Maroc: Le Conseil supérieur des oulémas condamne l’interdiction de construire des minarets
Pour le mufti d’Egypte : «c’est une insulte contre les musulmans»
Rabat, 1er décembre 2009 (Apic) Le Conseil supérieur des Oulémas du Maroc (CSOM) a condamné, lundi 30 novembre, le vote de l’interdiction de minarets dans les mosquées en Suisses, qu’il considère comme une «forme d’extrémisme et d’exclusion». Pour le grand mufti d’Egypte, c’est une « insulte contre tous les musulmans ».
Dans un communiqué diffusé par l’agence «Maghreb arabe presse» (MAP, agence officielle) le Conseil a dénoncé «cette orientation, quelle qu’en soit l’origine.
Le CSOM a exprimé son étonnement sur cette position qu’il estime «contraire à l’image» civilisée que les musulmans se font de la Suisse». Il a souhaité que les sages de ce pays conçoivent une démarche qui annulerait cette interdiction.
«Les minarets des mosquées où qu’elles se trouvent (dans le monde) sont des porte-voix servant à l’appel cinq fois par jour à des valeurs pour lesquelles milite toute l’humanité», a souligné le Conseil. Il a ajouté que ces valeurs sont transmises par le muezzin, comme message prônant «l’attachement à l’unicité de Dieu, le bannissement de l’égoïsme et la recommandation des bienfaits». «Il s’agit là, a poursuivi le communiqué, d’un appel que l’humanité se doit de conforter et que nul n’est en droit de taire, particulièrement en cette époque».
De son côté, l’Organisation islamique pour l’éducation, les sciences et la culture (ISESCO), -l’équivalent de l’UNESCO pour les pays musulmans dont le siège est à Rabat, au Maroc-, a exprimé son «étonnement» des résultats de la votation de dimanche en Suisse. Le résultat de ce vote est «totalement contradictoire avec les dispositions de la Déclaration universelle des droits de l’Homme, la Convention internationale sur la diversité culturelle et l’initiative internationale Alliance des civilisations», a souligné l’ISESCO dans un communiqué.
Risque d’exacerbation des sentiments de haine et d’hostilité
Pour l’organisation, les résultats du référendum de dimanche ne manqueront pas d’exacerber les sentiments de «haine et d’hostilité», d’accentuer aussi la «discrimination religieuse et raciale». Ils pourront également inciter d’autres pays à agir de la même manière contre les minorités qu’ils accueillent sur leur territoire, empêchant celles-ci d’exercer leur droit à la liberté de culte que leur garantit le droit international.
L’ISESCO a appelé les organisations, institutions et centres culturels islamiques en Suisse et dans les autres pays européens à agir dans le cadre d’une «campagne civilisée» pour démontrer les «conséquences néfastes» que peuvent entraîner ces résultats.
Elle a lancé un appel au Conseil des religions en Suisse, afin d’intervenir et de présenter la «véritable image» de l’Islam à l’opinion publique.
Elle a enfin mis en garde la Suisse contre les effets négatifs de la votation dans ses relations avec les pays musulmans.
En Egypte aussi, des voix se sont élevées contre l’interdiction des minarets en Suisse. Le mufti du pays, Ali Gomaa, s’est dit «indigné» par l’adoption de l’initiative des anti-minarets.
Dans une déclaration rapportée par les médias égyptiens, le guide religieux a déclaré que cette initiative est une «attaque contre la liberté de croyance et une insulte aux sentiments de la communauté islamique en Suisse et à l’étrange». Il s’est dit «préoccupé» par ce «précédent dangereux», car, a-t-il estimé, il pourrait aggraver «les sentiments de haine et de discrimination contre les musulmans» en Suisse et dans les autres pays non musulmans.
Par ailleurs, l’animateur d’une émission populaire de Radio France internationale (RFI) a consacré son émission matinale d’aujourd’hui mardi à la votation anti-minarets en Suisse. Pour montrer l’iniquité de cette initiative, il a estimé que la prochaine (initiative) en Suisse contre les musulmans serait d’interdire à «tous ceux qui portent des noms musulmans, d’acheter du pain pour éviter une pénurie». Ensuite, une autre initiative viendra. Elle interdirait aux musulmans en Suisse, de respirer de l’oxygène pour ne pas créer de pénurie, là aussi». (apic/ibc/js)