Kenya: Bethuel Kiplagat quitte la tête de la commission de vérité

L’ancien diplomate est soupçonné de corruption

Nairobi, 3 novembre 2010 (Apic) Bethuel Kiplagat, chef de la Commission de vérité, justice et réconciliation (TJRC) au Kenya a cédé aux pressions, démissionnant suite à des allégations de corruption.

« Afin de permettre au tribunal de mener à bien son mandat, à compter d’aujourd’hui, je quitte mes responsabilités quotidiennes à la TJRC », a indiqué Bethuel Kiplagat dans un communiqué publié à Nairobi le 2 novembre, selon l’agence d’information œcuménique Eni. « Je continue de croire que nous devons assurer le droit constitutionnel de tout citoyen kenyan à être considéré comme innocent tant qu’il n’a pas été reconnu coupable par un tribunal », souligne-t-il. Le communiqué intervient deux jours après la désignation par le ministre de la Justice d’un tribunal ayant pour mandat d’enquêter sur les allégations de corruption portées contre Bethuel Kiplagat.

Ancien secrétaire général adjoint du Conseil national des Eglises du Kenya, Bethuel Kiplagat a participé aux efforts de paix menés en Afrique par le Conseil œcuménique des Eglises. Il a été ambassadeur du Kenya en France en 1978 et envoyé auprès du Royaume-Uni de 1981 à 1983.

Bethuel Kiplagat a été désigné par le président Mwai Kibaki en juillet 2009 pour diriger la Commission, qui a pour tâche de déterminer les responsabilités pour les injustices historiques, les assassinats politiques et le pillage des ressources nationales depuis l’indépendance du Kenya, en 1963. La TJRC a été mise également en place afin de faire la lumière sur les facteurs qui ont conduit aux violents combats interethniques et à la mort d’environ 1’300 personnes après les résultats électoraux contestés de décembre 2007.

Opposition de la société civile

Après la désignation de Bethuel Kiplagat à la tête du TJRC, des organisations de la société civile ont appelé à sa démission, affirmant qu’il était impliqué dans les injustices mêmes sur lesquelles il était censé enquêter. Le lauréat du prix Nobel de la paix Desmond Tutu, ancien archevêque anglican du Cap et président de la Commission de vérité et réconciliation en Afrique du Sud, s’est joint à leur demande.

Les organisations de la société civile rappèlent que Bethuel Kiplagat était un haut représentant du Ministère des Affaires étrangères à l’époque de l’ancien président Daniel Arap Moi, lors du massacre par l’armée de musulmans somalis dans le Nord du Kenya, en 1984. Il y occupait également d’importantes fonctions quand Robert Ouko, alors ministre des Affaires étrangères, a été assassiné.

«Un homme profondément affecté»

Des responsables d’Eglises ont prié avec l’ancien diplomate à mesure que les pressions se faisaient plus intenses. « Je lui ai rendu visite. C’était un homme profondément affecté, mais sa conscience était irréprochable », a déclaré le pasteur David Gathanju, président de l’Eglise presbytérienne de l’Afrique de l’Est, au correspondant d’Eni. Plus tôt cette année, le pasteur Gathanju avait également appelé Bethuel Kiplagat à la démission. (apic/eni/fn/amc)

3 novembre 2010 | 17:17
par webmaster@kath.ch
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