Rome: Les Fribourgeois sont les plus nombreux à la Garde suisse pontificale
Du jamais vu de mémoire de spécialistes
Rome, 30 avril 2010 (Apic) Du jamais vu de mémoire de garde suisse: les Fribourgeois sont actuellement majoritaires dans ce corps armé de l’Etat du Vatican. Majorité relative, certes, mais pour la première fois ils devancent en nombre les Valaisans et les Lucernois, qui forment traditionnellement le gros de la troupe.
Porte Ste-Anne au Vatican, salle de réception à l’entrée de la caserne de la Garde suisse pontificale. Tous les drapeaux des cantons de la Confédération surplombent le comptoir, par ordre de provenance des gardes. Tout à gauche, sous le fanion noir et blanc figure le nombre 16. Lucerne et Valais suivent avec 14, puis Saint-Gall avec 10. Eh oui, sur les 110 gardes assurant la sécurité rapprochée du pape et la surveillance des accès au Vatican, les Fribourgeois sont désormais au premier rang avec 16 unités. Tous les spécialistes du Vatican interrogés sur la question sont formels: c’est la première fois que les Valaisans ou les Lucernois, cantons où la Garde suisse pontificale jouit traditionnellement d’une grande notoriété, ne sont pas les plus nombreux.
Le lieutenant-colonel Jean-Daniel Pitteloud, vice-commandant de la Garde suisse pontificale, explique cet engouement par la grande présence et la visibilité assurées dans le canton de Fribourg par l’association des anciens gardes. «Ils sont très actifs. On les voit lors de grandes manifestations religieuses, comme la Fête-Dieu», explique-t-il. Et de rappeler que la Garde suisse était l’hôte d’honneur du Comptoir gruyérien en 2005 à Bulle. L’intérêt pour la «plus petite armée du monde» a d’ailleurs connu un net regain depuis une dizaine d’années dans toute la Romandie. «En 1999, les Romands étaient 11. Actuellement ils sont 32», souligne Jean-Daniel Pitteloud.
Devenir garde suisse: un rêve d’enfant
Agé de 25 ans, étudiant universitaire en géographie, Ronan Darbellay a toujours vécu à Avry-sur-Matran, près de Fribourg, avant de «poser armes et bagages» à la caserne du Vatican en novembre 2009. Petit, il rêvait déjà de devenir garde suisse à cause du prestige de l’uniforme. Mais cette idée a disparu au cours de sa jeunesse, pour réapparaître lors de l’école de recrues. C’est le recruteur pour la Suisse romande qui lui a fait remonter ce rêve d’enfance lors d’une séance d’information sur la Garde suisse pontificale. Ronan Darbellay n’est pas spécialement militariste – il est resté simple soldat, chauffeur de poids lourds – mais s’est laissé convaincre par un ensemble de motivations. D’abord religieuse : cette expérience lui permet d’approfondir la foi. «C’est vraiment le lieu où je suis le plus au centre de l’Eglise de toute ma vie», affirme-t-il. Autre motivation qui explique son enrôlement au Vatican: l’envie de découvrir autre chose que sa région, autrement que par des voyages. «Cela a été pour moi une occasion de me confronter à une nouvelle culture, d’apprendre l’italien, et cela dans un lieu de travail assez extraordinaire», affirme le jeune Fribourgeois. Au terme se son école de recrues et de ses premiers mois d’engagement, il sera assermenté le 6 mai, sous les yeux de quelque 3’500 invités, dont la présidente de la Confédération Doris Leuthard.
Les attaches cantonales sont assez fortes parmi les gardes, «mais on n’aura pas forcément d’affinités particulières avec ceux de son canton», affirme Ronan Darbellay. Les gardes se connaissent surtout par école de recrues. Des liens se tissent durant cette importante période d’instruction. Et entre les régions linguistiques, comment cela se passe-t-il ? «Une section sur les trois est composée en majorité de Romands. On y discutera plus facilement en français. Mais on cherchera toujours à intégrer les nouveaux, en leur parlant par exemple en italien pour leur faire apprendre la langue», explique-t-il. Parfois, entre un Romand et un Alémanique, la langue peut changer plusieurs fois au fil de l’échange.
S’il est un catholique convaincu et a exercé durant plusieurs années une activité de sacristain dans sa paroisse, Ronan Darbellay ne se définit pas comme un pilier d’Eglise et ne va pas tomber automatiquement d’accord avec toutes les affirmations du pape. Mais si un véritable danger devait apparaître, serait-il prêt à risquer sa vie pour défendre celle du souverain pontife, comme l’exige la formule d’assermentation qu’il va prononcer le 6 mai ? Oui, répond-il sans une ombre d’hésitation. «C’est une des conditions de notre engagement. Et celui qui n’y est pas prêt n’a rien à faire dans la Garde suisse», affirme-t-il avec fermeté. «Et ce n’est pas une promesse en l’air!»
Encadré:
30 gardes prêteront serment le 6 mai
Le 6 mai 2010, quelque 3’500 invités – officiels, parents et amis des gardes suisses – assisteront à la cérémonie durant laquelle 30 nouveaux gardes et un officier prêteront serment. Présente au Vatican à cette occasion, la présidente de la Confédération Doris Leuthard sera reçue en audience privée par le pape Benoît XVI.
La date du 6 mai a été choisie en commémoration du massacre de la Garde suisse pontificale lors du Sac de Rome en 1527. Alors que 42 gardes suisses s’échappèrent avec le pape Clément VII vers le château Saint-Ange, 147 autres moururent sous les assauts des lansquenets allemands et espagnols.
La Garde suisse pontificale garantit la protection immédiate du pape, contrôle les entrées de la Cité du Vatican et surveille le Palais apostolique, résidence du pape. Le corps se compose d’environ 110 hommes, catholiques et citoyens helvétiques. Pour y entrer, il faut avoir moins de 30 ans, un bon état de santé, un casier judiciaire vierge, être célibataire et avoir accompli l’école de recrue dans l’armée suisse. Les gardes s’engagent pour une durée minimum de deux ans.
Note: Des photos récentes de la Garde suisse et de Ronan Darbellay peuvent être commandées à l’Apic: apic@kipa-apic.ch : Prix pour publication: 80 fs la première, 60 frs les suivantes.
(apic/bb)