«Images saintes. Maître Denis, Roublev et les autres»

Martigny: Les icônes russes de la Galerie nationale Tretiakov de Moscou font un tabac

Martigny, 4 janvier 2009 (Apic) Depuis un mois, les visiteurs venus de toute la Suisse, mais également de l’étranger, découvrent à la Fondation Gianadda, à Martigny, une soixantaine d’icônes prêtées par la Galerie nationale Tretiakov de Moscou. Ils pourront voir ces œuvres tous les jours jusqu’au 13 juin 2010 à l’enseigne de l’exposition «Images saintes. Maître Denis, Roublev et les autres». Selon la Fondation, depuis le 3 décembre dernier, plus de 12’000 visiteurs ont déjà fait le déplacement à Octodure, la petite cité valaisanne qui peut s’enorgueillir de son passé celte et romain.

C’est en fait la troisième fois que la Fondation présente des icônes venant de la Galerie Tretiakov. En 1997, avec «Les Icônes russes», le public découvrait des thèmes chrétiens traditionnels tels que La Nativité, Le Baptême du Christ, La Crucifixion, La Dormition et également des scènes issues de l’Ancien Testament. En 2000, l’exposition «Les Saints russes» initiait les visiteurs à l’histoire russe et les familiarisait à cette culture par le biais de ses icônes, de ses contes, de ses légendes, avec ses héros et ses martyrs.

L’exposition «Images saintes. Maître Denis, Roublev et les autres» présente, à travers 64 icônes, les thèmes traditionnels de l’Ancien et du Nouveau Testament, ainsi que les docteurs de l’Eglise, les Apôtres, etc. Mais surtout, certaines icônes ont été réalisées par des peintres qui ont marqué cet art religieux tels Maître Denis et Andreï Roublev. Ce dernier, dont la biographie est en fait peu connue, a été rendu célèbre par le film russe d’Andreï Tarkovski, tourné en 1966 en Union soviétique et sorti en 1969.

Canonisé par l’Eglise orthodoxe russe en 1988, Andreï Roublev – Saint André l’Iconographe – est un moine né vers les années 1360 et mort vers 1430. Il fut l’assistant du peintre d’origine grecque Théophane le Grec et son œuvre perpétue la tradition byzantine, tout en s’affranchissant des canons grecs et en développant la sensibilité russe. Sa célèbre icône de la Trinité est un objet de culte pour les visiteurs de la Galerie Tretiakov, où elle se trouve depuis 1929. A Martigny, le visiteur peut admirer, d’Andreï Roublev, deux grands panneaux d’un iconostase (une cloison d’icônes qui sépare le sanctuaire, où se célèbre l’Eucharistie – le monde divin -, de la nef, où se tiennent les fidèles) d’une hauteur de plus de trois mètres…

Deux œuvres d’Andreï Roublev, d’autres de Maître Denis

Il peut également apprécier les œuvres de Maître Denis, qui a vécu également au XVe siècle. Son atelier participe à la décoration de nombreuses églises. Son but est de «représenter la beauté qui n’est pas de ce monde» et de provoquer une élévation morale et spirituelle du croyant, peut-on lire dans la présentation de l’exposition, dont le commissariat est assuré par Nadejda Bekeneva, cheffe du département d’art russe ancien de la Galerie Tretiakov.

La plus ancienne icône présente à Martigny date du XIVe siècle et représente La Sainte Face. Selon la tradition, le Christ laisse miraculeusement son vrai visage imprimé sur le linge avec lequel Véronique lui essuie la face dans la montée au Calvaire. Quelques scènes de l’Ancien Testament – L’Arbre de Jessé, La Sainte Trinité ou la Création du monde – amènent à la vie de Jésus évoquée dans plusieurs images saintes avec Le Baptême, La Transfiguration, L’Entrée à Jérusalem. Certaines icônes font référence à l’existence de Marie: La Présentation de la Vierge Marie au Temple, la Sainte Vierge du Signe, La Sainte Mère de Dieu allaitant.

Le visiteur amené au cœur de la spiritualité orthodoxe.

L’exposition présente un vaste panorama couvrant une période allant du XIVe au XVIIIe siècle, permettant au visiteur de se familiariser avec la théologie vivante exprimée par ces icônes russes qui reflètent la beauté de Dieu et de ses saints et l’amène au cœur de la spiritualité orthodoxe.

La Galerie Tretiakov à Moscou, considérée comme l’une des plus belles collections au monde, porte le nom de Pavel Tretiakov (1832-1898), marchand russe et industriel. Propriétaire d’une fabrique de textile à Kostroma, de maisons d’habitation à Moscou et de magasins vendant des draps et des tissus de lin, il a débuté sa passion de collectionneur à l’âge de 28 ans. Le mécène cède sa Galerie à la ville de Moscou en 1892, à l’époque tsariste. Elle sera enrichie plus tard d’icônes en provenance d’églises désaffectées supprimées, voire détruites, à l’époque communiste. (apic/be)

4 janvier 2010 | 11:34
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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