Suisse: Places vacantes à l’aumônerie militaire
Un quart des places sont libres
Berne, 1er octobre 2009 (Apic) Un quart des postes de l’aumônerie militaire en Suisse sont actuellement vacants. Selon le chef de cette aumônerie, l’armée cherche par voie d’annonces dans les médias liés aux Eglises à remédier à ce manque. Une réflexion est menée sur la possibilité d’engager comme «apprentis» des étudiants en théologie. On réfléchit également à la possibilité d’un abaissement des critères d’engagement et à une collaboration avec les aumôniers civils. La question des imams dans l’armée n’est par contre pas soulevée.
Par Petra Mülhauser / Apic
Traduction: Jacques Schouwey
Comme les Eglises, l’armée suisse souffre d’un manque de pasteurs. A ce fait s’ajoute, selon Urs Aebi, chef de l’aumônerie militaire, le fait que les théologiens engagés dans la pastorale peuvent être exemptés du service militaire. L’engagement au service de l’armée est donc quasiment un acte volontaire pour celui qui travaille comme pasteur au sein de son Eglise. S’il s’annonce comme aumônier militaire, il doit accomplir 300 jours de service jusqu’à l’âge de 50 ans. Au vu des charges qui sont souvent celles d’un pasteur ou d’un prêtre au sein de l’Eglise, c’est un grand engagement.
Conformément à la loi militaire suisse, l’armée est tenue d’assurer un service d’aumônerie. «Nous devons accomplir cette tâche», explique Urs Aebi. C’est la raison pour laquelle quatre emplois à temps partiel ont récemment été créés, dont l’un est occupé par Stefan Staub, de Saint Gall, et un autre par le pasteur vaudois Jean-Marc Savary. L’un de ces quatre postes n’est cependant pas occupé en raison d’un gel du recrutement décrété par le Département de la Défense, de la Protection de la population et des Sports (DDPS).
Diminution des jours de service?
D’autres mesures sont en discussion, affirme le chef de l’aumônerie. L’armée cherche ainsi, par l’insertion dans les médias d’Eglise, des participants à la formation pour l’année prochaine. Urs Aebi parle aussi d’une sorte d’apprentissage pour étudiants en théologie, avec pour corollaire, par exemple, la diminution du nombre de jours de service. Il s’agit en outre de redéfinir le nombre de personnes dont un aumônier militaire peut s’occuper. Jusqu’à maintenant, en général chaque bataillon disposait de son aumônier. Cela correspond à environ mille personnes pour un aumônier, un rapport bien meilleur qu’à celui qui a lieu dans les Eglises.
La réflexion porte aussi, selon le responsable, sur ce qu’on appelle l’aumônerie coordonnée: on pourrait très bien faire appel à des aumôniers civils pour assumer des services religieux ou rendre visite aux malades au sein de l’armée. La proposition émane de l’évêque de Sion, Mgr Norbert Brunner, responsable au sein de la Conférence des évêques suisses de l’aumônerie militaire.
Les actuels aumôniers militaires effectuent, en raison du manque d’effectifs, plus de service que prévu et atteignent la «retraite» avant 50 ans. Vu qu’ils vont quitter le service militaire plus tôt, le problème de la pénurie ira en s’aggravant.
Pas d’imam prévu
Et qu’en est-il des autres communautés religieuses? De plus en plus de musulmans acquièrent la nationalité suisse et, avec elle, des obligations, dont celle du service militaire. Y aura-t-il bientôt un imam aumônier à l’armée, comme le laissent déjà supposer de nombreux médias ? «Cela ne se passe pas du tout comme cela», affirme Urs Aebi. Il renverse la question en demandant: «Pourquoi l’armée suisse devrait-elle avoir un imam, alors que l’armée turque n’en a pas?». L’Autriche a récemment créé une aumônerie militaire musulmane, mais l’imam n’y est pas formé comme aumônier militaire et ne porte pas l’uniforme, tonne Urs Aebi.
«Nos aumôniers militaires ont la mission de travailler de manière œcuménique et d’accepter les membres d’autres confessions et communautés religieuses. Dans le cas où un soldat ou membre de l’armée souhaite rencontrer un imam ou un responsable d’une autre communauté religieuse, nous organisons une telle rencontre», affirme le chef de l’aumônerie. Mais cela arrive rarement, dit-il.
Stefan Staub, premier aumônier militaire catholique engagé a temps partiel, a eu parfois l’occasion d’être confronté à des questions venant de pratiquants musulmans. Comme tous les aumôniers militaires, il a suivi une formation avec un imam. Les questions qui reviennent souvent, selon Stefan Staub, sont celles de savoir comment un musulman peut respecter les lois alimentaires prescrites par sa religion durant son temps de service militaire. En règle générale, ils devraient manger végétarien, dit-il, car il n’y a pas de viande issue du processus d’abattage prescrit par le Coran (égorgement). Un lieu de silence et de méditation est en règle générale mis à disposition des musulmans, mais ils doivent le partager avec les chrétiens. (apic/job/js)