Jérusalem : Les rabbins ultra-orthodoxes s’opposent aux atteintes portées aux chrétiens

« L’hostilité envers d’autres croyances est un péché »

Jérusalem, 14 janvier 2010 (Apic) Depuis quelques mois, menaces et actes de violence se multiplient envers les chrétiens de Jérusalem. La police soupçonne de jeunes juifs orthodoxes être à l’origine de ces méfaits. Marquant leur désapprobation face à de tels actes, les rabbins ultra-orthodoxes publient une lettre qui en appelle au respect des non-Juifs.

Jérusalem, 14 janvier 2010 (Apic) Depuis quelques mois, menaces et actes de violence se multiplient envers les chrétiens de Jérusalem. La police soupçonne de jeunes juifs orthodoxes être à l’origine de ces méfaits. Marquant leur désapprobation face à de tels actes, les rabbins ultra-orthodoxes publient une lettre qui en appelle au respect des non-Juifs.

Il y a quelques semaines, un inconnu inscrivait, de nuit, des menaces sur les murs de la Basilique de la Dormition, à Jérusalem. « Mort aux chrétiens », pouvait-on y lire en gros caractères hébraïques. Non loin, sur la porte de l’église des Franciscains se trouvaient également des inscriptions calomnieuses en anglais telles que « Nous avons tué Jésus » ou « Foutez le camp ». Le malaise n’a pas duré: dès les premières heures du matin, la municipalité, alertée, faisait enlever ces graffitis indésirables.

Les membres des ordres chrétiens de la ville sainte sont déjà presque habitués aux menaces et insultes. Les couvents sont souvent le théâtre de déprédation, surtout lorsqu’ils se trouvent dans le voisinage de groupes juifs radicaux tout comme dans des zones sensibles à population majoritairement musulmane : entrées de cloîtres souillées d’urine ou de déchets, chats morts jetés dans leurs cours, bouteilles de verre fracassés contre leurs murs, sans compter les crachats contre des pères ou les injures proférées à l’égard des sœurs.

Un nombre de plaintes croissant

Depuis quelques mois, les plaintes se multiplient à la municipalité et auprès du gouvernement : d’après des observateurs, un signe de cette intolérance grandissante réside dans les nombreuses organisations parallèles de Jérusalem. « Selon les soupçons de la police, les graffitis seraient l’acte d’une jeunesse exaltée », a expliqué l’abbé bénédictin Benedikt Lindemann, de la Basilique de la Dormition. Le site de la communauté allemande en terre sainte se trouve sur le Mont Sion, dans le voisinage direct du bâtiment où les chrétiens adorent le Cénacle et les juifs la tombe de David.

Un centre d’étude pour les jeunes juifs étrangers, « Diaspora-Yeshiva », y a également son siège. On ignore si les auteurs viennent de là. Mais, selon l’abbé, punir les coupables n’est en tous les cas pas là le problème. «La question est plutôt de savoir où ces jeunes ont acquis de telles pensées».

Réunion extraordinaire

Pour connaître la source des idées des juifs orthodoxes, la municipalité de Jérusalem s’est adressée, selon la suggestion d’un diplomate polonais, à la direction d’une communauté haredi d’un quartier au nord de Jérusalem, Méa Schéarim, réputé ultra-orthodoxe. On a en effet remarqué, dans les alentours de ce quartier historique extrêmement religieux, l’apparition récente et accrue d’actes de violence contre les institutions chrétiennes et leur personnel.

Lors d’une réunion extraordinaire, présidée par le maire Nir Barkat, le rabbin de la communauté haredi « Edah Haredit », Schlomo Papenheim, a présenté une lettre du tribunal religieux de sa communauté dans laquelle les atteintes envers d’autres confessions religieuses sont clairement condamnées. La réunion fut inhabituelle, puisque la «Edah Haredit » – par opposition au juif laïc Nir Barkat – est strictement anti-sioniste et s’oppose à la création d’un Etat juif qu’elle considère comme un obstacle à la venue du Messie.

« Strictement interdit »

Harceler des non-Juifs est strictement interdit d’après le code de conduite juive, lit-on dans la lettre des rabbins haredim. En outre, les « méfaits honteux de jeunes inconscients» menacent, par leur péché, insiste la lettre, leur propre peuple de punition divine. Chaque membre de la communauté doit oeuvrer à mettre fin au trouble.

La municipalité espère désormais que ces mots clairs aient un retentissement au moins dans les milieux ultra-orthodoxes. Selon les observateurs, il y a peu de chance que la lettre des rabbins haredim reçoive l’attention des groupes juifs nationalistes de la vieille ville. (apic/kna/lcg)

15 janvier 2010 | 12:09
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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