Lyon: Les Eglises d’Europe s’offrent une vision d’unité et d’espérance

La prudence de l’Eglise catholique

Lyon, 22 juillet 2009 (Apic) Le cardinal français Jean-Pierre Ricard a réagi avec prudence au projet de rassembler, au sein d’une même organisation, les catholiques romains, les anglicans, les orthodoxes et les protestants d’Europe. Cette proposition a été faite à Lyon lors de l’Assemblée de la Conférence des Eglises européennes (KEK) par le patriarche œcuménique Bartholomée Ier, premier parmi ses pairs dans l’Eglise orthodoxe.

«S’il s’agit d’intensifier la collaboration entre la KEK et le Conseil des conférences épiscopales d’Europe (CCEE), j’y suis tout à fait favorable», a déclaré le cardinal Ricard, vice-président du CCEE, au quotidien français La Croix. «Mais je ne crois pas qu’il soit possible d’intégrer le CCEE et la KEK.»

Environ 300 délégués des 120 Eglises membres de la KEK – principalement anglicanes, orthodoxes et protestantes – et 500 autres participants ont assisté à l’Assemblée, qui s’est déroulée du 15 au 21 juillet sur le thème «Appelés à une seule espérance en Christ», inspiré de l’Epître de Saint-Paul aux Ephésiens (4,4). L’Assemblée s’est achevée sur un appel adressé aux Eglises pour qu’elles deviennent des communautés inclusives offrant à l’Europe une vision de valeurs humaines, d’unité et d’espérance, relève l’agence œcuménique ENI.

«Nous avons la vision d’une société où la dignité de l’individu se trouve au centre, où il n’y a plus ni exclusion, ni oppression, ni pauvreté», a déclaré Margarethe Isberg, prêtre de l’Eglise de Suède et vice-présidente sortante de la KEK, lors d’une prédication prononcée au culte de clôture de l’Assemblée. «L’égalité nous était déjà donnée lors de la création, mais elle a souvent été niée et remplacée par l’oppression et l’injustice entre les sexes, les races, les groupes sociaux et les pays», a ajouté Margarethe Isberg.

Dans un message publié à l’issue de la réunion, et repris par l’agence ENI, les délégués ont appelé de leurs vœux un nouvel ordre économique fondé sur la responsabilité éthique et la durabilité environnementale. «La grave crise financière doit nous inciter à distinguer l’occasion de mettre en place un nouvel ordre économique … en même temps que nous devons veiller à ce qu’en tant qu’Eglises nous investissions nos ressources financières en respectant les mêmes normes élevées que nous imposons aux autres», ont indiqué les délégués.

De nouveaux murs de séparation en Europe

L’Assemblée de Lyon marque le 50e anniversaire de la KEK, qui a été fondée au paroxysme de la guerre froide, en 1959, en tant que pont entre les Eglises d’Europe de l’Ouest et celles des pays communistes d’Europe de l’Est. Vingt ans après l’ouverture du mur de Berlin et la chute du rideau de fer, les délégués ont averti dans leur message que «de nouveaux murs de séparation viennent se dresser entre les nations, les cultures et les religions.» De nouvelles divisions naissent «entre les habitants de longue date et les migrants, les riches et les pauvres, les actifs et les chômeurs, les personnes dont les droits sont respectés et celles dont les droits sont bafoués.»

Pendant sa réunion, l’Assemblée a très largement voté en faveur d’une réforme de la KEK. Les propositions de changement pourront être adoptées lors d’une Assemblée qui se tiendra en 2013. L’évêque Martin Schindehütte, de l’Eglise évangélique d’Allemagne (EKD), avait affirmé aux délégués que ces dernières années le rassemblement d’Eglises n’avait pas été en mesure de s’adapter à la nouvelle situation en Europe. «Notre préoccupation est de faire en sorte que le témoignage des Eglises se fasse entendre dans les développements culturels, sociaux et politiques de l’Union européenne et de l’Europe dans son ensemble», a indiqué l’évêque Schindehütte.

L’archidiacre Colin Williams, secrétaire général de la KEK, a déclaré aux journalistes le 18 juillet que l’Assemblée de Lyon a été précédée par un processus de consultation avec les Eglises membres. Il a expliqué que le message que voulaient faire passer les membres est que la KEK doit être une organisation plus cohérente, «plus ciblée, adoptant une stratégie claire pour tout ce qu’elle fait.» (apic/eni/bb)

22 juillet 2009 | 17:08
par webmaster@kath.ch
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