Népal: Un groupe cherche à restaurer l’hindouisme comme religion d’Etat
Inquiétude des minorités religieuses
Katmandou, 10 mars 2010 (Apic) Un groupe cherche à restaurer l’hindouisme comme religion d’Etat au Népal. Source d’inquiétude pour les minorités: des chapiteaux ont été installés près du temple de Pashupatinath, à Katmandou, la capitale népalaise. Ils font penser à un carnaval où les gens affluent du matin jusqu’au soir.
Pour certains membres de religions minoritaires, y compris pour les quelque 700’000 chrétiens, qui bénéficient de la liberté de religion depuis 2006, ce rassemblement hindou est en effet source d’inquiétude. L’organisation Christian Solidarity Worldwide a averti que la nouvelle Constitution du Népal, qui entrera en vigueur en mai, ne permettra pas aux gens de se convertir d’une religion à une autre.
Kalidas Dahal, un hindou qui prétend avoir des pouvoirs surnaturels, tient un rassemblement de prière sur neuf jours pour prouver au gouvernement de coalition que l’hindouisme jouit encore d’un fort soutien de l’opinion publique au Népal, indique l’Agence ENI.
Autrefois le seul royaume hindou au monde, le Népal a été déclaré Etat laïc par son Parlement en 2006 et la monarchie a été abolie deux ans plus tard pour punir le roi de s’être emparé du pouvoir. Aujourd’hui, les groupes hindous font pression sur le gouvernement pour restaurer l’hindouisme au rang de religion d’Etat.
La demande de Kalidas Dahal est appuyée par le Rastriya Prajatantra Party-Nepal (RPP-Nepal, Parti national-démocratique du Népal), le seul parti au Parlement à soutenir la monarchie et l’hindouisme. Bien qu’il n’ait remporté que quatre sièges sur 601 aux élections de 2008, les membres du RPP-Nepal sont déterminés à montrer qu’ils constituent une force avec laquelle il faut compter.
Le 22 février, le parti pro-hindouisme avait paralysé la capitale népalaise avec une grève générale, puis le jour suivant il avait créé un blocus devant les bureaux du Premier ministre et d’autres ministères. Il a mis en garde contre de nouvelles manifestations si l’on ne répondait pas à ses exigences.
«Nous voulons un référendum avant la promulgation de la nouvelle Constitution le 28 mai», a déclaré à ENI Kamal Thapa, chef du RPP-Nepal. «On devrait permettre aux gens de pouvoir décider si la monarchie et l’hindouisme doivent être restaurés».
Kamal Thapa, qui était le ministre de l’Intérieur du monarque déposé, affirme que son parti a lancé une pétition en faveur du référendum. Malgré l’opposition des anciennes guérillas maoïstes, dont l’insurrection armée pendant une décennie a conduit à l’abolition de la monarchie et de la religion d’Etat, plus de deux millions des 27 millions d’habitants du Népal ont répondu à l’appel du RPP-Nepal.
Dans un pays où près de 75% de la population est hindoue, Kamal Thapa affirme que l’hindouisme est nécessaire pour préserver l’identité culturelle du Népal. «Si la nouvelle Constitution est mise en œuvre sans le référendum, les gens ne la respecteront pas et le pays ne connaîtra pas la paix», met en garde le chef de parti.
«Il y aura toujours une opposition à la laïcité», affirme Anthony Sharma, le premier évêque catholique du Népal, désigné par le Vatican en 2007. «Nous ne voulons pas spéculer sur ce qui va se produire à l’avenir. La Constitution de 1991 était progressiste; nous espérons que la nouvelle le sera encore plus». (apic/eni/pr)