Mauvaise humeur chez les catholiques allemands
Allemagne: Les évêques bloquent l’élection de H.-W. Brockmann comme président du ZdK
Bonn/Francfort, 6 mai 2009 (Apic) Mauvaise humeur et grogne massive chez les catholiques allemands. Une partie des évêques a bloqué l’élection de Heinz-Wilhelm Brockmann, 61 ans, comme nouveau président du ZdK, le puissant Comité central des catholiques allemands.
Le politicien démocrate-chrétien (CDU), qui est vice-président du ZdK depuis huit ans déjà, devait rassembler les deux tiers des voix pour obtenir l’agrément des évêques. Aucune raison n’a été fournie pour cette décision prise par le Conseil permanent de la Conférence épiscopale allemande qui siégeait à Wurtzbourg.
Alors que les élections à la tête du ZdK devaient se dérouler lors de son assemblée plénière vendredi 8 mai à Berlin, la direction de l’organisation a décidé de reporter le vote à l’automne. Le présidium du ZdK, dont le siège est à Bonn, a recommandé»à l’unanimité» d’adopter cette position, a confirmé son secrétaire général Stefan Vesper dans une lettre aux délégués dont le contenu a été rendu public par l’agence de presse catholique allemande KNA.
Stefan Vesper explique que dans les circonstances actuelles, Brockmann – actuel secrétaire d’Etat au Ministère de la culture du Land de Hesse – n’est pas à disposition pour le poste de président. Il n’exclut cependant pas une candidature pour une prochaine fois. Brockmann était le seul candidat pour remplacer le président actuel, Hans Joachim Meyer, ancien ministre également issu des rangs de la CDU.
Le conflit pour repourvoir la présidence de la ZdK, la structure officielle qui représente les laïcs au sein de l’Eglise catholique en Allemagne et qui rassemble plusieurs millions de membres, a fortement nui à l’image de l’Eglise catholique allemande, estime son vice-président Heinz-Wilhelm Brockmann. Dans une interview publiée mercredi 6 mai par la «Südwest Presse» de Ulm, le secrétaire d’Etat du Land de Hesse a confirmé qu’il restait à disposition pour une élection cet automne. Il a par contre retiré sa candidature pour l’élection du 8 mai, qui ne devrait pas avoir lieu.
Plusieurs membres dirigeants du ZdK se sont prononcés pour qu’à l’avenir, on ne demande plus l’assentiment des évêques – obligatoire d’après les statuts actuels – pour une telle élection, cet accord n’étant «plus conforme à l’esprit du temps». D’autres estiment qu’il faut utiliser le temps qui reste jusqu’en automne pour avoir des discussions avec les évêques et régler ce problème qui cause un grave tort à l’image de l’Eglise catholique en Allemagne.
Il semble que les évêques aient émis des réserves sur la position de Heinz-Wilhelm Brockmann concernant l’association «Donum Vitae» (*), dont il est l’un des membres fondateurs.
Le secrétaire d’Etat, «totalement surpris» par le veto des évêques, a estimé que c’est une minorité des évêques qui a réussi à convaincre la majorité. Il estime que la confiance perdue entre évêques et laïcs doit maintenant être restaurée. JB/kna
Encadré
En Allemagne, les laïcs sont très organisés
Typique pour l’espace germanophone, la forte présence les laïcs. Ces derniers sont très organisés et se retrouvent dans de puissantes associations comme dans le Comité central des catholiques allemands (ZdK). Cet engagement des laïcs rend l’Eglise allemande vivante, lui procure de l’expertise et pousse de nombreux membres engagés dans l’Eglise à trouver leur voie dans les responsabilités sociales et en politique. Mais là aussi, l’influence et l’engagement des chrétiens a tendance à s’effriter. Les conflits entre laïcs et évêques sont programmés, comme pour la polémique sur le contenu du «Katholikentag» (Journée des catholiques), le rôle des laïcs dans l’Eglise, les services de consultation pour femmes enceintes et la fondation de l’association catholique controversée «Donum Vitae» (Don de la vie) qui conseille notamment les femmes enceintes en détresse.
Conflits programmes à propos de «Donum Vitae»
«Donum Vitae» a été créé suite aux pressions vaticanes pour que l’Eglise allemande se retire des centres de consultation pour femmes enceintes, accusés de prêter indirectement la main à des avortements. Les centres délivrent en effet un certificat de consultation qui permet une interruption volontaire de grossesse dépénalisée. Le Vatican fait pression depuis longtemps afin que plus aucun catholique ne soutienne «Donum Vitae». Cette organisation laïque, fondée par d’éminentes personnalités allemandes, veut poursuivre la présence catholique dans le système étatique de consultation pour les femmes en difficulté désirant avorter. Elle estime qu’elle sert ainsi mieux la vie qu’en sortant totalement du dispositif étatique.
Depuis le 1er janvier 2001, les centres de consultation gérés par l’Eglise catholique ne délivrent plus d’attestations utilisées par l’Etat pour autoriser une interruption de grossesse. Les centres «nouvelle formule» se concentrent davantage sur les situations de détresse. Les laïcs catholiques allemands engagés dans l’association «Donum vitae» avaient déjà été rappelés à l’ordre par le cardinal Ratzinger en novembre 2000. (apic/kna/be)