France: Enquête sur le Rock dans les églises

Les évêques cherchent la bonne mesure et le bon ton

Paris, 21 mars 2010 (Apic) Phénomène incontournable depuis une dizaine d’années dans l’Église, le rock chrétien fait l’objet d’une étude très complète publiée par l’épiscopat. Les évêques français cherchent la bonne mesure.

Selon une enquête britannique, citée par «La Croix», les 14-24 ans passeraient près de six heures par jour à écouter de la musique… Autant sinon plus que le temps accordé aux jeux vidéo ou la télévision. Les jeunes chrétiens cultivent à leur manière cette fibre, favorisant l’émergence d’une nouvelle génération d’artistes décomplexés, mêlant culture rock et convictions religieuses: Grégory Turpin, P.U.S.H., Spear Hit, ou l’incontournable Glorious, qui a vendu plus de 100 000 albums depuis ses débuts, en 2000.

«Ces musiques font partie de leur univers, et nous devons en tenir compte», commente Isabelle Livache, citée par François-Xavier Maigre, auteur du dossier du quotidien catholique consacré à ce phénomène. Isabelle Livache est responsable de la pastorale des jeunes du diocèse du Mans, attentive à «honorer cette composante».

«Pour permettre aux jeunes de rencontrer Dieu, nous devons partir de ce qu’ils sont. Aujourd’hui, on ne peut faire l’impasse sur la culture pop», estime de son côté Alexis de Labarthe, responsable de l’équipe musique du mouvement d’évangélisation Jeunesse 2000, qui n’hésite jamais à rajeunir un cantique usé, à introduire un rythme reggae dans un chant. De fait, rares sont les rassemblements qui n’ont désormais recours au rock chrétien pour attirer les jeunes.

Selon «La Croix», le phénomène est tel que les évêques de France ont engagé une réflexion sur ce qu’on n’hésite plus à nommer les «musiques actuelles chrétiennes» (MAC), objet de la dernière livraison des Documents épiscopat. Ce mot-valise englobe toutes les musiques amplifiées d’inspiration religieuse, qui font la part belle à la guitare électrique, basse, batterie, cuivres, sampler et synthétiseur.

Mais les «MAC» recouvrent en réalité une extrême diversité de styles et de démarches. Il fallait donc aider les évêques, prêtres et animateurs, souvent peu familiers de cette culture, à y voir un peu plus clair, écrit Mgr Benoît Rivière, évêque d’Autun, président du Conseil pour la pastorale des enfants et des jeunes.

Car si le «rock chrétien» n’est pas une nouveauté – des groupes comme Totus Tuus ou Exo avaient déjà ouvert la voie dans les années 1980, bien avant Glorious –, son ampleur n’a cessé de croître en dix ans, bousculant parfois les habitudes des communautés. Les labels spécialisés se sont multipliés et des festivals ont vu le jour.

Quand on demande aux jeunes ce qui les séduit, l’impact de la musique revient presque toujours. Pour eux, l’expérience spirituelle passe par l’expérience émotionnelle et l’engagement du corps, analyse Pierre Benoît, diacre lyonnais à l’origine de l’enquête citée par «La Croix».

A Lyon, les rockeurs de Glorious proposent chaque semaine une veillée de prière aux jeunes du diocèse, avec enseignement et groupes de partage. Cette formule s’est récemment exportée dans le diocèse d’Albi. Au Mans, Isabelle Livache et son équipe misent sur la complémentarité des instruments.

Quant aux artistes de spectacle, les évêques leur demandent de promouvoir un «message de vérité sur l’homme», respectueux de Dieu, en affichant clairement leur identité catholique. En d’autres termes, estime le quotidien catholique français, l’Église est prête à soutenir les MAC, mais à certaines conditions…

«C’est une très bonne chose que l’Église se prononce enfin, se réjouit en effet le chanteur Grégory Turpin. Mais plus que tout, regrette-t-il, je crois que ce milieu manque de professionnalisme, de structures». (apic/cx/fxm/pr)

21 mars 2010 | 09:55
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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