Israël: Un kibboutz qui élève des porcs attire la colère des religieux

Le kibboutz accusé de vendre la viande de porc à des fins commerciales

Beersheba, 2 juillet 2010 (Apic) Une loi de 1962 interdit en Israël l’élevage des porcs, leur détention et leur abattage. Les municipalités ont le pouvoir, par arrêté municipal, d’interdire la vente de porcs sur leur territoire. Cette interdiction ne concerne pas certains villages arabes de Galilée mentionnés dans la loi en raison de leur forte densité chrétienne, comme par exemple Nazareth. Du côté juif, il y a une exception: le kibboutz Lahav, dans le Néguev, qui élève dans son «Animal Research Institute» environ 3’000 porcs «à des fins scientifiques».

Les instituts de recherche scientifique et les jardins zoologiques sont exclus de cette loi. C’est en vertu de cette exception que le kibboutz Lahav élève des porcs, au grand dam des religieux juifs. La ferme collective de Lahav, à seulement 30 minutes au nord de Beersheba, dans le nord du Néguev, développe son activité en dehors de la zone réservée aux Arabes chrétiens. Les employés soutiennent que les porcs sont en premier lieu élevés pour la recherche médicale. L’Institut de recherche est réputé pour ses découvertes dans le secteur de la biotechnologie, sans parler du dressage de cochons renifleurs de mines.

Une truie nommée «Barbie» repose anesthésiée sur un lit, un pulsomètre sortant de dessous une couverture attachée à son groin. L’examen d’une radiographie de l’intérieur de son colon figure sur un écran d’ordinateur au-dessus de son lit. Le personnel médical habillé en bleu se presse autour de l’animal. «Fait inhabituel dans le monde porcin, Barbie a été élevée par des juifs», rapporte la BBC. La chercheuse Sharon Goldfarb-Albak caresse la tête de l’animal tendrement. «J’aime les porcs! La Bible dit de ne pas manger de porcs, alors je n’en mange pas. Mais cela ne veut pas dire que je ne peux pas en avoir comme animal de compagnie et en faire d’eux mes amis», affirme-t-elle.

Un kibboutz controversé

Le kibboutz et ses porcs sont entourés par la forêt de Lahav, située à 518 mètres d’altitude en bordure du désert. Le point de vue offre un panorama exceptionnel sur l’ensemble de la plaine désertique du sud d’Israël. Mais le kibboutz Lahav est une entreprise controversée en Israël: manger de la viande de porc est interdit selon les lois alimentaires juives et, pour beaucoup de juifs, le cochon, encore plus que les autres animaux considérés comme non-casher, est détenteur d’un symbolisme culturel profond représentant tout ce qui est «impur, sale et crasseux», selon les mots du rabbin Shlomo Vilk, de Jérusalem.

Les employés du kibboutz soutiennent avec véhémence que leur but premier est la recherche médicale, ce qui rend l’opération légale. Toutefois, l’exploitation possède également une usine dans laquelle les porcs excédentaires sont élevés pour leur viande. Et, lorsque les tests médicaux de la journée sont terminés, – comme, par exemple, les essais du matériel pour le dépistage du cancer colorectal – certains chercheurs de l’Institut distribuent des côtelettes de porc grillées au barbecue.

Pas seulement pour la recherche

Selon l’un des chercheurs, un quart du personnel du kibboutz sont des juifs religieux, qui sont heureux de travailler avec des porcs pour la recherche, mais qui ne consomment pas leur viande.

Bien que de nombreux juifs religieux acceptent l’emploi de porcs à des fins médicales, ils accusent le kibboutz d’utiliser la recherche comme une excuse pour vendre de la viande de porc dans un but commercial. L’aversion contre les porcs est tellement marquée chez certains juifs religieux que la grippe porcine a été rebaptisée «grippe mexicaine» pour éviter de les offenser. (apic/bbc/fb)

2 juillet 2010 | 12:26
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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