Réflexion sur l’holocauste et ses négateurs
New York: Des ecclésiastiques visitent un musée juif
New York, 7 avril 2009 (Apic) La visite effectuée par des cardinaux catholiques romains français et d’autres ecclésiastiques dans un musée juif de New York leur a permis non seulement de rendre hommage aux victimes d’un chapitre peu connu de l’holocauste, mais aussi de faire front contre le déni de la shoah.
Cette visite effectuée au Museum of Jewish Heritage (Musée du patrimoine juif), à Manhattan, par une délégation de 14 cardinaux et archevêques français accompagnés de prêtres d’Allemagne, de Corée du Sud et du Ghana, avait pour objectif manifeste de donner aux leaders catholiques la possibilité de voir une exposition sur l’extermination de plus de 1,5 million de juifs en Ukraine pendant la seconde guerre mondiale.
Cependant, le contexte de l’exposition a également donné aux visiteurs la chance de s’exprimer publiquement contre le déni de l’holocauste. Ce thème a connu un fort retentissement ces dernières semaines avec la levée de l’excommunication de l’évêque catholique Richard Williamson, qui a nié que des juifs ont péri dans les chambres à gaz nazies.
«Faisons de ce moment – qu’il soit opportun ou pas – une nouvelle chance de rappeler qu’être catholique est radicalement incompatible avec le déni de l’holocauste», a déclaré le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris et président de la Conférence des évêques (catholiques) de France, au cours de la visite, le 23 mars
L’exposition, intitulée «The Shooting of Jews in Ukraine: Holocaust by Bullets» (L’exécution des juifs en Ukraine: la shoah par balles), s’intéresse aux exécutions en masse de juifs ukrainiens par des soldats allemands et leurs sympathisants ukrainiens, et aux efforts réalisés ces dernières années pour faire la lumière sur ces exécutions.
L’exposition a été créée par le Mémorial de la shoah à Paris et a été présentée en collaboration avec Yahad-In Unum, une association française enquêtant sur le génocide des juifs d’Ukraine.
Parmi les membres de la délégation se trouvait le père Patrick Desbois, directeur du Comité épiscopal pour les relations avec le judaïsme de l’Eglise catholique en France et l’un des fondateurs de Yahad-In Unum.
Avec ses collègues de l’association, le père Desbois a travaillé pendant presque une décennie à faire la chronique de ce qui s’est passé en Ukraine, en s’entretenant avec des témoins – aujourd’hui âgés – des tueries. Son livre, «Porteur de mémoires: sur les traces de la shoah par balles», relate son expérience de ses enquêtes sur le massacre.
Le père Desbois a expliqué aux journalistes au musée juif de New York que chaque meurtre commis en Ukraine était un «crime personnel … chaque tueur voyait sa victime, et chaque victime a vu son bourreau.» Il a affirmé que les croyants devaient «écouter les voix des juifs qui se trouvent au fond des fosses communes d’Europe de l’Est.»
Fanya Gottesfeld Heller, une survivante ukrainienne de l’holocauste âgée de 84 ans, a salué le travail du père Desbois. Ses parents, son petit frère et elle-même ont échappé à la mort grâce aux efforts d’un catholique ukrainien, Sidor (Izydor) Sokolowski. Fanya Heller, qui est aujourd’hui membre du Conseil d’administration du Musée du patrimoine juif, a déclaré que son sauveur et le père Desbois était des exemples de «juste parmi les Nations».
Alors que le père Desbois se tenait à ses cotés, elle a affirmé que «ce chrétien est à l’origine de choses positives.» Dans une interview accordée au correspondant d’ENI, le père Desbois a déclaré que quelles que soient la portée symbolique et l’importance de son travail en matière de relations interreligieuses, l’enquête qu’il a faite sur ce qui s’est passé en Ukraine doit être vue sous un angle humaniste. «Il n’y a qu’un seul espace : l’espace humain», a-t-il affirmé. «Tout ce que j’ai appris, je ne l’ai pas appris en tant que catholique, mais en tant qu’homme.»
Informations: www.mjhnyc.org/safrahall/visit_safra_podcasts.htm
Patrick Desbois, «Porteur de mémoires: sur les traces de la shoah par balles», 325 pages, Flammarion, Paris. (apic/eni/js)