Rome: Qu’est-ce qu’un consistoire convoqué par le pape?

Définition, mode d’emploi et historique

Rome, 20 octobre 2010 (Apic) Le consistoire ordinaire, convoqué par Benoît XVI pour le 20 novembre 2010, est une réunion de l’ensemble des cardinaux pour la création de nouveaux membres du collège cardinalice.

Le consistoire – du bas latin consistorium, «lieu de séjour, de réunion» et, par conséquent «assemblée» – est la réunion des cardinaux convoqués par le pape, en assemblée ordinaire ou extraordinaire. Il est présidé par le souverain pontife. Le consistoire ordinaire convoqué par Benoît XVI sera public. Il en va de même lors des assemblées en vue de la proclamation de décrets. Mais ce type de consistoire peut aussi être tenu en partie à huis clos, dans le but de résoudre des questions spécifiques liées à la vie de l’Eglise. Ce fut le cas lors du premier consistoire convoqué par Benoît XVI en mars 2006.

Les consistoires de Jean-Paul II

Au cours de son pontificat, Jean-Paul II avait tenu 9 consistoires ordinaires, créant ainsi 231 nouveaux cardinaux. Contrairement au consistoire ordinaire, le consistoire extraordinaire est systématiquement tenu à huis clos au Vatican. Il permet au pape de consulter l’ensemble des cardinaux sur des questions «graves, mais qui surviennent assez communément», selon le droit canon.

Jean-Paul II a réuni 6 consistoires extraordinaires en 1979, 1982, 1985, 1991, 1994 et 2001. Le dernier, en mai 2001, avait pour objectif de consulter l’ensemble des princes de l’Eglise sur «les perspectives de l’Eglise pour le troisième millénaire à la lumière de la Lettre apostolique du pape Novo millennio ineunte». A l’issue de cette réunion, le pape polonais avait présenté les principaux grands défis de l’Eglise: la collégialité épiscopale, l’œcuménisme, le dialogue interreligieux, les moyens de communication, la mondialisation et les questions morales.

La cérémonie

Le cardinalat est une forme de reconnaissance du pape à une personne vivant sa foi dans une grande fidélité à l’Eglise. A l’origine, la couleur pourpre de la soutane et de la barrette (chapeau à quatre côtés) que portent les cardinaux symbolisait le martyre, jusqu’auquel ils doivent être prêts. Aujourd’hui, même si cette signification a pris un sens imagé, il n’en reste pas moins que certains des cardinaux ont vécu la prison ou la persécution en raison de leur fidélité à Rome et à l’Eglise.

Habituellement, la cérémonie présidée par le pape se tient en matinée et la plupart des membres du collège cardinalice y assistent. Traditionnellement, après une liturgie de la parole, viennent la profession de foi et le serment de fidélité des cardinaux à l’Eglise. Chaque nouveau cardinal reçoit ensuite du pape le nom d’une église de Rome dont il sera titulaire, validant par cette nouvelle fonction son incardination au diocèse de Rome, même s’il réside bien souvent à l’étranger. Pour ce troisième consistoire, cette cérémonie aura lieu le 20 novembre 2010.

D’ordinaire, dans l’après-midi, les nouveaux cardinaux reçoivent les «visites de courtoisie» de leurs amis et des fidèles, à l’intérieur des Palais apostoliques au Vatican, exceptionnellement ouverts au public.

Enfin, le lendemain, lors d’une messe solennelle présidée par le souverain pontife, les nouveaux membres du Sacré collège reçoivent l’anneau cardinalice, signe de «la dignité, de la sollicitude pastorale et d’une communion plus ferme avec le siège de Pierre».

D’abord 70 cardinaux

Dans l’histoire, les origines du consistoire remontent au moins à la première moitié du 9e siècle, mais il fut réellement établi au 11e siècle. Le nombre des cardinaux a beaucoup varié au cours des siècles. Ils étaient ainsi généralement une vingtaine au Moyen Age, puis de plus en plus nombreux aux 15e et 16e siècles. Le pape Sixte V, en 1586, fixa leur nombre à 70, pour rappeler les 70 anciens d’Israël qui assistaient Moïse dans le gouvernement du peuple d’Israël. Ce plafond de 70 fut confirmé par le Code de droit canon de 1917, et respecté jusqu’à ce que Jean XXIII décide, le 15 décembre 1958, de le dépasser pour pouvoir nommer plus de cardinaux étrangers.

Paul VI a beaucoup contribué à l’augmentation du nombre de pays représentés dans le collège cardinalice, même si cette internationalisation progressive avait déjà commencé au cours de la deuxième moitié du 19e siècle. Il y avait eu 5 cardinaux non italiens pour l’élection de Pie VII en 1800, tandis qu’ils furent 25 en 1878 pour l’élection de Léon XIII, et près de 90 sur environ 115 cardinaux électeurs lors des conclaves de 1978. Depuis 1946, les Italiens ne sont donc plus majoritaires, même si l’Italie reste le pays le mieux représenté, et possède un nombre particulièrement élevé – presque une dizaine – de «sièges cardinalices», grandes villes dont les archevêques sont traditionnellement nommés cardinaux.

Paul VI a décidé que le nombre maximum de cardinaux pouvant élire le pape devait être de 120, par la constitution apostolique Romano pontifice eligendo, promulguée le 1er janvier 1975. En novembre 1970 déjà, il avait établi que seuls les cardinaux de moins de 80 ans pouvaient élire le pape. Jean-Paul II confirma ces deux mesures dans la constitution apostolique Universi Dominici gregis, publiée le 22 février 1996 et mettant à jour les règles concernant l’élection du pape. Pour le deuxième consistoire de son pontificat, Benoît XVI avait souhaité déroger à cette règle, mais d’une seule unité. Pour le troisième, il dépassera à nouveau le nombre de cardinaux électeurs admis par la constitution de Paul VI en portant leur nombre à 121.

La couleur du martyre

Depuis 1630, on s’adresse officiellement à un cardinal en utilisant le titre d’Eminence. C’est toujours la tradition à Rome aujourd’hui, même si ce titre est moins utilisé ailleurs depuis le Concile Vatican II (1962-1965). On ne parle plus en revanche de «Sacré collège» des cardinaux depuis le Code de droit canon de 1983, mais de simple «Collège des cardinaux».

Depuis le 13e siècle, les cardinaux portaient un chapeau rouge, couleur qui rappelait les anciens patriciens, généraux et empereurs romains. Aujourd’hui, ils ne reçoivent plus qu’une «barrette» – petite toque carrée – qu’ils n’ont toutefois presque jamais l’occasion de porter. Dans les grandes occasions, le plus souvent à Rome, ils arborent une soutane noire filetée de rouge, une calotte et des chaussettes rouges. La couleur rouge se veut aujourd’hui un rappel symbolique de la fidélité qui leur est demandée, et qui doit pouvoir aller jusqu’au martyre.

Si la fonction la plus connue des cardinaux, qui date d’une décision du pape Nicolas II en 1059, est de se réunir pour élire le successeur du pape, ils ont aussi un rôle de conseillers du pontife dans le gouvernement de l’Eglise. Ce rôle s’exerce de manière quotidienne à travers les dicastères de la curie romaine dont ils sont membres, et de manière plus occasionnelle lors des consistoires. (apic/eni/ami/nd)

20 octobre 2010 | 14:24
par webmaster@kath.ch
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