Madagascar: Après la mort par balle d’un pasteur

Des responsables d’Eglise appellent à la modération

Antananarivo, 30 mai 2010 (Apic) Un pasteur de Madagascar a trouvé la mort, victime collatérale des violences, en recevant une balle perdue lors d’un échange de tirs dû à des tensions politiques à Antananarivo, la capitale.

Selon des sources d’Eglise à Antananarivo, le pasteur Ranaivo Rivoarison est décédé le matin du 21 mai à cause d’un tir d’arme à feu. Le Conseil pour la mission mondiale (CWM), à Londres, a cité un membre de l’Eglise déclarant: «Lui et son épouse marchaient sur la route près des casernes de l’armée lorsque l’échange de tirs a débuté; il a reçu une balle dans le dos.» Le pasteur Rivoarison faisait partie de l’Eglise de Jésus Christ à Madagascar (FJKM). Son épouse, la pasteure Rasoanaivo Rina, dirige le groupe de femmes de la FJKM dénommé Dorkasy.

Le pasteur Clifton Kirkpatrick, président de l’Alliance réformée mondiale (ARM), basée à Genève, et le secrétaire général de l’ARM, le pasteur Setri Nyomi, a condamné cet acte, et se déclare préoccupé par le fait que le pasteur Rivoarison a été tué par les forces de sécurité alors qu’il s’apprêtait à participer à un service de prière.

Les responsables de l’ARM se disent également inquiets des les rumeurs selon lesquelles on prévoirait d’arrêter un certain nombre de pasteurs et de responsables de la FJKM. «Nous condamnons vivement ce genre d’actions et espérons dans la prière que les personnes qui envisagent de telles actions sauront se retenir de commettre une injustice aussi flagrante, qui ne fera que desservir la paix et la justice pour le peuple malgache».

Le pasteur Fred Nyabera, directeur exécutif de l’Association des Conseils chrétiens et des Eglises dans la région des Grands Lacs et de la Corne de l’Afrique (FECCLAHA), a déclaré depuis Nairobi que le retour au calme était nécessaire à Madagascar. «Le rôle des forces gouvernementales est de protéger les citoyens et non pas de les persécuter. A Madagascar, le problème ne doit pas être vu à travers le prisme du sectarisme. Ce n’est pas tout le monde qui s’affaire à attiser la crise.»

Réagissant aux informations concernant la répression dont seraient victimes des fidèles et des ecclésiastiques, il a indiqué: «Il est très malheureux que l’armée ait pour intention de procéder à des arrestations arbitraires de membres du clergé. L’arrestation de pasteurs ne fera qu’accentuer les tensions. Nous appelons donc immédiatement à la modération. La violence à Madagascar démontre qu’il existe des clivages au cœur même de la société. Il y a des chrétiens dans ce pays qui ne participent pas à politique actuelle du pays».

Madagascar, Etat insulaire situé dans l’océan Indien au large de la côte africaine, connaît des tensions depuis mars 2009 et l’éviction du président Marc Ravalomanana par l’ancien maire d’Antananarivo, Andry Rajoelina, à l’issue de plusieurs semaines de protestations.

Environ 2,5 millions des 21 millions d’habitants de Madagascar font partie de la FJKM, ce qui en fait la plus grande Eglise protestante du pays. Marc Ravalomanana faisait également partie de la FJKM. (apic/eni/pr)

30 mai 2010 | 16:37
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
Partagez!