Europe: mise en route d’un processus «Kaïros» (210690)
Pour une Europe «en marche vers la justice»
Lyon, 21juin(APIC) «Kaïros»: un mot grec utilisé dans le Nouveau Testament, où il désigne un temps de crise et de grâce, et un appel à se convertir, à bâtir un monde «une terre où la justice habitera». Le terme désigne
aussi trois documents publiés successivement par plus de 150 responsables
d’Eglises en Afrique du Sud (1986), par les Eglises d’Amérique centrale
(1988)et par les chrétiens du Nicaragua, en commun avec sept autres pays, à
l’occasion du dixième anniversaire de la Révolution sandiniste.
Un processus semblable vient de démarrer aux Etats-Unis. Et aujourd’hui,
c’est un Kaïros européen qui est en train de se mettre en place en vue de
1992. Présentant le «Kaïros-Europe» dans «Culture et Foi» (Lyon), Marcelino
Barahona ne manque pas de mettre en rapport la colonisation de l’Amérique
latine dont 1992 marquera le 5e centenaire et la mise en place, la même année, du marché unique européen. «On est passé, écrit-il, à un niveau supérieur de la concentration des pouvoirs, ce qui affectera les groupes marginalisés d’Europe et en même temps renforcera les structures néo-coloniales
consécutives à 1492. La polarisation entre riches et pauvres découlant de
cette consolidation du pouvoir économique en Europe occidentale aura d’autre part des répercussions sur les pays de l’Est de l’Europe, car les disparités régionales vont s’accentuer. L’année 1992 souligne donc avec évidence la nécessité de coordonner les préoccupations de ceux qui luttent
pour la justice en Europe, en Asie, en Afrique et en Amérique latine. Pour
beaucoup, 1992 ne sera pas un temps de grâce, mais de menace».
Quelque 130 groupes et réseaux sont engagés dans ce «Kaïros-Europe», qui
repose sur la perspective biblique selon laquelle c’est parmi les pauvres
que l’on trouve Dieu, à travers eux que doit se vivre la libération et la
construction d’une société juste et pacifique, explique «Culture et Foi».
Ils conçoivent par ailleurs «Kaïros-Europe» comme un processus permettant
d’inclure des gens venus des horizons culturels et religieux les plus divers.
Rendez-vous à Strasbourg
Le sous-titre «En marche vers la justice» a été retenu pour donner au
processus l’image d’une dynamique continue – aussi le titre ne fait-il plus
référence à 1992. Partant de l’expérience des groupes marginaux pour s’en
nourrir constamment, ce processus fournira l’occasion de découvertes nouvelles, précise Marcelino Barahona: «Une révision de notre histoire et de
nos cultures dépassant nos perspectives nationales et nos théologies égocentriques; la découverte de partenaires dans la lutte pour la justice,
unissant des forces venues de l’Europe et du tiers monde; la connaissance
des luttes et des capacités des autres».
Pour donner une visibilité au processus, une manifestation commune «Kaïros-Europe, pour une Europe en marche vers la justice», aura lieu à Strasbourg en automne 1991 ou au printemps 1992. Ce sera l’occasion de faire un
premier bilan et surtout de relancer le processus. Strasbourg étant la ville du Parlement européen et des négociations entre l’Est et l’Ouest de
l’Europe, les groupes de base pourront y interpeller les structures de pouvoir et les inviter à entendre la voix des pauvres et des exclus. Un des
temps forts de la manifestation sera en effet un débat public au cours duquel des gens en lutte pour leur survie et pour la justice en Europe et
ailleurs pourront interroger des représentants des institutions politiques,
économiques, financières, ecclésiastiques et des médias. (apic/cip/pr)