Rome: Le nombre de femmes travaillant au Vatican augmente lentement
Mais elles occupent exceptionnellement des postes importants
Rome, 5 mars 2010 (Apic) Le 8 mars 2010, comme chaque année depuis 1977, les Nations unies célèbreront la Journée internationale pour les droits de la femme. Au Vatican, si un peu plus de 20% des employés sont des femmes, celles-ci occupent pourtant exceptionnellement des postes importants. Néanmoins, d’une année sur l’autre, leur nombre augmente – très lentement – dans l’administration du Saint-Siège.
En 30 ans, le pourcentage des femmes travaillant au sein de la curie romaine a doublé, passant ainsi de 11% à 22% aujourd’hui. Cependant, à ce jour, deux femmes seulement occupent un poste important au sein de la curie romaine. Dans les deux cas, il s’agit d’un poste de ›numéro trois’ au sein d’un dicastère. Ainsi, les plus hautes responsabilités de préfet, de président, et de secrétaire de dicastère chargés de gouverner ne peuvent être attribuées qu’à des hommes ayant reçu «le sacrement de l’ordre», c’est-à-dire des prêtres. Jean Paul II l’avait confirmé dans la Constitution Pastor Bonus, en 1988, visant à réorganiser la curie.
Deux femmes ›sous-secrétaires’
La première des deux responsables féminines est une religieuse salésienne italienne. Sr Enrica Rosanna avait été nommée sous-secrétaire de la Congrégation pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique par Jean Paul II le 24 avril 2004.
En janvier dernier, Benoît XVI a placé à son tour une femme, laïque de surcroît, à un poste à responsabilité. Le 21 janvier, le pape avait alors nommé une Italienne de 61 ans, Flaminia Giovanelli, au poste de sous-secrétaire du Conseil pontifical Justice et Paix. Cette nomination avait alors été présentée au Vatican comme révélatrice de «la grande confiance» de Benoît XVI envers «la femme».
Avant Flaminia Giovanelli, de 1966 à 1976, la laïque australienne Rosemary Goldie avait occupé le même poste. Première femme nommée à une haute fonction au Vatican, elle est décédée le 27 février en Australie, à l’âge de 94 ans.
Une autre femme fait cependant figure de symbole au Vatican. Nommée comme Sr Enrica Rosanna en 2004 par Jean Paul II, l’Américaine Mary Ann Glendon, un temps ambassadeur des Etats-Unis auprès du Saint-Siège, est encore aujourd’hui la présidente de l’Académie pontificale des sciences sociales.
Souvent citée, une autre Américaine, la religieuse Judith Zoebelein, fut responsable du site Internet officiel du Vatican pendant une dizaine d’années. Mais elle fut ensuite chapeautée par un prêtre et a désormais changé d’affectation.
D’autres femmes occupent des postes au sein des institutions vaticanes comme Letizia Pani Ermini, à la tête de l’Académie pontificale romaine d’archéologie, ou Claudia di Giovanni, directrice de la Cinémathèque vaticane.
40 femmes à la Secrétairerie d’Etat
Plusieurs femmes collaborent à la Secrétairerie d’Etat, essentiellement dans les différentes sections linguistiques. Ainsi, sur les quelque 200 membres du ›secrétariat du pape’, un peu plus de 40 sont des femmes, laïques, religieuses ou bien sœurs consacrées. Parmi elles, la discrète Ingrid Stampa, ancienne gouvernante de Benoît XVI, est particulièrement en charge de déchiffrer l’écriture de son ancien ›patron’.
Outres les religieuses en charge de la Maison Sainte-Marthe ou du dispensaire pour les enfants pauvres, 7 religieuses visitandines cloîtrées vivent dans le couvent ›Mater Ecclesiae’, situé au cœur des jardins du Vatican. Elles prient aux intentions du pape et entretiennent un petit potager qui alimente, en particulier, la table de Benoît XVI.
Les femmes sont surtout plus nombreuses dans des rôles administratifs, ainsi que dans certains Conseils pontificaux (Justice et Paix, laïcs, famille…). Elles sont également bien représentées à Radio Vatican. L’une d’entre elles, Romilda Ferrauto, est responsable du programme en français de la ›radio du pape’.
C’est probablement l’appartement de Benoît XVI qui fait figure d’exemple en matière de parité au Vatican. Ainsi, outre ses deux secrétaires et son majordome, le pape allemand est entouré de quatre femmes, laïques consacrées, du mouvement italien ›Communion et libération’. Carmela, Emanuela, Loredana et Cristina assurent au quotidien les tâches d’intendance dans son appartement privé. D’autres religieuses, enfin, ont la charge du standard téléphonique de l’Etat pontifical.
Sur le terrain ecclésial, à travers le monde, les femmes sont généralement plus nombreuses au sein des fidèles de l’Eglise à travers la planète. Par ailleurs, on compte aujourd’hui dans le monde quelque 460 000 évêques, prêtres ou religieux, contre quelque 740 000 religieuses. I.MEDIA/AMI
Encadré :
Pour le cardinal Turkson, trop peu de femmes ont étudié la théologie
Le cardinal ghanéen Peter Turkson, nouveau président du Conseil pontifical Justice et Paix, a expliqué à I.MEDIA la cause, à ses yeux, du nombre peu élevé de femmes au sein de la curie. «Il ne s’agit pas de savoir comment l’Eglise évalue le rôle de la femme mais plutôt de noter que, pendant longtemps, les femmes n’ont pas étudié la théologie», a ainsi soutenu le haut prélat. «Pour travailler dans les dicastères romains, on exige des études théologiques et, à son sens, c’est pour cela qu’il y a encore peu de femmes à des niveaux élevés dans les dicastères». Pour autant, le cardinal Turkson a estimé que «les choses commencent à changer car plusieurs femmes étudient désormais la théologie». (apic/imedia/ami/bb)