et l’armée du Pakistan s’étaient pourtant longtemps battus pour empêcher les talibans de prendre le contrôle de cette zone stratégique, située à moins de 200 kilomètres de la capitale Islamabad. Le gouvernement pakistanais estimait récemment que les combats contre les fondamentalistes islamiques dans la vallée du Swat avaient fait plus de 1’200 morts civils.

Plus de 200 écoles de filles ont été détruites par les fondamentalistes en moins de 2 ans et celles qui sont pour l’instant restées ouvertes ont l’ordre de faire porter la burqa à l’ensemble des étudiantes.

Les talibans, qui s’opposent à l’éducation des filles, bannissent également la vaccination anti-polio, ce qui a pour résultat est que la plupart des enfants de la Vallée de Swat ne sont plus vaccinés. Ces vaccins sont accusés de provoquer l’infertilité et sont dans le collimateur des fondamentalistes parce qu’ils sont importés de l’étranger.

Les mesures prises par les talibans en vertu de leur interprétation de la charia ont entraîné la fermeture des ONG, la fin des vaccinations pour les enfants, et la perte de travail de centaines d’avocats, ce qui a provoqué un cri d’alarme de la part de la société civile et des organisations de défense des droits humains. Mehdi Hassan, vice-président de la Commission pakistanaise pour les droits humains (HRCP) du Pendjab, avertit que les talibans ne vont pas s’arrêter en si bon chemin, ayant vu qu’ils pouvaient imposer leurs buts par la force.

Cri d’alarme de la société civile et des organisations de défense des droits humains

De nombreux militants armés talibans ont été sortis de prison. Dimanche dernier, ce ne sont pas moins de 14 terroristes talibans qui ont été libérés, portant en peu de temps le nombre de libérations de ces dangereux militants à 48. Le chef des fondamentalistes du TNSM a encore interdit la présence des avocats dans les tribunaux, ce qui a provoqué la perte de travail de 500 avocats. Selon son interprétation de la loi islamique, il n’y a pas besoin d’avocats lors des procès.

Dimanche dernier également, le mouvement fondamentaliste des talibans du Pakistan (Tehreek-e-Taliban Pakistan/TTP) a ordonné à toutes les ONG de quitter la Vallée de Swat, les accusant d’être le foyer de «vulgarités et d’obscénités». En fait, c’est parce que ces organisations non gouvernementales avaient osé faire travailler ensemble des hommes et des femmes dans les mêmes locaux et sur le terrain. «C’est un fait qui va à l’encontre de l’islam et qui est inacceptable», selon le porte-parole du TTP. Les militants fondamentalistes demandent l’introduction de la charia dans d’autres districts de la Province de la Frontière du Nord-Ouest et dans les zones tribales à la frontière avec l’Afghanistan. (apic/asian/be)

24 mars 2009 | 00:00
par webmaster@kath.ch
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