«Réelle perte d’influence» de la France au Vatican
France: Une mission parlementaire dresse un sombre tableau des rapports France/Vatican
Paris, 4 novembre 2009 (Apic) Le groupe d’études de l’Assemblée nationale française sur les relations avec le Saint-Siège vient de publier un «rapport d’information» évoquant les liens bilatéraux «étroits» mais aussi «la réelle perte d’influence» de la France au Vatican.
Mis en ligne sur Internet le 3 novembre 2009, ce rapport où apparaissent certaines erreurs évoque également les «dysfonctionnements» ou les «rivalités» au sein de la curie romaine, ainsi que des collaborateurs du pape qui ne seraient «plus toujours en phase avec la réalité». Il s’inquiète, aussi, de la possible diminution à venir des effectifs et des moyens de l’ambassade de France près le Saint-Siège.
De retour d’une mission effectuée du 14 au 17 septembre dernier au Vatican à la tête d’une délégation de 7 parlementaires français, le député Jacques Remiller (UMP, droite) écrit en premier lieu que la France «a toujours entretenu des relations étroites voire exceptionnelles avec le Saint-Siège». Il souligne cependant aussitôt que «l’influence de la France décline» et que «persistent des points de divergence» entre la France et le Saint-Siège, «en particulier dans les domaines de la bioéthique (…), des droits sociaux et de l’immigration clandestine».
S’il évoque le «renforcement du dialogue institutionnel» bilatéral depuis l’élection de Nicolas Sarkozy, le rapport fait donc aussi état de «la perte d’influence» de la France au Vatican, indiquant d’abord qu’il n’y aurait «plus que deux cardinaux (français, ndlr) au sommet de la hiérarchie». Et de citer «le cardinal Dominique Mamberti» (sic) et «le cardinal Louis Tauran» (sic). Le secrétaire pour les relations avec les Etats est ainsi élevé au rang de «cardinal» tout au long du rapport.
Le rapport parlementaire note aussi «le recul» de la langue française au Vatican ainsi que «l’absence de tout Français dans les promotions de l’Ecole des nonces». Cependant, a appris I.Media, alors que le document était rédigé, un prêtre du diocèse de Strasbourg a fait son entrée à l’Académie ecclésiastique pontificale.
Le document signale en outre les «interrogations du Saint-Siège» après le choix des autorités françaises de placer en «catégorie 3» l’ambassade de France et donc de diminuer, à terme, ses «effectifs» et ses «moyens», ainsi que face aux «doutes (…) sur le maintien d’une ambassade bilatérale spécifique près le Saint-Siège et sur la conservation de la Villa Bonaparte qui lui est affectée». Avec la longue vacance du poste d’ambassadeur (décembre 2007 – octobre 2008), indique encore le rapport, il s’agit «de mauvais signaux envoyés aux autorités de la curie».
Le pontificat de Benoît XVI
Une longue partie du rapport de Jacques Remiller se penche aussi sur le pontificat de Benoît XVI. S’il relève que «de nombreux événements montrent que le style du nouveau pape rencontre une adhésion des fidèles», il juge aussi que «l’équipe qui entourait Jean Paul II a vieilli et n’est sans doute plus toujours en phase avec la réalité».
Sans excès de diplomatie, le rapport stipule ensuite que «le risque de dysfonctionnements voire d’un manque de gouvernance n’est pas écarté», et fait mention de «rivalités» qui «peuvent surgir, par exemple entre la Secrétairerie d’Etat, plus sensible aux enjeux internationaux et aux réactions diplomatiques, et certains dicastères ou la préfecture de la Maison pontificale».
«Au-delà des critiques susceptibles d’être apportées aux excès des médias, la délégation (de députés, ndlr) a le sentiment que la communication du Saint-Siège souffre d’un déficit d’organisation et de moyens», affirme aussi le rapport avant d’évoquer l’absence, au Vatican, de «service de communication à proprement parler», mais aussi de «l’impréparation de la communication» et de «la maladresse des réactions».
Radio Vatican, dans la matinée du 4 novembre, s’est fait l’écho de ce rapport assez sombre en donnant la parole à son auteur, le député de l’Isère Jacques Remiller. Dans l’interview accordée à la «radio du pape», il évoque en particulier la part de responsabilité de l’Eglise de France dans la perte d’influence de son pays au Vatican.
Quant au quotidien catholique La Croix, il a choisi de donner la parole à l’historien français Philippe Levillain. S’il reconnaît que «la présence française est moins visible» au Vatican, ce spécialiste de la papauté signale également que «c’est la France qui s’intéresse beaucoup moins au Saint-Siège qu’avant, ou seulement pour des questions franco-françaises» comme la «laïcité» ou le «fait religieux». (apic/imedia/ami/pr)