Rome: Il y a 5 ans, Jean Paul II vivait sa dernière Semaine sainte
Malade, le pape n’avait pu présider aucune des cérémonies
Rome, 19 mars 2010 (Apic) Le 20 mars 2005, il y a 5 ans, débutait la dernière Semaine sainte du pontificat de Jean Paul II (1978-2005). Quelques jours après sa sortie de l’hôpital romain ›Gemelli’, où il avait dû subir une trachéotomie, le pape polonais de 84 ans n’avait pu présider aucune des traditionnelles cérémonies de cette période liturgique, incapable de parler et visiblement marqué par la douleur. Il décédait quelques semaines plus tard, dans la soirée du 2 avril.
Ainsi, le 20 mars 2005, pour la première fois en 27 ans de pontificat, Jean Paul II n’avait pas célébré la messe du dimanche des Rameaux, place Saint-Pierre, confiant cette tâche à son vicaire, le cardinal Camillo Ruini. A l’issue de la célébration, cependant, le pape polonais était apparu très brièvement à la fenêtre de ses appartements afin de bénir en silence, avec une branche d’olivier, les quelque 50’000 fidèles réunis au pied du Palais apostolique. Portant sa main au front puis tapant du poing le pupitre de verre placé devant lui, Jean Paul II ne cachait pas sa souffrance.
Le mercredi suivant, jour de la traditionnelle audience générale, Jean Paul II était apparu moins d’une minute, en silence, à la fenêtre ouverte de son bureau. Le visage marqué par la douleur, il avait alors salué et béni les fidèles à plusieurs reprises.
Le 1er jour du Triduum pascal, le jeudi saint 24 mars, fut marqué par l’absence du pape polonais tant lors de la messe chrismale que, dans la soirée, lors de celle de la Cène du Seigneur. Dans un message adressé aux fidèles et lu au début de cette cérémonie un cardinal, Jean Paul II avait toutefois assuré qu’il était, «par l’esprit et par le cœur», proche des fidèles.
Le lendemain, vendredi saint, pour la première fois de son pontificat, Jean Paul II ne participait pas non plus à la traditionnelle ›Via Crucis’ au Colisée, présidée en son nom par le cardinal Ruini. Le pape polonais, qui suivait la cérémonie depuis la chapelle de ses appartements, apparaissait en revanche – de dos – sur les écrans géants disposés autour du Colisée. Au terme de la cérémonie, il avait béni les pèlerins avec un crucifix de bois, restant toujours dos à la caméra et silencieux. Cette année-là, les méditations et prières du chemin de croix avaient été écrites par le cardinal Joseph Ratzinger, à l’époque préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi. A la télévision italienne, ce même cardinal se veut rassurant et affirme que «le pape agit avec une lucidité absolue» et peut prendre «les décisions essentielles».
Le silence de Pâques
Dans la soirée du samedi saint, c’était à nouveau devant sa télévision que Jean Paul II, officiellement convalescent, avait suivi la vigile pascale célébrée en son nom dans la basilique Saint-Pierre par le cardinal Ratzinger. Par l’intermédiaire du cardinal allemand, le pape polonais avait salué «avec affection» les fidèles réunis dans la basilique.
Le 27 mars, jour de Pâques, toujours incapable de prononcer un mot, Jean Paul II avait renoncé à présider la messe retransmise dans le monde entier depuis la place Saint-Pierre. Il était cependant apparu à sa fenêtre, au terme de la célébration, afin de bénir les milliers de pèlerins. Toussant, la tête ballante, portant plusieurs fois la main à son front, Jean Paul II avait tenté – en vain – de parler. Les télévisions du monde entier diffuseront ensuite cette image d’un pape prononçant quelques mots incompréhensibles.
Le lendemain, des centaines de pèlerins, dont de très nombreux Polonais, avaient attendu sous les fenêtres du Palais apostolique que le pape apparaisse pour la prière mariale du Regina Caeli. La fenêtre était restée fermée alors que, sur la place, les fidèles alternaient chants, prières et applaudissements.
Au cours de cette Semaine sainte, le Saint-Siège n’avait publié aucun bulletin de santé du pape polonais. Le 30 mars, le Vatican rompait le silence et annonçait la pose d’une sonde gastrique permettant à Jean Paul II de s’alimenter et favorisant «sa lente et progressive convalescence». Il s’éteignait 3 jours plus tard. (apic/imedia/mlb/bb)