Saint-Maurice et Fribourg: Célébration des 20 ans de la mort de Mgr Balet et du Père Gervais Aeby
Deux capucins suisses victimes de l’attentat contre le vol UTA 772
Fribourg/Saint-Maurice, 15 septembre 2009 (Apic) Il y a tout juste 20 ans, le 19 septembre 1989, un attentat terroriste visant un DC-10 de la compagnie française UTA coûta la vie aux 170 passagers et membres d’équipage du vol reliant Brazzaville, au Congo, à Paris, via N’Djaména, au Tchad. Il a explosé au-dessus du désert du Ténéré, au Niger. Parmi eux, deux capucins suisses: un Fribourgeois, le Père Gervais Aeby, provincial des capucins suisses, et un Valaisan, Mgr Gabriel Balet, évêque de Moundou, au Tchad.
Né le 14 octobre 1923 à Saint-Ours, en Singine, le Père Gervais Aeby s’était rendu au Tchad pour participer au chapitre général des Franciscaines de Donia, une communauté fondée par les Capucines de Montorge à Fribourg. Il allait disparaître en même temps que son confrère capucin, Mgr Gabriel Balet, âgé de 59 ans. Ils faisaient en effet partie des 170 passagers et membres d’équipage du vol 772 de la compagnie UTA porté disparu 20 minutes après son départ de N’Djamena. Mgr Balet dirigeait le diocèse de Moundou depuis 4 ans. Il se rendait en Suisse pour visiter des oeuvres d’entraide.
«Le sang de Gabriel Balet a fécondé la terre du Tchad»
L’évêque missionnaire avait choisi comme devise épiscopale: «Je suis au milieu de vous comme celui qui sert». Arrivé au Tchad en 1973 – il y vint en septembre pour prendre à Donia le poste d’aumônier des franciscaines et d’enseignant avant d’être nommé dix ans plus tard vicaire général du diocèse de Moundou – il est nommé évêque de Moundou en 1985.
«Mgr Balet était un évêque sage, avisé, prévoyant, courageux, proche du peuple. Vous pouvez en être fier», rappelait Mgr Charles Vandame, alors archevêque jésuite français de N’Djamena, lors du 10ème anniversaire du décès de Mgr Balet, dans son village natal de Grimisuat, en Valais. «Malgré et peut-être aussi grâce à la mort de Mgr Balet, l’Eglise au Tchad, jeune de ses 70 ans seulement, n’a cessé de se développer. Dans un pays où les catholiques sont 20% de la population pour 15% de protestants, 54% de musulmans et 11% d’adeptes des religions traditionnelles, l’Eglise veut tenir sa place et se bat en faveur de la concorde et de la justice, face aux démons de la division. Le sang de Gabriel Balet a fécondé la terre du Tchad. Nous en récoltons les fruits», déclarait-il alors.
Mgr Balet était le 6e d’une famille de huit enfants. Après son école primaire à Grimisuat et son scolasticat et collège à St-Maurice, il entre chez les capucins en 1950, sous le nom de Frère Régis. Il est ordonné prêtre en 1955, année où il obtient une licence en philosophie à l’Université de Fribourg. En 1960, il est nommé directeur du scolasticat à St-Maurice (petit séminaire devenu le Foyer franciscain), avant de partir en mission au Tchad en septembre 1973. Ordonné troisième évêque de Moundou le 12 mai 1985, il reprend son nom de baptême de Gabriel. Il a été enterré à Moundou le 4 novembre 1989.
«Dieu ne veut pas la mort, mais la vie»
Dans l’allocution prononcée à l’issue de son ordination épiscopale, il résumait ainsi son «programme»: «Soyons cette voix, au nom de Dieu, pour les hommes et les femmes qui ne peuvent pas faire entendre leur voix. […] Je veux être la voix des paysans traqués par des hommes armés lorsqu’ils cultivent, traqués lorsqu’ils récoltent, dépouillés de leur mil et de leurs arachides par des hommes armés, obligés de vendre le peu qui leur reste à des gens qui s’enrichissent sur leur dos, obligés ensuite de devenir des mendiants, oui, réduits à mendier un peu de nourriture pour ne pas mourir de faim […] Il faut que tous les responsables religieux, quel que soit le nom de leur religion, oui, il faut que nous, les responsables religieux, nous annoncions à tous que Dieu ne veut pas la mort, mais la vie, qu’il ne veut pas la guerre, mais la paix, pas la domination, mais le pardon et la collaboration. Travaillons à corriger nos cœurs, et alors, nous pourrons construire ce Tchad qu’au plus profond de nous-mêmes chacun souhaite: Tchad prospère. Tchad où il fait bon vivre en frères, tous ensemble».
Frère Gervais Aeby: «ouvrir les communautés à la dimension missionnaire de l’Eglise»
Frère Gervais Aeby – Antoine de son nom de baptême – était le fils d’un petit paysan singinois. Après sa maturité à Saint-Maurice, Antoine fit son noviciat chez les capucins dès 1944, étudia la philosophie et la théologie à Stans, Lucerne et Sion. Il fit sa profession solennelle en 1948 sous le nom de Frère Gervais, et fut ordonné prêtre en 1949. Après son doctorat en théologie en 1957 à Fribourg, iI est chargé de mission intérieure à Fribourg (1958-1960), enseigne au couvent des capucins et au grand séminaire de Sion dès 1960. En 1970, il devient Supérieur du Foyer Saint-Damien à Fribourg où vivent des jeunes qui pensent à une vocation de capucin.
En 1972, dans un contexte politique et ecclésial difficile, il est nommé administrateur apostolique du diocèse de Port-Victoria, aux Seychelles. Un poste qu’il quitte en 1975 pour reprendre la charge de la formation des prêtres à I’île Maurice et à la Réunion. De retour en Suisse en 1978, il est professeur à I’Ecole de la foi à Fribourg. En 1979, il est élu Supérieur régional pour la Suisse romande, puis en 1986 Provincial des capucins suisses.
Frère Gervais a été sans cesse préoccupé d’ouvrir les communautés à la dimension missionnaire de l’Eglise et aux questions du monde. Par son souci des pauvres, des réfugiés, des droits de l’homme, par son sens de l’accueil, il a élargi les horizons. Il est une des cinq victimes du crash du vol UTA 772 dont le corps n’a pas été retrouvé.
Le dimanche 20 septembre à 10h, une messe commémorative présidée par Mgr Joseph Roduit, abbé de Saint-Maurice, sera célébrée au Foyer franciscain de St-Maurice, tandis que la mémoire du Père Gervais Aeby sera évoquée à la même heure au cours d’une messe au couvent des capucins à Fribourg, présidée par le Père capucin Bernard Maillard. JB/Com
Des photos du Père Gervais Aeby et de Mgr Gabriel Balet peuvent être commandées à l’agence Apic: jacques.berset@kipa-apic.ch ou apic@kipa-apic.ch, tél ++41 (0)26 426 48 01 (apic/com/be)