Côte-d’Ivoire : Cinquantenaire de l’indépendance du pays
Pour le Cardinal Bernard Agré il était allé « jusqu’au fond du trou »
Abidjan, 22 août 2010 (Apic) L’archevêque émérite d’Abidjan, le Cardinal Bernard Agré, a estimé que la Côte-d’Ivoire, son pays, était allée « jusqu’au fond du trou », mais qu’il y a toujours « possibilité », pour elle, de revenir. Depuis dix ans, la Côte-d’Ivoire traverse une passe difficile, marquée par un coup d’Etat, une guerre civile, des assassinats politiques.
Le Cardinal Agré, archevêque d’Abidjan de 1994 à 2006, année de sa retraite, a été l’un des médiateurs, dans les différentes crises successives du pays, entre les différents hommes politiques.
Dans une interview à Radio France internationale (RFI), à l’occasion des 50 ans d’indépendance du pays, fêtée le 7 août dernier, mais qui sera célébrée pendant tout le reste de l’année, il a appelé à faire confiance aux dirigeants du pays, qui ont fixé au 31 octobre prochain, la date de l’élection présidentielle plusieurs fois reportée. La communauté internationale et la population ivoirienne réclament sans cesse la tenue d’une élection présidentielle pour sortir définitivement la Côte-d’Ivoire de la crise politico-militaire.
« Faisons confiance (en eux) en leur disant surtout : ne gâchez pas cet avenir, ne gâchez pas cette espérance», a souligné l’ancien archevêque d’Abidjan, ajoutant que « le monde entier regarde, mais aussi la nation entière ». Tout le monde dit qu’ils vont tenir « parole cette fois-ci. Alors faisons-leur confiance jusqu’au jour où ils nous démontrent que c’est du bluff. Pour le moment, nous pouvons quand même espérer qu’ils tiendront parole », a-t-il fait remarquer.
Le véritable pouvoir dans les urnes
Le Cardinal Agré qui a publié ses mémoires le printemps dernier, a rappelé que « c’est dans les urnes que se trouve le pouvoir véritable. Il ne doit pas y avoir de dérogation sur ce plan-là». Un message qui, a-t-il dit, s’adresse à tous les dirigeants du monde, parce qu’étant évêque, il ne pense pas seulement à son pays, mais à tout le monde. « Les coups d’Etat ne se passent pas seulement en Côte d’Ivoire, c’est dans tous les pays du monde. Et c’est jusqu’ici, à partir des urnes que le pouvoir démocratique sort, donc il ne faut pas inventer des coups d’Etat, des coups de force. Ce n’est pas démocratique », a-t-il fait observer.
Selon lui, l’époque « tumultueuse » des coups d’Etat est révolue. « Tout le monde – militaires et civils- doit comprendre maintenant que c’est dans les urnes seulement qu’il y a le pouvoir », a-t-il poursuivi, ajoutant qu’il faut encourager les ivoiriens à aller aux élections.
A l’indépendance de la Côte-d’Ivoire, Mgr Bernard Agré, premier cardinal de Côte-d’Ivoire, était âgé de 34 ans. Il était curé d’une paroisse, et se trouvais à Strasbourg, en France, pour compléter un stage de juriste canonique. « Je suis rentré en Côte-d’Ivoire. Les lampions n’étaient pas encore éteints de cette grande fête qu’il y a eue, de liesse générale », s’est-il souvenu. « Nous étions tout heureux et le peuple a montré, avec ses dirigeants, d’être libérés aux nouvelles pages à écrire. Elle était blanche, elle était belle et nous sommes partis à écrire cette page », a-t-il encore indiqué. (apic/ibc/js)