Première encyclique sociale de Benoît XVI
Rome: «Caritas in veritate», la 3e encyclique après «Deus Caritas est» et «Spe salvi»
Rome, 7 juillet 2009 (Apic) La première encyclique sociale de Benoît XVI, «Caritas in veritate», publiée le 7 juillet 2009, est consacrée au «développement humain intégral dans la charité et dans la vérité». Elle entend répondre à la crise économique actuelle en affirmant que la personne humaine est «le premier capital à sauvegarder et à valoriser».
Benoît XVI y invite particulièrement au respect de l’environnement ainsi qu’au «respect de la vie». Plus largement, le pape demande la création d’»une véritable autorité politique mondiale» et appelle à «la tenue morale de la société dans son ensemble».
Cette première encyclique sociale de Benoît XVI complète la doctrine sociale de l’Eglise dont les fondations remontent à mai 1891 avec «Rerum Novarum», lettre encyclique du pape Léon XIII (1878-1903). Les deux précédentes «lettres circulaires» de Benoît XVI, «Deus Caritas est» (Dieu est Amour) du 25 janvier 2006, et «Spe salvi» (Sauvés dans l’Espérance) du 30 novembre 2007, étaient centrées sur les vertus théologales, mais l’aspect social n’y était pas délaissé pour autant.
«Deus Caritas est»
La première encyclique du pape allemand est divisée en deux grandes parties. Dans la première, à caractère théologique et philosophique, Benoît XVI entend expliquer «l’unité de l’amour dans la création et dans l’histoire du salut, établissant un lien entre l’amour de Dieu, l’agapè, et l’amour humain, l’eros.
Dans la seconde partie, le souverain pontife présente la caritas, (amour ou charité) comme l’exercice de l’amour de la part de l’Eglise en tant que «communauté d’amour», en traitant de la pratique caritative ecclésiale concrète.
Benoît XVI affirme ensuite que le rêve marxiste de «la révolution mondiale» s’est évanoui et propose la doctrine sociale de l’Eglise comme repère fondamental, dans «la situation difficile où nous nous trouvons aujourd’hui, à cause aussi de la mondialisation de l’économie». Le souverain pontife explique que l’Etat ne peut imposer la religion, mais doit en garantir la liberté, ainsi que la paix entre les fidèles des différentes religions. Il souligne que de son côté, l’Eglise comme expression sociale de la foi chrétienne a son indépendance et, en se fondant sur sa foi, «vit sa forme communautaire, que l’Etat doit respecter».
Ainsi, le pape justifie l’action caritative ecclésiale, affirmant que «l’Eglise ne peut ni ne doit prendre en main la bataille politique pour édifier une société la plus juste possible» ou «se mettre à la place de l’Etat», mais «ne peut ni ne doit non plus rester à l’écart dans la lutte pour la justice».
Le rêve marxiste de «la révolution mondiale» s’est évanoui
Le rôle des fidèles laïcs, explique encore Benoît XVI dans «Deus Caritas est», est d’agir pour un ordre juste dans la société, car «en tant que citoyens de l’Etat, ils sont appelés à participer personnellement à la vie publique». Face à la misère tant matérielle que spirituelle, en dépit des grands progrès de la science et de la technologie, face à «l’anti-culture de la mort, qui s’exprime par exemple dans la drogue», le souverain pontife présente le profil spécifique de l’activité caritative de l’Eglise, une action «indépendante de partis et d’idéologies», «gratuite» et sans «prosélytisme».
Au fil de la «lettre circulaire», le pape cite plusieurs encycliques sociales comme «Rerum Novarum» et mentionne le Compendium de la doctrine sociale de l’Eglise (2004), rédigé par le Conseil pontifical Justice et Paix.
«Spe salvi»
La deuxième encyclique du pontificat de Benoît XVI, consacrée à «l’espérance chrétienne», propose une critique de l’ambiguïté du progrès: «s’il ne correspond pas un progrès dans la formation éthique de l’homme, dans la croissance de l’homme intérieur, alors ce n’est pas un progrès, mais une menace pour l’homme et pour le monde». Puis, le pape déplore la volonté d’un «monde parfait».
Benoît XVI présente aussi une critique de la «révolution prolétarienne» de Karl Marx. «Sa véritable erreur, écrit le pape, est le matérialisme: en effet, l’homme n’est pas seulement le produit de conditions économiques, et il n’est pas possible de le guérir uniquement de l’extérieur, créant des conditions économiques favorables».
Dans «Spe salvi», le pape offre également une analyse du refus de la vie éternelle: «celui qui ne connaît pas Dieu, tout en pouvant avoir de multiples espérances, est dans le fond sans espérance, sans la grande espérance qui soutient toute l’existence». Le souverain pontife donne enfin quelques «lieux d’apprentissage» de cette «grande espérance» que sont la prière, l’action, la souffrance et le Jugement dernier. (apic/imedia/rs/be)